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Le dopage et ses conséquences ravageuses Quand la guerre froide minait les arènes sportives



Le dopage et ses conséquences ravageuses                                    Quand la guerre froide minait les arènes sportives
La performance sportive a toujours été un enjeu de rivalité et de prestige politiques. Les JO et les divers championnats du monde sont ainsi considérés comme terrain d'affrontement entre les grandes puissances pour promouvoir les valeurs et les idéaux qui sont les leurs. Même si tout le monde clame que le sport est un moyen de rapprochement et d'amitié entre les peuples, chaque partie 'uvre de toutes ses forces à surclasser l'«ennemi» et à prouver sa suprématie. Durant la guerre froide, les deux blocs soviétique et américain déployaient des moyens «surhumains» pour rafler le maximum de médailles lors des grands rendez-vous sportifs. Depuis l'olympiade d'Helsinki en 1952, communistes et capitalistes s'affrontent rudement pour prendre symboliquement le dessus. De part et d'autre, on invente de nouvelles méthodes d'entraînement intensif, on développe des technologies et des équipements à cet effet, et la médecine moderne s'en mêla aussi pour développer la morphologie des athlètes. Les pays de l'Est, notamment la RDA et l'ex-URSS, vont surentraîner leurs représentants dès leur plus jeune âge en les bourrant de médicaments et de suppléments alimentaires pour aller toujours plus vite, plus loin et plus haut. La vitrine sportive, employée comme un formidable outil de propagande, sert à vanter les mérites du modèle socialiste. L'utilisation inconsidérée d'anabolisants et d'hormones devient systématique sans prêter la moindre attention aux éventuelles conséquences fâcheuses. Quelques années plus tard, les effets secondaires se révèlent catastrophiques sur la santé des dizaines de milliers de sportifs de haut niveau. Cancers, stérilité, malformations irréversibles et troubles psychiques, les anciennes icônes continuent à nos jours de payer le prix de cette course forcenée aux titres. D'anciennes sportives de la République démocratique d'Allemagne (RDA), gavées d'hormones mâles, ont définitivement perdu leurs traits et leurs rondeurs féminines pour ressembler davantage à des garçons manqués. Des haltérophiles masculins, à force de prendre des anabolisants, ont été atteints de gynécomastie (développement exagéré des glandes mammaires) et ont dû se faire opérer. Les champions, qui en payent encore les pots cassés, assurent qu'ils ignoraient ce qu'on leur administrait à l'époque. Des entraîneurs avouent, a posteriori, avoir participé à des protocoles de dopage généralisé. Des groupes pharmaceutiques ont été aussi amenés à indemniser des centaines de victimes. Des dédommagements financiers qui restent secondaires à l'aune de ce que vivent, au quotidien, les gloires déchues de l'ex-RDA ou de l'ex-URSS. L'EPO et les hormones de croissance ont également fait des victimes de l'autre côté, mais dans des proportions moindres. Nombre de sportifs américains, canadiens, ouest-allemands, anglais, espagnols ou français ont eu ultérieurement de graves problèmes de santé et d'autres en sont probablement morts. Dans les pays du tiers-monde, pour qui l'affirmation sportive joue un rôle crucial dans le processus d'intégration nationale, on a fait appel à des spécialistes russes et allemands pour «améliorer» le niveau de leurs athlètes à l'échelle internationale. Des médecins et des instructeurs russes, bulgares, roumains ou est-allemands ont exercé dans de nombreux pays africains. En Algérie, au Maroc et d'autres pays de la région, l''uvre de ces «sorciers blancs» a aussi laissé des traces. Aujourd'hui encore, beaucoup de techniciens recourent au dopage, malgré tous les instruments de contrôle mis en place pour limiter de son ampleur. Des scandales ont récemment éclaté en Espagne, en France et en Italie mettant en cause des médecins, des pharmaciens, des trafiquants intermédiaires, des entraîneurs et des sportifs. Aucune discipline sportive n'échappe totalement à ce phénomène destructeur.
K. A.
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