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Le dialogue, sortie de crise



Le dialogue, sortie de crise
Le gouvernement, en dépit des avertissements venus de toutes parts, va résolument vers «la planche à billets». Pour le Premier ministre, il n'y a pas d'autres alternatives à ce type de financement non conventionnel, et c'est ce qu'il s'est évertué à expliquer aux députés lors de la présentation de son plan d'action. Pour donner plus de solennité ou plus d'onguent à sa démarche, qu'il sait socialement dangereuse, il a même lancé un appel aux citoyens pour le soutenir dans cette phase difficile que traverse le pays.Ouyahia, comme les partis politiques et autres experts économistes, sait que la conjoncture actuelle sur le plan financier est difficile. Mais, entre toutes les solutions pour trouver comment financer l'économie et relancer la croissance avec des recettes pétrolières en berne et un déficit annuel de 20 milliards de dollars à éponger, il a choisi la facilité : recourir à la planche à billets. Dans sa démarche que beaucoup ont qualifiée de démagogique, le Premier ministre n'explique pas aux députés, et donc aux Algériens, les effets sociaux et les dommages collatéraux de cette politique d'endettement du Trésor vis-à-vis de la Banque centrale, mais tente de la justifier. Comment ' D'abord, il rappelle que le recours à ce type de financement a été utilisé par les principaux pays industrialisés, dont les Etats-Unis et le Japon, ensuite que le dinar a déjà entamé sa descente aux enfers bien avant le recours à la planche à billets. Et même que ce type de solution financière à un état de crise financière conjoncturelle ne va pas affaiblir le dinar tant que les réserves de change ne baissent pas.
Bref, les arguments d'Ahmed Ouyahia pour faire passer son plan de recours au financement non conventionnel ne sont pas convaincants. Par contre, il ne parle pas du potentiel danger que cela va représenter sur l'économie nationale et ses incidences directes sur le pouvoir d'achat des citoyens et la détérioration rapide de leurs conditions de vie. Car l'un des effets les plus immédiats et foudroyants de cette politique de financement de l'économie nationale par des emprunts du Trésor auprès de la Banque centrale, s'il n'y aura pas de garde-fous, ce sera d'abord une inflation galopante, la hausse des prix des matières premières, le ralentissement de la demande, qu'elle soit sur les biens industriels ou ménagère, et surtout un brusque arrêt de la consommation des ménages et l'asphyxie des PME. Ce sera alors, dans une à deux années, un état de blocage généralisé de l'économie nationale qui va en plus, dès lors, évoluer que par des décisions administratives, comme par exemple la réinstauration des marchés populaires de denrées alimentaires pour les démunis. Car en même temps le gouvernement veut agir sur le système des subventions pour cibler les vrais «récipiendaires».
Et puis, pour noircir encore plus ce tableau, cela va durer pendant cinq années, cinq longues années, sans que la reprise des cours de pétrole ne soit évidente, encore moins que l'économie nationale devienne, par un effet de «génération spontanée» compétitive, avec un marché interne dynamique, une production assez importante pour développer les exportations hors hydrocarbures. Non, le gouvernement ne propose que des solutions de facilité au lieu d'aller vers le fond du problème. Les solutions existent, pourtant. Douloureuses peut-être, mais elles existent. Il suffit seulement que le gouvernement de M. Ouyahia apprenne, lui aussi, à écouter les autres, les avis des experts et des spécialistes, et non de simples bureaucrates qui n'ont rien fait depuis 1994. Le Premier ministre, qui a géré la difficile période de la fin des années 1990 et mis en ?uvre les «solutions» du FMI, ne perd rien, cette fois-ci, pour écouter les autres. N'a-t-il pas plébiscité le dialogue dans son intervention devant les représentants du peuple '
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