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Le "dialogue" du pouvoir : vieilles trompettes pour « nouvelle » musique



LOGS13/08/2019 09h:27 CET
Avec le début du "dialogue", le régime n'a trouvé comme interlocuteurs que ses vieux symboles et les réseaux sur lesquels Bouteflika s'est appuyé pendant deux décennies, pour promouvoir le plan de solution prévoyant l'organisation d'élections présidentielles dans les "meilleurs délais". Une formule laissée ouverte de crainte d'un troisième échec même si le régime caresse l'espoir de tenir ces élections avant la fin de l'année.
Les Algériens ont ainsi découvert que les prétendus "représentants" du Hirak étaient du RND et du FLN, certains d'entre eux ayant fait du nomadisme entre plusieurs partis en quête de privilèges et d'opportunités à saisir.
Les premières réunions de l'instance du dialogue ont été une occasion pour que les gens découvrent que les clientèles du régime n'ont pas changé. Concomitamment à cela, les personnages qui avaient défendu le cinquième mandat de Bouteflika ont occupé les écrans, passant de la télévision publique aux chaînes privées, pour glorifier le puissant de l'étape. Certains d'entre eux ont même obtenu, explicitement et implicitement, de la gratitude pour service rendu dans le discours du chef d'état-major.
Ce recours aux partisans de de Bouteflika et aux serviteurs du régime qui ont justifié toutes les politiques conduisant au désastre révèle deux choses fondamentales:
Hors d'époque
Primo: L'incapacité du régime à renouveler son personnel et son inaptitude à mobiliser des personnes non impliquées dans la promotion de toutes les politiques et choix, même contradictoires. Il s'agit là de signes clairs de l'érosion de ce régime et de l'approfondissement de l'écart entre ceux qui dirigent et la société.
Dans le détail, cette dépendance à l'égard de ces piètres figures vidées de toute crédibilité, révèle à quel point ce régime est en dehors du temps et de l'époque. La bataille des archives que mènent avec brio les Algériens sur les réseaux sociaux montre que ceux qui s'appuient sur les trompettes de Bouteflika n'accordent aucune importance à la technologie; ou peut-être même qu'ils n'ont pas même réalisé le fait que tous les choses sont désormais archivées en voix et en images. Google, YouTube, Facebook et Twitter nous apportent la démonstration en effet que le seul groupe parmi les partisans de Bouteflika qui n'a pas rallié l'orchestre des nouvelles louanges est composé de ceux qui ont été emprisonnés. Certains avaient même participé à ces rituels avant d'être envoyés en prison.
Il y a "gang" et "gang"
Deuxio: En s'appuyant sur les mêmes figures, le chef d'état-major échoue à atteindre son objectif le plus important: se dissocier du clan Bouteflika. Une tâche ardue entamée avec le discours du 30 mars, lorsque Gaïd Salah a parlé de "réunions suspectes". Et qui s'est affirmée clairement le 2 avril avec l'évocation de forces non-constitutionnelles, de la 3issaba (le gang) dans un emprunt de formules utilisées bien avant et qui s'étaient diffusées à travers les slogans et les banderoles des manifestants.
En réalité, le "gang" dont parle Gaïd Salah n'est pas le "gang" visé par ceux qui réclament le changement de régime. Les arrestations d'anciens responsables et toutes les mesures prises sous le label de la "lutte contre la corruption" ont échoué à dissocier Gaïd Salah du clan Bouteflika. Et les manifestants ne cessent de le rappeler au chef d'état-major chaque vendredi.
La révolution pacifique nous a livré une leçon éloquente sur la notion d'un système qui transcende les personnes. Elle a révélé publiquement les méthodes de renouvellement de la façade utilisées depuis longtemps pour prolonger la vie de ce régime.
Quand on sait que c'est le pouvoir réel qui organise le dialogue et choisit certains participants, et quand on observe sa dépendance vis à vis des mêmes clientèles et des mêmes réseaux, l'on comprend que le départ de Bouteflika ne change rien à la situation. S'arrêter au milieu du gué et accepter du bricolage à la place du changement serait un désastre pour l'avenir de l'Algérie qui ne peut être évité que par les vendredi bénis de la Silmiya.
Traduit de l'arabe par le HuffPost Algérie ? Article original
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