Le DG de Cnan-Nord se défend

Suite à notre article datant du 12 février dernier dans lequel les représentants de la section syndicale-UGTA de Cnan-Nord alertent sur la situation "catastrophique" que vit leur entreprise, le directeur général de la compagnie, Smaïl Kessaghli, a adressé un écrit intitulé, bizarrement, "article à mettre sur le quotidien Liberté", à notre rédaction pour défendre son bilan et s'en laver les mains. "Ces précisions ne sont ni pour confirmer ni pour contredire ce que les représentants des travailleurs déclarent à sens unique sous leur seule responsabilité, mais ont pour but d'apporter les éclaircissements sur la situation de la société, qui, à mon avis, s'avèrent nécessaires, afin de la protéger contre toute campagne de désinformation visant à lui donner le coup de grâce que beaucoup de concurrents attendent", a-t-il, de prime à bord, tenu à préciser, son intention de faire porter le chapeau à l'environnement externe mais aussi à ces prédécesseurs, à peine voilée. Il rappelle qu'un plan de développement "très ambitieux" a été mis en place en 2011, mais qu'il a été, au cours de son exécution, contrarié par plusieurs problèmes sur le terrain. Il cite, entre autres, "le manque de personnel qualifié", "l'actif négatif important cumulé depuis des années, limitant les capacités de l'entreprise en termes d'agressivité commerciale (...)", mais aussi "l'environnement maritime hostile et la concurrence rude et parfois déloyale (...)". Face à cette situation, M. Kessaghli a rappelé qu'un autre plan de redressement, dont l'échéancier est fixé à trois ans, a été mis en ?uvre depuis septembre dernier, soit quelques mois après son arrivée à la tête de l'entreprise.Selon lui, ce plan qui repose essentiellement sur la revalorisation de la composante humaine de la société qui reste "sa vraie ressource et sa force", ne peut, cependant, être réalisé "sans le concours de l'ensemble de ces travailleurs navigants et sédentaires, à leur tête la direction générale". Pour M. Kessaghli, "le changement et la réussite viennent des unions et non pas des contestations et des divergences souvent stériles et non productives", l'allusion est clairement faite aux syndicalistes ayant convoqué, le 11 février dernier, une assemblée générale pour interpeller la direction générale sur le spectre de la "faillite" qui plane sur l'entreprise. "La société a effectivement traversé, il y a quelques années, une période difficile, avec les vieux navires, donnant ainsi l'occasion aux armements étrangers présents en force sur le marché de prendre sa place. Et cette image de Cnan-Nord est toujours là et beaucoup de concurrents font tout pour qu'elle perdure aussi longtemps que possible", s'est-il plaint, éludant, habilement, d'évoquer le problème d'immobilisation des navires de la compagnie pendant au moins "1 000 jours" au courant de l'année 2017. Un problème que le syndicat impute à "la mauvaise gestion".
Farid Abdeladim