Le développement local, une affabulation

On ne peut nullement prétendre que les inégalités sociales peuvent être masquées tant elles sont nombreuses, même si elles sont supportées dignement par les populations. L'Algérie profonde, qui a enfanté ceux qui ont rendu le pays à ses enfants en le libérant du colonialisme, peine à survivre dans l'isolement que lui ont conféré les responsables, faisant promesse sur promesse sans n'en tenir aucune. Le développement local, une affabulation que les uns et les autres (pouvoirs publics, élus locaux...) évoquent dans leurs rapports alors que ceux à qui il est destiné ne voient que le dénuement et l'exclusion, affichant leur dépit parfois, avalant leur colère souvent. Les populations rurales sont les oubliées de tous les programmes, quels qu'ils soient, ce qui a pour effet de laisser les localités éloignées et les villages dans un état d'abandon flagrant. Des chemins de terre et des sentiers en guise de moyens d'accès, des chemins communaux qui ne se souviennent pas de l'odeur du bitume tant ils sont découverts, laissant deviner à quelle période remonte le dernier goudronnage, une situation qui ne manque pas de défavoriser les habitants et de rendre ardus leurs déplacements. L'inexistence de commerces et de tous types de structures des dizaines de kilomètres alentour handicape lourdement les populations rurales pour lesquelles le fait de devoir s'approvisionner ou de se rendre vers un établissement de santé suscite bien des tourments. Un autre handicap, de taille puisqu'il s'agit de l'eau qui est une denrée rare dans ces contrées où travailler la terre et en tirer profit relève de l'impossible. Les agriculteurs ne cessent d'attirer l'attention des autorités quant à la problématique de l'irrigation par manque d'eau et de puits, le pays ne possédant que 5 sondes pour tout le territoire national. Les responsables locaux et même centraux se bouchent les oreilles et n'entendent que leur propre voix lorsqu'il s'agit de faire des comptes-rendus fictifs sur des projets qui ne voient en réalité jamais le jour. Il ne faut donc pas s'étonner que l'exode n'ait jamais cessé vers les grandes villes, tant les manques meurtrissent les populations et tant il est légitime de rechercher un tant soit peu une existence plus digne. D'où la mauvaise répartition qui s'exacerbe et une occupation des sols qui penche vers le nord avec un taux qui laisse pantois, 80% du territoire étant déserté. La faute revient évidemment à l'ataraxie de l'Etat depuis l'indépendance en termes de développement à l'intérieur du pays. Les médias se font ces derniers jours l'écho des citoyens de tout le pays en général et des populations rurales en particulier pour aiguillonner le président réélu et le futur gouvernement afin que tous leurs efforts soient orientés vers l'amélioration de la qualité de vie des enfants de ce pays. Que ces appels soient entendus.R. M.