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Le daynan séduit les Algérois




Surnommée parfois «la Toute-Petite Kabylie», par rapport à la Grande et à la Petite-Kabylie, le mont Chenoua dans la wilaya de Tipasa, à l'ouest d'Alger, est un îlot ou une enclave berbérophone dans une région à majorité arabophone. Cette particularité linguistique est accompagnée par d'autres particularités culturelles et artistiques, comme la musique daynan.Son nom vient du mot «daynan» omniprésent dans les textes de ses chansons, un peu comme le mot «raï» dans le raï traditionnel ou les mots «blues» ou «rock» dans les musiques américaines qui portent leurs noms. En célébration de Yennayer 2971, le palais des Raïs d'Alger (Bastion 23) a abrité jeudi une importante manifestation autour du riche héritage culturel du mont Chenoua. Placée sous le thème «Daynan», cette manifestation, organisée par le Centre national des arts et de la culture, en collaboration avec «Ifran Chenwi», a débuté par une table ronde consacrée aux traditions et aux coutumes du mont Chenoua.
Abdallah Ben Daoud, un des férus de l'histoire de cette région, a donné un intéressant aperçu sur la musique daynan, un genre musical qui parle, notamment, de femmes et d'amour. Réunissant la poésie et les chants et danses sur plusieurs rythmes, ce genre musical est chanté dans les régions berbérophones du mont Dahra et dans celles de la wilaya de Tipasa, le Chenoua, particulièrement. Le daynan est chanté dans les fêtes populaires et particulièrement lors des mariages, a précisé le conférencier. Tout comme le raï, ce genre musical a connu des tentatives visant à adoucir et épurer ses textes jugés vulgaires, afin de le préserver de la disparition mais n'a pas encore ses vedettes nationales susceptibles de lui donner un second souffle et de le faire connaître au grand public, à l'exception de quelques artistes ou groupes, notamment le groupe Ichenwiyen, apparu vers la fin des années 1970, a poursuivi M. Bendaoud. La région a également un autre genre musical chanté particulièrement par les femmes, le «aghenj» et qui ressemble beaucoup au «achouwik» kabyle, a encore révélé l'intervenant. Le Chenoua a également été présent lors de cet événement par ses traditions culinaires, un thème abordé par Abdelkader Serhane, qui s'intéresse particulièrement au patrimoine et au mouvement associatif de cette région. Les festivités de Yennayer durent, selon l'intervenant, trois jours. Lors du premier jour, un plat spécial est préparé à base de plantes locales, dont certaines aromatiques, cueillies par les femmes. Le dîner du deuxième jour, appelé «errich», est composé principalement de poulet. Le berkoukes, préparé sans l'aide du joint de couscoussier comme signe de bon augure, est servi et consommé comme étant le dernier repas de Yennayer. Le groupe Iren Chenoua, de son côté, a interprété, jeudi, des chansons du genre daynan devant un public visiblement ravi de découvrir cette musique et qui n'as pas été avare d'applaudissements. Le programme célébrant le jour du Nouvel An amzigh, toujours au palais des Raïs d'Alger, comporte aussi une exposition intitulée «Dar chenoui» (la maison chenouie), de poterie chenouie, en plus des tissus, d'habits traditionnels et de différents produits de l'artisanat de cette région. Par ailleurs et toujours dans le cadre de Yennayer, le palais des Raïs d'Alger a abrité la manifestation culturelle et scientifique «Izoran» (racines), organisée par le Centre des arts et de la culture, en collaboration avec l'Institut d'archéologie (Université d'Alger II). Lancée dimanche, cette manifestation comporte, notamment, des ateliers, des expositions de livres ainsi que des conférences sur l'histoire ancienne de l'Algérie, animées par des chercheurs et enseignants dans le domaine de l'archéologie à l'Université d'Alger. L'artiste-peintre Noureddine Hamouche a animé, de son côté, dimanche, une vente-dédicace, sous le thème «Paroles des symboles», le fruit d'un travail artistique et de recherche dans la symbolique berbère décorant la vaisselle, le tissu et les parois de la vieille maison algérienne.
La directrice par intérim du Centre des arts et de la culture palais des Raïs, Faïza Riache, a déclaré que cette manifestation est une occasion pour faire connaître le patrimoine, les coutumes et les traditions liées au Nouvel An amazigh.
Kader B.


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