Algérie - A la une

Le cri de détresse des patrons



Le dinar continuera de faiblir nettement face au dollar sur la période 2021-2023. C'est ce qui a été annoncé en tout cas dans les cadrages budgétaires du gouvernement sur la même période, rendus publics cette semaine.Mais il ne s'agit point d'une dépréciation, mais d'une dévaluation, souligne Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA-Rouiba.
Il est question donc d'un acte politique et économique délibéré. Sur l'impact possible de cette "dévaluation du dinar" sur l'entreprise, il dit "l'appréhender avec beaucoup d'inquiétudes".
"Nous allons être touchés de diverses façons ! D'abord par les imputs importés, ceux achetés localement et qui, eux aussi, dépendent de l'importation ainsi que de la baisse du pouvoir d'achat et de la consommation", souligne Slim Othmani, contacté par Liberté.
Le gouvernement a prévenu plus tôt cette semaine que la monnaie nationale continuera d'enchaîner d'importants mouvements baissiers dès 2021, à raison de 142,20 DA pour un dollar en moyenne l'an prochain, 149,31 DA/dollar en 2022 et 156,78 DA/dollar en 2023.
L'impact de cette érosion monétaire sur les entreprises est plus que certaine, soutient le président du conseil d'administration de NCA-Rouiba, soulignant qu'à la faveur de cette nouvelle dévaluation en perspective qui viendra s'ajouter à la tendance vers l'érosion du dinar amorcée depuis la mi-2014, il va falloir procéder à une correction à la hausse des prix.
Autrement, une politique de réduction des charges se révèlerait inévitable à l'avenir. C'est une question de vie ou de mort pour les entreprises, dit-il. Car, explique-t-il, si cette dévaluation, qui générera mathématiquement un renchérissement des prix à la production, n'est pas répercutée sur les prix à la consommation, il va falloir l'amortir par des coupes dans les charges, faute de quoi, les faillites sont inévitables.
Pour Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), cette érosion du dinar face à la principale devise d'échange "va assurément mettre la trésorerie des entreprises à rude épreuve", alors que celles-ci nourrissent d'ores et déjà les pires inquiétudes depuis l'introduction, dans le projet de loi de finances 2021, d'une mesure imposant le paiement à terme des importations.
Alors que l'actualité des entreprises reste dominée jusqu'ici par le suspense autour de cette disposition contenue dans le projet de budget pour 2021, cette dévaluation annoncée du dinar par rapport au billet vert va aggraver les souffrances des entreprises, prises en tenailles entre les conséquences du choc pandémique et les choix macroéconomiques du gouvernement.
Ali Hamani suggère dans la foulée la création d'un mécanisme d'achat de devises à terme aux fins de mettre les entreprises à l'abri d'une perte de change qui, en l'état actuel de leur trésorerie, serait fatale et porteuse de coûts sociaux importants.

Ali TITOUCHE


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