Algérie

Le coup d'éventail du Bey contre le Dey



L'Algérie vient de réussir un coup d'éventail contre sonpropre Dey, en l'absence de la France et pour le bénéfice de la France. Les Françaisn'ont pas débarqué à Sidi Fredj cette fois-ci mais ilsont menacé de ne pas le faire et d'annuler leur visite. Deux ans après lafameuse loi française qui blanchit la France coloniale de son colonialisme, ce n'est pas l'Algériequi a obtenu des excuses mais les a présentéesdiplomatiquement pour excuser le tir d'une balle perdue qui se réclame de laballe du 1er Novembre. C'est quoi l'histoire ? Une histoire bête : un ministrequi représente l'histoire nationale a cru bon de contaminer la revendicationlégitime de la demande de pardon par une explication par la juiverieinternationale de la cuisine franco-française. Le résultat a été un coupd'éventail algéro-algérien contre notre propre Dey, unemise au point du Dey contre un Bey, une explication du Bey qui ne tient pas laroute et un faux problème qui s'ajoute au problème national connu et vécu partous. A la fin, c'est Bouteflika qui s'est trouvédans l'obligation d'expliquer à Sarkozy que le ministre des Moudjahidine n'estpas toute l'Algérie mais une seule personne qui vit en Algérie, parfoisapparemment, que la guerre est finie depuis longtemps et que la politiqueextérieure est du domaine de la Présidence pas de celui des interviews. Que s'est-il doncpassé ? Personne ne sait. La question divise autant les cerveaux que lesrédactions et les opinions. On ne sait pas s'il s'agit d'une affaire de tir ami- Abbas voulant tirer sur Sarkozy blesse Bouteflika -,d'un tir volontaire - voulant tirer sur Bouteflika letireur a fait mine de tirer sur Sarkozy - ou d'une balle perdue qui a voulurééditer le coup de la balle du 1er Novembre pour déclencher une deuxièmeindépendance avec un nombre plus important d'anciens moudjahidine qu'en 1954. Nésdans un pays où rien ne naît de lui, même pour lui-même, on est partagés entrela thèse politique pour un accident de chasse ou la thèse de la chasse pourcamoufler l'accident politique. Toujours est-il que la meilleure explicationest celle des évidences : Bouteflikaa tellement agité l'éventail depuis la loi du 23 février 2005 que certains ontcru bon de faire comme lui, même s'ils ne sont pas Dey. Le terrible ridicule decette affaire, on le doit à ceux qui ont fait du refus algérien de la loi deblanchiment franco-française un fonds de commerce de politique interne pourdoper les discours de la légitimité de l'anti-colonialisme prospective et l'onttransformé en stratégie de discours et de visibilité après la fin du terrorismeet de l'antiterrorisme porteurs. Depuis 2005, tout le monde refait sa guerrecontre l'ancien colon au point où il ne faut pas s'étonner de voir, aujourd'hui,certains continuer sur la lancée même après que la Présidence a décidé lafin des hostilités et la conversion au pragmatisme. On a pensé à envoyer Medelci aplanir les différends mais on semble avoir oubliéd'éteindre les haut-parleurs chez soi. Du coup, certains ont cru que labataille n'est pas close et ont continué à abattre des avions avec des fusilsde chasse. L'erreur a fini par être au rendez-vous : au lieu de combattre pourfaire vaincre la mémoire sur l'infamie des explications civilisatrices, on aréussi à faire triompher le ridicule sur le bon sens. Le ministre des anciensMoudjahidine aurait tellement pu s'arrêter à dénoncer la France post-coloniale etnous faire gagner une guerre !



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