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Le constat est l'absence de véritable lectorat de moins de quarante ans



Le constat est l'absence de véritable lectorat de moins de quarante ans
A l'approche du Salon international du livre d'Alger (SILA, du 26 octobre au 5 novembre), l'éditeur et libraire Azeddine Guerfi revient sur ce qui a été réalisé (ou non) après l'adoption en mai 2015 de la loi relative aux activités et au marché du livre.- Est-ce que les dispositifs fiscaux sur les matières premières et la circulation des livres (import et export) favorisent l'émergence d'une vraie industrie du livre 'Une loi finances antérieure à cette la loi a instauré des avantages (taxe douanière et TVA) sur les intrants (matières premières) pour la fabrication du livre. Malheureusement, le décret exécutif réglementant son application n'a jamais vu le jour. Mais un autre aspect fiscal aussi important est apporté par cette nouvelle loi, il réside dans la modification du statut de l'éditeur qui passe de celui de prestataire de services à celui de producteur.Ce changement engendrera un positionnement fiscal différent et avantageux. En effet, l'Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) pour un producteur est fixé à 19%, alors que celui du prestataire est de 26%. En changeant de statut, l'éditeur bénéficiera d'une réduction de 7% sur cet impôt. De plus, en tant que producteur, il pourra gérer des stocks de papier et donc importer la matière première nécessaire à la fabrication de ses ouvrages. Ce changement de statut se traduira par une réduction de plus de 20% des coûts de production avec une répercussion sur le prix de vente du livre au public.- Qu'en est-il des réseaux de distribution et de librairies ' A-t-on constaté une meilleure situation depuis la loi sur le livre 'Il se trouve que les décrets exécutifs ne sont pas encore mis en place, nous ne pouvons pas parler de constat. Néanmoins, nous pouvons déjà prévoir l'impact de cette loi, notamment par son article 27, qui va réhabiliter le métier de libraire et encourager l'investissement dans ce maillon de la chaîne du livre.Cet article stipule que «toute acquisition de livres, par ou pour le compte d'une institution publique, d'une collectivité locale ou d'un établissement public, doit être effectuée auprès des librairies situées dans la wilaya d'implantation de l'entité publique auteur de la commande. Cette disposition ne s'applique pas aux commandes publiques régies par le code des marchés publics». Dans l'actuel état des choses, il est patent que le circuit du livre est réduit aux seuls distributeurs et importateurs, essentiellement concentrés à Alger. Ils alimentent directement les institutions, sans passer par le libraire.Ces pratiques ont mis en péril le commerce de la librairie. En réponse à cette situation préoccupante, la loi dispose cette clause relative aux achats institutionnels qui va changer complètement les pratiques d'achat, mais dictera également les grandes lignes des pratiques commerciales des diffuseurs et distributeurs. Ainsi, on ne pourra vendre un livre directement à une institution publique, que ce soit une école, une bibliothèque ou toute autre institution financée par l'Etat.Tout achat par ces institutions sera effectué dans une librairie située dans la wilaya d'implantation de l'entité publique, auteur de la commande. L'art. 27 va réhabiliter le métier de libraire et encourager l'investissement dans ce maillon de la chaîne du livre. La librairie va retrouver la place qui lui sied et investira de nouveau les artères des villes du pays, y compris dans les régions éloignées, jusque-là privées de librairies.- Plus globalement, est-ce que la loi sur le livre répond aux doléances des professionnels de l'édition 'Cette loi contient un certain nombre d'objectifs qui concourront à l'essor de la lecture, du livre et de l'infrastructure qui en assure la production et la diffusion. Ainsi, l'art. 42 énonce l'objectif de «susciter chez les jeunes, dès la petite enfance, l'éveil à la lecture et former le citoyen-lecteur de demain» tandis que l'art. 15 parle de «l'ouverture du manuel scolaire aux compétences nationales».Il s'agit également de développer une infrastructure industrielle et commerciale concurrentielle dans le domaine du livre (Art. 16, 42). Enfin, le projet vise à «augmenter l'accessibilité territoriale et économique du livre, en encourageant l'implantation d'un réseau de librairies dans toutes les régions du pays».Cet objectif doit se réaliser à travers deux mesures. La première est l'obligation faite aux institutions d'effectuer leurs achats dans les librairies situées dans la wilaya d'implantation (art. 27). La seconde se traduit par l'instauration du prix unique du livre, assurant l'égalité des citoyens devant le livre, puisque ce dernier sera vendu au même prix sur tout le territoire national (art. 28, 29, 30).- Que faut-il faire pour booster la lecture publique 'La chose n'est pas aisée, car en dépit de phénomènes circonstanciels, telles les fortes affluences aux foires et salons du livre, le constat dans la durée est l'absence de véritable lectorat au niveau de la population de moins de quarante ans, y compris une part très importante de la population scolaire et estudiantine qui n'a jamais lu un livre.Il s'agit de renverser cette tendance. Cet objectif est contenu dans l'art. 42 : «La lecture de livres et la lecture publique doivent être généralisées, aux différents cycles, dans les établissements d'éducation et d'enseignement?» Ainsi, la loi devra permettre de développer très tôt chez les jeunes le goût de la lecture. Le rôle de l'école en la matière est fondamental et demeure la seule garantie de formation et de développement du citoyen-lecteur de demain.Il est donc crucial que la lecture de livres retrouve sa place de matière obligatoire et essentielle dans les programmes scolaires, et ce, dans les trois paliers. L'application effective d'une telle disposition créera un marché considérable, dynamisant en conséquence toute l'industrie du livre (éditeurs, imprimeurs, distributeurs, libraires) pour la production de livres (littérature, jeunesse) destinés à 8,5 millions d'élèves.



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