Algérie - A la une

Le chemin qui ne mène nulle part




Le chemin qui ne mène nulle part
La route d'Istanbul tente de traiter péniblement une thématique actuelle, mais avec un regard conformiste.La route d'Istanbul, le nouveau film de Rachid Bouchareb, présenté en avant- première nationale, samedi soir à la salle Maghreb à Oran, à la faveur de la compétition du 9e Festival international du film arabe, est une histoire européenne. Tellement européenne que les différences de dialectes arabes sont négligées dans cette fiction écrite par trois scénaristes et un écrivain : Olivier Lorelle, Zoé Galeron, Rachid Bouchareb et Yasmina Khadra.Plusieurs mains pour raconter une histoire linéaire presque ennuyeuse qui tire sa sève d'un certain opportunisme politique lié à la conjoncture actuelle. De jeunes Européens se convertissent à l'islam, se radicalisent «rapidement», pour reprendre une expression en vogue, et rejoignent les groupes terroristes en Syrie ou en Irak.Ces lignes, qui peuvent être tirées d'un film d'actualité, se retrouvent racontées autrement dans La route d'Istanbul sans grand effort esthétique ni profondeur thématique ni courage artistique. C'est juste l'histoire d'Elisabeth, une mère (Astrid Whettnall), infirmière vivant dans une belle maison au bord d'un lac dans la campagne belge, qui se lance sur les traces de sa fille, Elodie (Pauline Burlet), partie en Turquie, puis en Syrie, via Chypre.Elodie, étudiante mélancolique, dit avoir «retrouvé sa voie», en se convertissant à l'islam par l'intermédiaire de son petit ami, un mauvais garçon de parents migrants tenté par l'aventure fondamentaliste. Mais, pourquoi Elodie a-t-elle trouvé «sa voie » en l'islam, elle qui semble souffrir de l'absence du père ' Rachid Bouchareb ne s'est pas cassé la tête pour suggérer un début d'une explication. Le personnage d'Elodie est si mal dessiné ! De mauvaises langues diront : «C'est comme ça, à prendre ou à laisser !» D'autres, diront que «c'est de la fiction».La caméra suit et détaille l'inquiétude, les tourments, les questionnements, les colères, la détermination et le voyage d'Elisabeth vers la Turquie. L'Anatolie est devenue la terre des mystères et des fantasmes ! L'instinct maternel la guide pour ne pas abandonner sa recherche. Elle rencontre un officier turc (Abel Jafri) qui la repousse avant de l'aider à tracer le chemin d'Elodie qui a abouti, selon l'enquête, à Reqaâ en Syrie, comme le veut «la doctrine» médiatique. Que fait Elodie en Syrie ' Comment vit-elle' On ne le saura pas.Elle porte le tchador, évoque les versets coraniques, pense faire «la guerre sainte», convaincue, vous l'avez noter, d'avoir «retrouvée sa voie». Elle le dit à sa mère à travers internet. Après, Rachid Bouchareb accélère laborieusement la cadence pour se débarasser d'un film qu'il portait comme un manteau mouillé. Astrid Whettnall a pris tout le poids du film sur les épaules. Mais, ce n'est pas suffisant pour sauver le reste du naufrage.La route d'Istanbul, qui devait s'appeler à l'origine La route des lacs, explore un sujet délicat en assumant, presque totalement, des vérités toutes faites sur la réconversion à l'islam de jeunes Européens de culture judéo-chrétienne sans s'accorder une ou deux marges, laisser une petite place au doute. D'où cette inévitable question : se convertir à l'islam signifie-t-il fatalement l'adhésion aux thèses terroristes ' Les jeunes Européens vivent-ils une crise morale 'La famille européenne est-elle en phase de dislocation livrant les jeunes du vieux continent au vide émotionnel et à la déprime' Un film n'a pas prétention à réponde à toutes les questions mais quand on s'engage dans une thématique aussi compliquée, il est souvent conseillé de s'éloigner du discours d'embrigadement des «breaking news». Ahmed Bedjaoui, qui s'est exprimé au nom de l'équipe en l'absence de Rachid Bouchareb, a détaillé les conditions de production du long métrage qui peuvent expliquer l'orientation donnée au scénario. Un scénario qui a été modifié en cours de route. «Ce film est financé à 100 % par les Belges et les Allemands.L'Algérie est présente dans la production exécutive. Le Fdatic, fonds du ministère de la Culture, a refusé de subventionner le film en raison des questions qui sont posées autour de son contenu. Je trouve que c'est dommage. Le cinéaste, qui a dénoncé l'islamophobie dans son précédent film, Ennemy way, aborde la thématique des jeunes Européens djihadistes avec certaines nuances», a-t-il déclaré lors du débat qui a suivi la projection en présence du comédien Fawzi Saïchi (qui a joué le rôle d'un passeur syrien de djihadistes).«Ce film me rappelle Le vent des Aurès (Mohamed Lakhdar Hamina), où l'on voit la maman cherchant son fils», a-t-il dit. Selon Ahmed Bedjaoui, La route d'Istanbul, qui a été tourné en partie dans la région de Tlemcen, est interdit des grands écrans européens en raison d'un refus de la chaîne franco-allemande Arte qui a financé en grande partie le film. Le long métrage reste exploitable dans toutes les salles du monde en dehors de l'Europe. Rachid Bouchareb est en plein prépartifs pour le tournage du film aux Etats-Unis avec Beyouna et Omar Sy.





Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)