Algérie

Le changement initié en dehors du régime


Postulat d'une nouvelle communauté radicale de pensée. Nous savons à nouveau pourquoi faire le changement, mais nous ne savons pas comment le faire. Il est tristement symbolique de voir dépréciées au rang de simples propositions les initiatives qui, sans cesse, ont porté la preuve de la synergie au tribunal des opinions publiques : la complémentarité de vue des Premiers ministres Mouloud Hamrouche et Benbitour; la sacro-sainte devise, « unis dans la diversité ». A la première question : le changement peut-il venir de l'intérieur du régime par le parachèvement du processus institutionnel, deux éminentes personnalités politiques ont répondu par une réponse négative radicalement opposée à toute velléité de compromis avec l'idéologie nationalo-populiste du système. A la deuxième question : la classe politique dans son état actuel, peut-elle produire les facteurs d'un dépassement de la crise ? Encore une fois, nos deux protagonistes ont balayé cette opportunité en opposant un deuxième niet. A la lumière des deux précédentes interrogations, il semble évident que le problème réside dans le processus institutionnel aggravé par une crise imputable aux formations politiques dans leur incapacité de trouver un mode opératoire capable de dépasser la crise. Autrement dit, la crise est dans les moyens à mettre en place pour dépasser la crise. Mais que veut-on dire par processus institutionnel ? Et quelle est cette crise qui ronge nos formations politiques ? Pour le processus institutionnel, voilà un mot « institution » qu'on considère comme étant la pierre angulaire de la formation et de la refondation d'un Etat fort, justement parce que soucieux de ses institutions et de leur crédibilité. Depuis Aristote et son étude des Constitutions des cités grecques (la Constitution est utilisée ici selon l'acception antique qui s'apparente au régime et non pas au texte fondamental) jusqu'au prix Nobel de l'économiste Coase en 1992 et North en 1994, l'institutionnalisme a toujours érigé les institutions comme catégorie cruciale pour l'analyse politique puis économique à travers l'analyse contemporaine des institutions. Pour toute analyse de la dynamique du changement, l'institution figure souvent comme solution aux complexes problèmes de la faillite et de la non-rationalité d'un Etat à produire le bien-être et la justice sociale et par conséquent la faillite du marché dans sa non-optimalité. A cet égard, force est de constater que le cantonnement du politique officiel au sein d'un champ d'analyse étriqué, encourageant d'une part le parachèvement électoral pseudo-institutionnel, expliquant d'autre part la démobilisation et le désintérêt du peuple comme mésaventure naturelle propre à chaque démocratie, puis endossant la responsabilité de la même abstention à la météo ou aux partis politiques à court de programmes ou de projet de société, l'amputait d'une vision nécessaire pour aborder de manière globale cette problématique inédite dans l'histoire du pays. D'où l'urgence d'une réponse à cette problématique essentielle de la désaffection d'un grand peuple comme le nôtre face à la chose politique et face aux institutions qu'il juge, non pas à tort, qu'elles ne représentent nullement ses intérêts. Quelles sont les institutions qui produisent un peuple-Etat par opposition au parti-Etat ? Il existe trois importantes institutions qui, malheureusement, brillent par leurs indigences dans l'encadrement du pays : il s'agit de la justice, de l'éducation et des formations politiques, considérant que la démocratie est ce système où le pouvoir souverain est détenu par le peuple en corps ou une partie du peuple, alors comment une entité qui n'existe même pas (car méprisée et jugée comme mineure et incapable de s'autodéterminer) peut-elle produire des institutions ? Plusieurs initiatives ont été lancées dans ce sens, qualifiant le régime d'autisme ou d'égoïsme de l'immédiat sans aucune perspective d'avenir, les mêmes initiatives (lettre ouverte de M. Abdelkader DAHBI adressée à Monsieur le Président de la République, contribution du CIVIC d'Oran à la déclaration de Messieurs H. AIT AHMED, A. MEHRI et M. HAMROUCHE) s'accordent à proposer une période de transition dont la gestion incombera à des personnalités patriotes et nationalistes au-dessus de tout soupçon qui auraient pour mission de créer l'Etat, de fabriquer les institutions et d'élire un Président à partir d'un collège choisi et d'une constituante établie, bref une transition qui imposera la norme par en haut et cultivera les valeurs par en bas. Pour l'incapacité de la classe politique dans son état actuel à dépasser la crise systémique, ceci est en partie à cause de son rôle de simple relais du pouvoir en plus de sa situation d'otage d'un régime de parti monopolistique où le monopole de l'activité politique légitime est accordé à un parti ou un groupe de partis, l'alliance présidentielle en l'occurrence, sans aucune participation loyale à la concurrence pour l'exercice du pouvoir. Les tenants de ce régime se trouvent confrontés à un sérieux problème. Comment justifier ce monopole ? Pourquoi un groupe d'hommes a-t-il le droit exclusif de participer à la vie politique ? Après le boycott des élections législatives et le peu d'engouement face aux locales, le régime a beaucoup perdu de sa légitimité électorale, il ne lui reste que la révolutionnaire qui, franchement, ne mobilise plus grand monde car dévoyée et constamment instrumentalisée; il semble que ce régime a du mal à trouver des réponses quant au monopole de la vie politique. De la transition, il est attendu comme finalité la réhabilitation du politique et l'instauration d'un régime constitutionnel pluraliste avec des partis multiples distingués par une organisation de la concurrence pacifique pour l'exercice du pouvoir dans le respect des règles et des lois, respect au sens du compromis et du consensus, c'est reconnaître la légitimité partielle des arguments des autres, trouver une solution qui soit acceptable à tous, c'est enfin la fameuse question du SMIG démocratique qu'il faut remettre à jour par l'élaboration d'une plate-forme politique pour l'émergence d'un rassemblement algérien d'action démocratique et d'un ordre institutionnel nouveau. En conclusion, nous pensons que réviser la Constitution pour allonger le mandat présidentiel serait une catastrophe nationale, notre Constitution ne peut faire l'objet d'une énième révision mais elle saurait par contre faire l'économie de piétinement excessif et d'interprétation désinvolte et extensive du privilège de l'exécutif. Aussi, le non-respect du principe de l'alternance au pouvoir, pourrait gravement affecter les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions. * Président démissionnaire du Bureau provisoire de l'ANR d'Oran


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