Algérie - ENA : Ecole Nationale d'Administration

Le challenge de l'Etat Idées-débats : les autres articles


Le challenge de l'Etat                                    Idées-débats : les autres articles
L'éminent professeur Belmihoub nous a gratifiés en ce début du mois d'octobre d'une leçon inaugurale de la nouvelle année universitaire de l'ENA destinée à accueillir la deuxième promotion des administrateurs principaux, sous le nouveau régime de formation de post-graduation, autour de la relation fonctionnaire-entrepreneur qualifiée souvent de conflictuelle alors même qu'elle constitue une relation permanente et ambivalente (corps et âme) d'acteurs du développement socioéconomique d'un pays, d'un Etat.
Cette leçon magistrale résumait en elle-même toute la question de la réforme de l'Etat dont elle constitue le c'ur de l'actualité institutionnelle de notre administration publique qui s'exerce à dompter les coûts exorbitants des transactions qui naissent de l'inefficacité de gestion. Ces coûts amputent le développement national d'une bonne partie de ses moyens.
Autour des points de jonction du statut de l'intérêt public et de l'intérêt privé (droit de la propriété), le professeur a démontré que si pour le fonctionnaire la mission publique poursuivie était de contribuer à mettre en place un climat des affaires propice à l'épanouissement de l'investissement national, pour l'entrepreneur, cette mission doit aller au-delà des moyens pour atteindre des objectifs quantifiables certes, devant néanmoins être évalués.
La différence tient à la prise de risques des uns et des autres : elle est nulle pour les fonctionnaires, elle est vitale pour les entrepreneurs (il va de la survie de leurs entreprises).
Cette dichotomie des moyens des fonctionnaires et des objectifs des entrepreneurs devrait aboutir à une nouvelle configuration des rôles des acteurs du développement pour en faire une relation de confiance, sans laquelle l'économie de marché ne peut avoir de sens, et en tous cas, une relation de complémentarité de l'action publique et de l'action privée par le partage intelligent des risques inhérents à toute entreprise de développement et donc d'investissement.
Les sciences de gestion ont assez démontré que la frontière public-privé tend à disparaître pour laisser place à la bonne gouvernance qui n'exclut aucune capacité à la réalisation des programmes des politiques publiques poursuivis par les gouvernements. La mondialisation a fait taire les clivages idéologiques de différente nature pour axer les efforts des nations autour du développement des ressources et du bien-être social des citoyens formant la collectivité. Dans ce sens, nous avions pris conscience qu'en vérité, le premier entrepreneur, en ce qui concerne notre pays, demeure l'Etat qui cumule aussi les premiers rôles en matière d'investissement, d'épargne et de consommation (budgets d'équipement et de fonctionnement et FRR). Ainsi vu, l'Etat a entre les mains toute l'équation économique du pays pour stimuler la production de richesses entre les opérateurs et agents du développement économique et social dont il demeure le régulateur soucieux de la couverture des besoins sans cesse croissants.
Dans ce sens aussi, la formation des élites de la haute administration publique doit intégrer cette dimension de l'Etat «entrepreneur» pour que les fonctionnaires deviennent à leur tour des entrepreneurs partageant la prise de risques pour compte de l'Etat à l'occasion des accords de partenariat avec les entrepreneurs de statut privé et des montages d'affaires où les intérêts de l'Etat sont bien défendus en la forme de contrats de performance. Ce faisant, ils s'éloigneront du schéma classique où ils étaient confinés à 'uvrer à des missions figées sans aucun risque d'initiative à la réalisation des objectifs tracés par les plus hautes autorités. En d'autres termes, les fonctionnaires se doivent de prendre conscience qu'ils sont employés par le premier entrepreneur appelé l'Etat. Cet employeur est le garant du partage du bien national (public et privé) et donc du profit que leur mission à son service doit dégager au bénéfice de sa santé financière et économique.
Si le nouveau jeu d'acteurs-entrepreneurs, qui par délégation, qui pour propre compte, se mettait en place, tout le monde trouvera matière à satisfaction, puisque dans ce jeu, les entrepreneurs participent, de par leur expérience relative, à la définition de la réglementation la plus conciliante en matière d'intérêt public et privé.
Le budget de l'Etat, ses finances, sa fiscalité 'uvreront de concert pour privilégier cette relation de couple d'entrepreneurs du développement économique et social.
Les fonctionnaires apprendront à faire confiance aux entrepreneurs ; les entrepreneurs apprendront à ne pas tricher par leurs bilans généraux déclarés aux fonctionnaires (à l'administration publique). C'est donc de la transparence des transactions et de la production des normes des sciences de gestion que nous avons besoin pour réussir ce challenge de la bonne gouvernance publique et privée, c'est-à-dire de tout le pays dont les moyens sont conjugués au profit tant du public que du privé ; nous avons dit que les frontières se superposent aujourd'hui.Une administration «entrepreneur ship» est-ce une vue de l'esprit ou est-ce la réalité d'aujourd'hui et de demain '



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