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Le casher de la mort
Tournure dramatique dans l'affaire de la toxi-infection qui sévit ces derniers jours à Batna et Khenchela à la suite de la consommation de casher ou de pâté de volaille. Après le décès jeudi dernier d'un enfant de 11 ans au service de réanimation du centre hospitalo-universitaire (CHU) de Batna, un homme de 66 ans, admis le 23 juin dans le même service, a subi hier le même sort. L'homme a succombé à un arrêt cardio-respiratoire, son organisme n'ayant pu résister à la maladie, indiquent des sources médicales. Les deux patients décédés ont été admis au CHU Batna en compagnie de 7 autres personnes suspectées d'avoir contracté le botulisme. Et l'on signale que 5 parmi les patients hospitalisés se trouvent dans un état jugé «préoccupant», d'où des craintes de voir le bilan macabre s'alourdir dans les prochaines heures. Il y a une dizaine de jours, neuf cas suspects de botulisme ont été hospitalisés au CHU Batna, et les résultats auxquels est parvenu le laboratoire d'hygiène de la wilaya, après analyse d'échantillons de casher, sont «positifs». Bien sûr, il reste à confirmer ces résultats des analyses par le laboratoire de référence, celui de l'Institut Pasteur en l'occurrence, auquel revient le dernier mot pour déterminer s'il y a ou non présence de la toxine responsable du botulisme (clostridium botulinum, ndlr), mais ce n'est pas plus qu'une formalité. Le casher de la mort a encore frappé 17 ans après le drame survenu à Sétif, lors de l'été de l'année 1998, où pas moins de 44 personnes ayant consommé du casher avarié sont décédées. Après ce ‘‘massacre collectif'', le casher avait provoqué l'effroi chez les consommateurs, plus personne ne voulait en manger. Les autorités compétentes, quant à elles, ont dû mettre au diapason toute une réglementation afin de mieux codifier la production, le transport et la commercialisation de produits alimentaires réputés fragiles.Aujourd'hui, grâce à la loi n°09-03 du 25 février 2009, relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, les sanctions prévues sont draconiennes, pouvant aller jusqu'à la peine de réclusion criminelle à perpétuité pour les cas d'intoxication, notamment celles provoquant le décès du consommateur. Mais cela ne semble guère dissuader les commerçants véreux. Les intoxications alimentaires constituent un souci permanent pour les Algériens, surtout en période caniculaire. Durcissement de loi ou pas, les produits avariés tuent encore ! Mais, à quoi cela peut-il servir de durcir la loi si aucun coupable ne subit toute sa rigueur ' Le consommateur doit prendre toutes ses précautions, certes, mais c'est au commerçant de veiller aux conditions de salubrité, d'hygiène et de stockage sans rupture de la chaîne de froid. Les énormes quantités de produits alimentaires avariés qui ont été saisies durant ces deux dernières semaines n'auront pas été d'un grand secours pour les deux victimes décédées. Peut-être bien qu'il est grand temps de ne plus se contenter de saisir les produits alimentaires avariés mais de sévir aussi contre ceux qui mettent en danger la santé des gens. Les brigades de contrôle jettent souvent la balle à la justice, devant laquelle atterrissent les dossiers ficelés de coupables qui finissent par se tirer d'affaire sans égratignures. Ces derniers jours même, on a retiré de la vente près de 1700 kg de casher à Batna et Khenchela, on a même lancé des mises en garde à la population d'éviter de consommer du casher, mais on n'a pas encore osé dire le moindre mot sur la marque commerciale de ce casher ! Quant à lancer une information judiciaire et une procédure d'arrestation du (ou des) coupable(s), pour le moment les choses sont en berne.




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