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Le brio de la diplomatie syrienne


Le brio de la diplomatie syrienne
Assurément, l'acte premier de la Conférence de Genève 2, tenu à Montreux, en Suisse, n'a pas été sans effarements. La difficulté du discours et la réthorique anti-impérialiste de la Syrie a non seulement interloqué plus d'un mais ont rappelé aux adversaires de la Syrie à qui ils ont réellement affaire.Lors des tractations de Madrid en 1991, la délégation syrienne n'avait pas hésité à brandir à la face des fondés de pouvoir israéliens, un ancien avis de recherche datant du mandat britannique sur la Palestine concernant Ythzak Shamir, coupable de terrorisme, sabotage et homicide, et qui se trouvait être à l'époque des négociations le Premier ministre israélien ! Malgré l'exclusion de l'Iran suite à d'insoutenables pressions sur l'ONU par les puissants du monde, la délégation syrienne a fait l'objet de plusieurs désillusion. En escale en Grèce, les autorités refusent l'approvisionnement de l'appareil conduisant le ministre syrien des Affaires étrangères à Montreux avant de lui exiger un paiemant en liquide. Une journée auparavant, Paris annonce avec bruit que son espace aérien est interdit à la délégation syrienne. Une spécialité et une exclusivité mondiale du Parti socialiste français puisque le président du Paraguay, Evo Morales, en a déjà fait les frais de par un passé récent. Mais passons. Le fair-play n'a jamais été une qualité prominente des pays soutenant le terrorisme et la poursuite de la guerre en Syrie. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, s'efforce d'appeler l'ensemble des bélligérants à cesser les combats et à parvenir à un consensus acceptable par toutes les parties. Son représentant spécial pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, cachait cependant mal son pessimisme. Connaissance intime du rapport des forces réel oblige. Disons-le d'emblée et sans aucun détour. Un pays comme le Royaume-Uni est fort mal représenté par un Hague manifestement incompétent. Pour la France, Laurent Fabius a prouvé une nouvelle fois qu'il n'a rien à voir, ni de près ni de lois, avec la diplomatie. Les chefs de la diplomatie de la Turquie, du Qatar et d'Arabie Saoudite n'ont pas brillé par leurs discours. Pis, le ministre jordanien des Affaires étrangères a commis une bourde en assimilant la Conférence de Genève 2 à une Conférence de donateurs des «amis de la Syrie». Demeure le plat de résistance: le secrétaire d'Etat US, John Kerry, agissant sur instructions, a tenté d'intimider la partie syrienne en lui proposant indirectement un «Do it like we want it to be or you will be sent back to the stone age !». En vain. La menace du tapis de bombe aura vécu. Les Russes et les Chinois étaient sur le qui-vive et ripostaient, chacun avec sa propre idiosyncrasie, au coup par coup. On a apprécié au passage l'expression d'un profond bellicisme anglais (et non britannique) exprimé par Hague dans un détour de phrase : «Une invasion [militaire] étrangère est une bien meilleure solution.» Son homologue français condamne tacitement ceux qui dépeignent ce qui se passe en Syrie comme étant du terrorisme en appelant à une compréhension des mécanismes ayant conduit à ce phénomène avant de le condamner! Hallucinant! On aurait bien aimé l'entendre discourir de cette façon sur la Palestine ! Pour l'opposition syrienne de l'extérieur représentée par Jarba, un ancien de la pègre contrôlant le trafic de drogues et la traite des blanches, il n'avait qu'un leitmotiv répété ad nauseam ! «Assad doit partir! Assad n'a aucun avenir en Syrie.» Soit ! Sait-il au moins ce qui se passe en ce moment en Syrie où la force qui est en train de consolider son avance sur le terrain n'appartient à aucun camp et semble venue directement de l'enfer, en l'occurrence l'EIIL ou l'Etat islamique d'Irak et du Levant et dont les hordes sont en train de tailler en pièces l'armée syrienne libre, le Front Ennosra, Ahrar Sham et toutes les autres factions rivales ' Avec sa bonhomie habituelle et son calme placide, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moualim, n'y est pas allé par quatre chemins en accusant directement la Turquie et l'Arabie Saoudite d'être les responsables de la guerre dans son pays. Il a rappelé que la Syrie est en guerre contre une idéologie créee pour les besoins d'une autre plus pernicieuse. Sans aucun doute, le discours anti-impérialiste et antisioniste de la Syrie a dérangé pas mal de délégations occidentales et arabes. Sans surprise, Montreux est un échec. L'absence de l'Iran et la présence injustifiée dans ce cas de l'Arabie Saoudite aura des conséquances directes sur Genève II à très court terme et portera un préjudice aux négociations sur le nucléaire iranien. On retient la distinction d'une diplomatie syrienne intacte dans ses convictions dans un monde qui a beaucoup changé par rapport à 1974. Ce qui a fait dire à Jarba qu'il venait d'entendre un discours digne de l'époque où la télévision était en noir et blanc... Sauf que son projet Arc-en-ciel soutenu par la force des bras par Washington et l'ensemble de ses alliés risque d'être encore plus sanglant. Pendant ce temps, le front ukrainien s'embrase avec une tentative de transformer les émeutes en révolte armée. Indubitablement la paix n'est pas pour demain entre Washington, Moscou et Pékin.




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