Algérie - Divers patrimoine immateriel


Le Becheraf (ou Bachraf)
La Nouba se compose d’une introduction en récitatif suivie d’un premier motif à un mouvement modéré qui s’enchaîne dans un second d’une allure plus animée ; puis vient un retour au premier motif quelquefois sur un rythme différent, mais toujours plus vif que le précédent, et enfin une péroraison allegro vivace tombant sur une dernière note en point d’orgue, qui semble rappeler le récitatif de l’introduction.

D’ordinaire, l’introduction a un accent de tristesse plaintive, de douce mélancolie, parfaitement en rapport avec le genre d’interprétation que lui donnent les Arabes. Pour le chanteur, c’est un mélange de voix mixte et de voix de tête, et la répétition de chaque phrase en récitatif, sur les cordes graves du violon ou sur le Rebab, vient encore augmenter cet effet.

Le récitatif du chanteur est précédé d’un prélude exécuté par les instruments chantants et destiné à indique le mode dans lequel doit être chantée la chanson.

Cette manière d’indiquer le ton au moyen d’une mélodie connue de tous, réglée à l’avance, n’a-t-elle pas la même origine que ces Nomes de la musique grecque, auxquels il était défendu de rien changer, parce qu’ils caractérisaient chacun de ses modes spéciaux?

Chez les Arabes, ce prélude se nomme Becheraf.

Le Becheraf reproduit d’abord la gamme ascendante et descendante du ton, ou, si l’on aime mieux, du mode dans lequel on doit chanter; puis il indique les transitions par lesquelles on pourra passer accidentellement dans un autre mode, soit par les tétracordes semblables, appartenant à deux modes différents; soit par l’extension donnée en haut ou en bas de l’échelle du mode principal avec les notes caractéristiques de la Glose. En effet, la Glose n’est pas, comme on pourrait le croire, entièrement soumise aux caprices des exécutants. Elle est subordonnée à des règles dont il n’est permis à aucun musicien de s’écarter, s’il ne veut qu’on lui applique le proverbe usité autrefois pour les chanteurs comme pour les poètes qui passaient sans transition d’un sujet à un autre, d’un mode principal à un autre qui n’avait avec lui aucune relation : à Dorio ad Phrygium.

La Glose est en quelque sorte indiquée dans le prélude par les développements donnés à la gamme, non plus en conservant l’ordre habituel des sons, mais bien en décrivant des cercles, comme disent les Arabes. Cette expression, décrire des cercles, indique qu’il faut monter ou descendre par degrés disjoints : mais encore faut-il que ces degrés disjoints appartiennent au même trétracorde.

Ainsi : au lieu de ré mi fa sol, par exemple, on fera ré fa mi sol fa ré, et ainsi de suite, soit en montant, soit en descendant.

Le Becheraf indique aussi les sons caractéristiques du mode, ceux sur lesquels on doit revenir plus souvent et ceux dont on ne doit se servir qu’avec modération.

Tel est, dans son ensemble, ce prélude obligé de tous les concerts arabes ; ses divisions, ayant un certain rapport avec celles de la mélopée des Grecs (Lypsis, Mixi et Petteya).





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