Algérie - Revue de Presse

Le 7e art en décadence : Le cinéma, un souvenir lointain


Le 7e art en décadence : Le cinéma, un souvenir lointain
Le Colisée, le Régent et le Widad : trois noms qui résonnent comme une fierté perdue pour les férus de cinéma de la ville de Batna. En en parlant, Ammar, cinéphile depuis sa plus tendre enfance, aujourd'hui collectionneur d'anciens films, évoque le souvenir le plus lointain que sa mémoire ait pu retenir. C'est avec beaucoup de nostalgie, et il n'est pas le seul, qu'il s'est livré à nous, relatant comment il a pris connaissance des grands succès du 7e art grâce justement à ces salles, lesquelles, il fut un temps, faisaient l'orgueil des habitants de Batna. Aujourd'hui elles sont fermées, et c'est depuis la fin des années 1970. Comme d'ailleurs dans toutes les wilayas du pays, ces salles n'ont, semble-t-il, jamais intéressé les responsables locaux.La salle Le Widad, transformée en théâtre, est la seule qui ait échappé au gâchis. Le Colisée servira de local pour le CAB (équipe de football locale) avant qu'elle ne soit définitivement fermée. La troisième, quant à elle, qui avait appartenu à un particulier, est revenue à l'APC laquelle a obtenu gain de cause par voie de justice. Les élus locaux qui se sont succédé à la tête de l'APC n'ont apparemment jamais ressenti la nécessité, ni eu l'intention de prendre en main ces salles. L'actuel conseil communal vient, à juste titre, de céder le Colisée, sans contrepartie, à la direction de la culture, et ce suite à une demande d'affectation par celui-ci, et il est prêt, apprend-t-on, à lui céder le Régent. A ce titre, la direction de la culture vient d'engager un bureau d'étude pour la réfection de ladite salle. « Il s'agit d'une décision de la ministre de la Culture, et la salle sera versée au centre algérien du cinéma (CAC) », nous a déclaré le directeur de la culture.Celle-ci servira exclusivement aux activités du 7e art, selon la même source : projection de films, conférences et débats autour du cinéma. Cette opération, nous explique le premier responsable de la culture, entre dans le cadre d'un vaste programme de revalorisation de la production et de la diffusion de la production cinématographique ; une initiative louable à plus d'un titre, si les moyens déjà existants au sein de la maison de la culture étaient rentabilisés. Cette dernière possède, en effet, un matériel de projection approprié à tous les genres (35 mm, 16 mm et 8 mm), sans pour autant que les cinéphiles n'en profitent. Alors que Cirta film, grande maison de diffusion à Constantine, qui se trouve seulement à une centaine de kilomètres de Batna, pourrait fournir les dernières nouveautés du cinéma, la maison de la culture continue de se limiter à un programme aléatoire, aux gré des occasions, comme pour la diffusion du fameux « Mostefa Ben Boulaïd », qui, selon un principe qui ne dit pas son nom, n'aurait jamais été projeté si le tournage du film ne s'était pas déroulé dans la région de Batna, et mieux encore, s'il n'avait pas été question du héros des Aurès.Même s'il est compréhensible qu'un tel personnage puisse attirer un grand nombre de spectateurs, il n'en demeure pas moins que d'autres films peuvent avoir le même attrait sauf si les responsables de la culture n'estiment pas l'impact du cinéma sur la société à sa juste valeur. Voici brièvement la situation du 7e art telle qu'elle se présente à Batna : l'APC préfère se débarrasser de la gestion des salles en les cédant aux autres. Les trois salles dont il est question ne sont malheureusement pas les seules, car trois autres, situées dans différents quartiers de la ville (Kemmouni, cité Ennasr et Parc à fourrage) sont pour leur part cédées à la direction de la jeunesse et des sports (DJS). En attendant que la direction de la culture rouvre le Colisée (l'état d'avancement du projet est à peine à 0,5 %, selon le directeur de la culture), Ammar, et ses amis cinéphiles continueront à regarder des DVD sur petit écran en espérant des jours meilleurs où ils pourront faire découvrir à leurs petits-enfants l'enchantement des salles obscures et du grand écran, comme eux-mêmes y avaient eu droit en compagnie de leurs parents.
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