Algérie

Le 23 novembre, à minuit



Le compte à rebours a commencé depuis de longs mois: leLiban en crise devait trouver en lui-même les moyens de résoudre l'équationprésidentielle. Désormais, il n'a presque plus de temps. Le 23 novembre à minuit,il sera peut-être trop tard. Le mandat du président Emile Lahoud expire, et siun consensus ne s'établit pas sur le nom et surtout le mode d'élection, leLiban entrera dans un chaos institutionnel aux conséquences lourdes.A moins de dix jours de la date butoir, rien n'indique quel'on ait avancé d'un pouce dans une direction qui préserve l'unité du Libandans sa diversité. Les termes de l'équation sont simples: l'opposition, seprévalant d'une pratique qui a accompagné toute l'histoire du Liban et del'esprit de la Constitution qui fait du pays une démocratie consensuelle, veutque le président soit élu avec la présence du quorum des 2/3 des députés. Ducôté du groupe au pouvoir, certains veulent jouer le 50+1. Cela veut dire quele président libanais sera celui du seul groupe au pouvoir et qu'il ne sera pasen mesure d'être celui qui incarne l'unité du pays.Ce débat n'en finit pas de déchirer le pays et les tensionss'accroissent à mesure que la date du 23 novembre approche. En fait, ce sera le21 novembre, date à laquelle en théorie le parlement libanais se réunira pourtrancher. Le président du parlement, Nabih Berri, a reporté à trois reprisescette réunion afin de donner une chance aux tractations et à la recherche desolution. Au-delà du 21 novembre, il ne pourra recourir à cette technique dureport. Cela veut dire que les responsables libanais n'ont en réalité plusqu'une semaine devant eux. Si les fractures actuelles persistent, l'oppositionboycottera la réunion du parlement. Elle a averti le groupe du 14 Mars, par lavoix de Hassan Nasrallah, que dans le cas où elle élirait le président à lamajorité simple, elle le considérerait comme « un usurpateur et un agresseur dupouvoir ».Tous les ingrédients d'une crise majeure sont réunis. Lespectre d'une guerre civile que chacun tente de conjurer n'est pas écarté. Lerejet par le groupe du 14 Mars d'une tutelle syrienne est légitime, il n'enlèverien, absolument rien, à la légitimité de refus de l'opposition libanaise depasser vers une tutelle américaine. Cette double préoccupation n'est pascontradictoire dans le fond et elle aurait pu servir d'assise à une définitioncommune de l'intérêt national libanais.Le problème - il n'est pas nouveau - est qu'une partie desacteurs libanais, chefs de clans familiaux en général, ne conçoivent leur rôlepolitique que sous une tutelle étrangère. Un Liban des Libanais, ni syrien, niiranien, ni américain, n'est pas inconcevable. Le problème du Liban est que cesont ses politiciens, en quête permanente de protection extérieure, qui nesemblent pas en mesure de le concevoir. C'est pour cela qu'il faut être inquietle 23 novembre à minuit...
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)