Algérie

Larbi Mustapha, consltant formateur en Qhse, à L’Expression «L’Algérie dispose d’un capital humain performant»




Larbi Mustapha, consltant formateur en Qhse, à L’Expression «L’Algérie dispose d’un capital humain performant»
Publié le 28.01.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Mohamed Ouanezar

Auteur, consultant formateur en Qhse et auditeur certifié GRH et directeur de la communication à l'institut des experts en management, Larbi Mustapha dissèque pour nous la réalité de la formation/emploi en Algérie. Ecoutons-le.
L'Expression: Vous êtes un institut des experts en management. Pourquoi cet intitulé?
Larbi Mustapha: Au préalable, il y avait un institut des experts internationaux qui collaboraient avec l'ordre mondial des experts internationaux. On a formé trois promotions d'experts internationaux aux risques technologiques. Après, nous avons vu qu'il était judicieux de se reconvertir en expert en management.

Est-ce qu'il y a une collaboration avec le paysage institutionnel?
J'étais l'un des organisateurs du Forum national des cadres marginalisés en 1993 et ça a été une grande réussite. Nous avions, à l'époque, des cadres qui étaient venus des quatre coins du monde. Toute une banque de données a été élaborée et synthétisée pour être remise, par la suite, au secrétariat général du gouvernement SGG. Il suffit de lancer des initiatives pour que s'enclenche les processus que nous voulons ou que nous visons.

Vous êtes directement impliqué dans la formation en management. Pensez-vous que le management évolue positivement en Algérie?
Le management évolue de manière significative dans le pays. De toutes façons, à l'Inem, nous les formons dans ce sens. Moi-même, j'arrive à faire un ensemble d'entreprises tant étatiques que privées. Et je peux vous dire que les choses bougent dans le bon sens, à travers ces cycles de formations, surtout dans le domaine de la communication commerciale, le management non pas des compétences, mais par les compétences. Je ne cesserai jamais de le souligner, le management par les compétences... C'est une remarque pertinente.
Moi, je suis certifié par le système japonais Heichou, qui considère le management, non pas comme un exercice d'autorité, C'est-à- dire qu'il n' y a pas de responsables, mais seulement un chef d'orchestre, un animateur qui doit se mettre à la disposition de ses collaborateurs et non ses subordonnés. C'est cela le secret.
Tout au long de mes années de gestion, d'enseignement et d'encadrement j'ai eu à constater une chose, une valeur sûre. Nous disposons d'un capital humain très performant en Algérie. C'est un atout majeur dans toute démarche ou stratégie, quelle qu'elle soit. Seulement, il faut trouver les moyens de libérer et d'intégrer dans notre activité économique ce capital humain. Nous avons des fleurs qui ne sont pas épanouies.

Quelle est la formule idoine alors?
La formule est simple. Il faut les stimuler. Il suffit de dire bonjour, merci et bravo quand on est manager. Ce n'est pas un problème de diplômes. Le diplôme vient à la fin. C'est comme l'arbre et ses racines, son tronc et ses branches. C'est une question de savoir-faire. Les racines du manager, ce sont ses valeurs. Après, il y a le tronc qui correspond à sa personnalité, à travers le savoir-être. Ensuite viennent les branches qui correspondent à la motivation chez le manager, à savoir sa responsabilité, l'idéal auquel il tend, etc... S'il n'a pas ces valeurs intrinsèques, il ne peut pas gérer et stimuler ces jeunes compétences algériennes.
Aujourd'hui, nous avons une panoplie de jeunes docteurs d'État, ingénieurs ou autres diplômes supérieurs en diverses spécialités. J'ai fait la rencontre d'une jeune fille âgée de 33 ans, diplômée en physique nucléaire qui travaille dans une usine d'huile. Elle n'a pas trouvé mieux.

Vous proposez une véritable thérapie générale?
Absolument, il faut lancer une thérapie générale et un véritable changement des mentalités.
Notre objectif en tant qu'instituts ou écoles de formation est d'orienter ces énergies par rapport à la spécificité de leurs activités et spécialités. Leur transférer aussi un savoir-faire en relation avec leurs profils. On ne parle plus d'expérience, cela ne veut rien dire. Prenez l'exemple d'un ingénieur qui est recruté et qui est marginalisé. Il devient un rentier et finira sa carrière comme ingénieur rentier. Mais si on arrive à stimuler ses valeurs intrinsèques enfouies, si on arrive à accompagner ses compétences, cette fleur va éclore.

Il y a, actuellement, une sorte d'engouement généralisé pour les formations. Qu'en pensez-vous?
Je suis tout à fait d'accord. Les jeunes sont, de plus en plus, conscients que les formations, les recyclages et les mises à niveau sont des instruments qui peuvent leur assurer l'employabilité immédiate. Vous savez, à partir de mon expérience, je peux vous certifier que la véritable richesse d'un pays, ce n'est pas ses ressources, mais c'est son capital humain. C'est ce dernier qui génère la richesse d'un pays. D'où cette importance de mettre en valeur le capital humain pour créer une plus-value et une valeur ajoutée. Oui, il y a engouement chez les jeunes, qu'ils soient diplômés en master, licence ou ingéniorat, ils sont attentifs au marché de l'économie. Nous, nous ne devons plus former pour former. Nous devons former pour intégrer nos jeunes dans l'économie. Nous le faisions dans les années 70, où les jeunes en formation avaient des pré-salaires avec des entreprises, qu'ils intégraient dès la fin de leurs cursus.

Quelles solutions proposer à votre avis?
Il faudrait que nos universités et nos Cfpa se reconvertissent ou intègrent cette dimension commerciale dans leurs statuts, en plus de la pédagogie. Il faut aussi recenser ces besoins à moyens termes et former en fonction de ces besoins. En clair, il faudra changer notre vision quant à notre formation académique et post-académique.

Est-ce à dire que les programmes universitaires ne sont pas adaptés aux besoins de l'économie?
Ecoutez, il faut former au besoin. Nous recevons quotidiennement des étudiants diplômés qui n'arrivent pas à se placer sur le marché de l'emploi. Si vous prenez le secteur du Qshe, c'est un créneau porteur au niveau mondial, et il y a beaucoup de sociétés multinationales qui sont à la recherche de ces profils. C'est un créneau porteur. Donc, un jeune qui vient se former dans ces filières, il est immédiatement embauché à la fin de son cursus. Moi, je l'ai toujours dis dans mes ouvrages, je suis optimiste, si on arrive à libérer ce potentiel qu'est le capital humain, le XXIe siècle sera celui de l'Algérie. L'Algérie reviendra au giron des grandes nations, comme l'ont été nos aïeux au XVIe siècle.


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