Algérie - Revue de Presse

Lampedusa ou la mise en scène du déferlement migratoire sur l'Occident


Publié le 21.09.2023 dans le Quotidien d’Oran
par Abdelhak Benelhadj

Entre lundi 11 et mercredi 13 septembre, environ 8.500 migrants sont arrivés à bord de 199 bateaux sur Lampedusa, soit un total supérieur à l'ensemble de la population de cette île italienne. Concentrée sur un espace aussi faible, les esquifs surpeuplés débarqués ont fait l'effet d'un ras de marée déferlant sur l'Europe. La multitude de photographes et de journalistes dépêchés sur les lieux a saisi en gros plan les images partout diffusées dans l'Union et au-delà.

C'était très exactement le but recherché.

La « submersion migratoire »

Il y a un effet loupe produit par les images et les caméras braquées sur l'Italie, la Grèce ou l'Espagne et mettre en scène le spectacle d'une Europe assiégée. Ces jours-ci elles sont concentrées sur l'île de Lampedusa. Une sorte d'Europe en miniature qui reflèterait la situation d'un îlot de prospérité envahie par une multitude innombrable, miséreuse, envieuse et insatiable.

L'Italie qui se pose en martyr abandonnée servi de cadre à une mystification opportune qui convient aussi bien aux partis extrêmes qui la gouvernent qu'aux « partis amis » venus exprimer leur compassion à l'égard d'un pays occidental submergé par le flot ininterrompu de barbares dépenaillés et affamés venus des confins du monde civilisé, avec une réactualisation de très vieux clichés empruntés à un lointain passé, des campagnes médiévales en Orient aux conquêtes coloniales du XIXème siècle.

Cette image, cette projection n'est pas exactement conforme à la réalité. La plupart des observateurs ont vite compris l'enjeu de la médiatisation des événements de Lampedusa.

Pierre Henry[1] (fustige la « sur-occupation » du centre de 389 places et y voit une « mise en scène » des autorités italiennes. Le discours des autorités est soutenu par « un argumentaire raciste qui accompagne des images spectaculaires mais qui ne disent pas la réalité des flux migratoires ». « En trois mois, l'an dernier, l'Europe a accueilli quatre millions d'Ukrainiens sans que personne ne crie à l'invasion migratoire. Là, on dit ‘submersion' pour quelques milliers de personnes, c'est absurde », déplore Pierre Henry. [2]

Lampedusa vit davantage « un problème logistique », du fait de l'exiguïté de l'île que d'un problème migratoire, observe le chercheur Matthieu Tardis, directeur de Synergies migrations. « Si ces milliers de personnes avaient débarqué en Italie continentale, ça n'aurait pas soulevé de polémique. » « On assiste à une instrumentalisation politique ». « On se focalise sur Lampedusa parce que les images sont impressionnantes et parce qu'il y a un phénomène de ‘sur-concentration', d'hyper-visibilité lié au fait que l'île est exiguë et que le centre d'accueil est débordé ».[3]

Le spectacle d'une submersion qui guetterait l'Europe, sciemment organisée par les autorités italiennes, a au moins trois raisons :

1.- Pour que l'Italie soit fondée à appeler à l'aide et à la solidarité européenne. En créant « volontairement » une situation d'engorgement permanent, le gouvernement italien se donne les coudées franches pour faire de l'événement une crise.

2.- Pour que les Italiens soutiennent leurs gouvernants et comprennent que les problèmes qu'ils connaissent viennent de l'étranger.

3.- Pour que tous les Européens n'apportent pas leur assistance par simple charité à des voisins en difficulté. Les Italiens ont des raisons de douter de la solidarité européenne dans une Union où la loi du chacun pour soit est la règle.

L'Italie n'a pas oublié, alors qu'elle appelait à l'aide, qu'elle avait été platement abandonnée lors de la dernière crise pandémique alors que ses concitoyens faisaient face à de graves difficultés. La Chine (même intéressée par l'expansion de ses « Routes de la soie ») s'est empressée, seule, de venir à son secours.

« On se bat pour vous ! »

Il fallait que toute l'Europe se sente directement concernée et que chaque européen soit convaincu d'être peu ou prou un citoyen de Lampedusa.

Les autorités italiennes, un peu comme l'Ukraine, veulent accréditer l'image d'un pays qui se bat pour tous les autres. Un pays au front qui fait une autre guerre pour l'Europe.

Pourtant, sa situation mériterait d'être relativisée. À s'en tenir aux statistiques les plus récents, l'Italie a accueilli en 2022 trois fois moins de migrants que l'Allemagne : sur le million de demandes d'asile enregistrées en 2022 dans les pays européens, l'Italie en avait reçu 84.000, très loin du total allemand (244.000). Pour les seuls réfugiés, la Turquie accueille 3,6 millions de personnes, l'Iran plus de trois millions. Si l'on tient compte de la totalité des mouvements dans le monde, ce n'est pas sur l'Europe que pèsent les contraintes les plus insupportables. L'écrasante majorité des déplacements de population c'est entre les pays du sud qu'ils se produisent et les pays d'arrivée sont surtout les pays voisins en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Plus de trois quarts des personnes qui ont fui à l'étranger (77%) ont été accueillies dans des pays voisins. Mais, en nombre absolu, la Turquie reste le premier pays d'accueil au monde (plus de 3,5 millions de réfugiés).[4]

L'Asie est la région qui a enregistré la croissance la plus notable entre 2000 et 2020 (74%, soit environ 37 millions de personnes).[5]

Fin 2019, déplacement de 1% de l'humanité: près de 80 millions de personnes, un chiffre record, ont dû quitter leur foyer pour fuir la violence et la persécution et vivent aujourd'hui loin de chez elles, selon l'ONU. (Rapport du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) publié J. 18/06/2020). Il y a dix ans, le nombre de déplacés était de 40 millions, soit la moitié. Pas moins de 68% de tous les réfugiés recensés dans le monde viennent de cinq pays : la Syrie, le Venezuela, l'Afghanistan, le Soudan du Sud et la Birmanie.

Certains souhaiteraient voir se diffuser des images d'une Europe du sud prise d'assaut pour que convaincues et qu'inquiètes pour leur sécurité et leur prospérité, les populations du nord de l'Union pèsent sur leurs autorités nationales et les institutions européennes afin que des mesures drastiques soient prises pour les protéger de ce « déferlement ». Tout cela n'est pas fortuit : les campagnes en vue des prochaines élections européennes de juin 2024 ont déjà commencé et les partis prêts à en découdre dans un contexte économique et social dépressif que des statistiques habillement confectionnées ont du mal à masquer. Si les déclarations des partis extrêmes, xénophobes par vocations, ne laissent aucun doute sur les thèmes qu'ils veulent mettre en avant, ce sont les partis de gouvernements qui surprennent (mais si peu) par leur alignement sur des thèses de moins en moins marginales mais qui semblent offrir de réelles perspectives de succès électoraux.


« La France veut une position de fermeté », a martelé le ministre français de l'intérieur, invité ce mardi 19 septembre de TF1, chaîne qui assurant que la France « n'accueillera pas de migrants » venus de l'île italienne de Lampedusa. « Ce n'est pas en accueillant plus de personnes que l'on va tarir un flux qui évidemment touche nos capacités d'intégration », sous-entendant que ce serait ouvrir la porte à une multitude intarissable, prendre le risque d'un véritable « remplacement ». M. Rocard naguère avait laissé tomber une réflexion semblable.

« En revanche, nous avons dit à nos amis italiens que nous étions prêts à les aider pour reconduire des personnes dans les pays avec qui nous avons de bonnes relations diplomatiques », a ajouté M. Darmanin, citant la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Il ne pouvait s'agit du Mali, du Burkina FAso ou du Niger, cela tombe sous le sens.

Le mythe occidental de l'enfermement

Autour de l'Europe s'érigent des « Murs » de plus en plus longs de plus en plus hauts.

Certains reprennent à leur compte l'expression de « Rideau de fer » que Winston Churchill a empruntée en juillet 1940, à l'auteur russe Vassili Rosanov bouleversé par les événements d'« octobre 1917 »[6]

Il y a une différence essentielle entre le « Rideau de fer » imaginé par W. Churchill qui décrivait un enferment interdisant aux citoyens de l'« est » de passer à l'« ouest », et les murs érigés aujourd'hui autour de l'Occident, de la Scandinavie à la mer Méditerranée en passant par le Chanel, Rio Grande do Sur, Ceuta et Melilla et la Papouasie-Nouvelle-Guinée où l'Australie se pose en modèle imité par les pays scandinaves, le Danemark et la Suède, dirigés par des partis franchement, explicitement, publiquement xénophobes[7].

Ces nouveaux murs prétendent protéger la civilisation de la barbarie, l'ordre du désordre (le cosmos du chaos), la culture de la nature, l'urbi de l'orbi... La culture occidentale pétrie par l'enseignement du Christ avait pourtant mis un terme à un débat éculé (cf. Galates 3:28).

Une contradiction.

Dans le monde, la séparation de l'ordre et du désordre est non seulement vaine, mais mortelle. Sans verser dans des analogies thermodynamiques, l'ordre et le désordre sont inséparables et constitutifs l'un de l'autre.

Un discours de fermeture avec une volonté de dominer le monde, exploitant ses richesses naturelles et humaines en lui imposant des valeurs occidentales ne peut tenir.

Aussi pénibles, aussi bien pour les migrants qui traversent à leurs risques et périls la Méditerranée que pour la population italienne de Lampedusa, que soient les images rapportées, elles ne sont rien à côté de ce que le versant sud du monde vit tous les jours. On ne peut déranger le monde, en tirer le meilleur parti et s'exonérer des conséquences que ce désordre produit en retour.

L'Occident ne peut d'un côté, déprécier les valeurs des pays du sud en universalisant les siennes et les piétiner selon son bon vouloir quand cela lui convient.

Sous la IIIème République en France cette contradiction avait atteint des sommets. Il suffit de relire les ténors de l'époque : Jules Ferry par exemple. Inutile de se promener dans les allées de l'Exposition de 1931 à Paris où des Kanaks (dont le grand père de Christian Karembeu) derrière les grilles d'un zoo, étaient offerts au regard des curieux.

Aujourd'hui, c'est l'Ukraine qui en est victime. L'Occident, au nom de ses valeurs, sollicite la solidarité du monde après qu'il les ait méticuleusement piétinées au Viêt-Nam, en Irak, en Palestine... Tout en attendant de la Tunisie, du Maroc, de la Turquie ou de la Libye (méticuleusement détruite en 2011), de jouer le rôle de gardiens des frontières de l'Europe.-

« Le Grand remplacement »

Les manipulations d'aujourd'hui sont dans la continuité des manipulations d'hier.

Dans son livre « Le Grand Remplacement. Introduction au remplacisme global. » (2017) Ed. Chez l'auteur, 441 p., Renaud Camus a repris un passage du discours de H. Boumediene que celui-ci prononcé à l'ONU en avril 1974. Voilà ce qu'il prétend en rapporter :

« Ce n'est pas en tant qu'amis que se présentent [chez nous] les ex-colonisés. C'est ce qu'affirme très nettement le fameux discours du président Houari Boumédiène en avril 1974, à l'ONU : ‘Un jour, des millions d'hommes quitteront l'hémisphère sud pour aller dans l'hémisphère nord. Ils n'iront pas là-bas en tant qu'amis. Parce qu'ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquérront en le peuplant avec leurs fils. C'est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire'.

« On ne saurait être plus clair. Et les quarante années qui nous séparent de ce discours ont vu se réaliser une part considérable de ce qu'il annonce. Dans plusieurs capitales et très grandes villes d'Europe les indigènes sont déjà minoritaires. » (pp. 43-44)

Ici, il ne s'agit pas d'une erreur de bonne foi, mais d'un acte délibéré de désinformation. Cette affabulation est destinée à abuser prioritairement les opinions publiques occidentales en vue d'une subversion politique avec la collaboration implicite des gouvernements en place, de centre droit ou gauche, peu importe. Ces alliances apparemment contre-nature sont fréquentes dans l'histoire de l'Europe.

Le texte du discours du président algérien n'est pas toujours aisé à trouver.

H. Boumediene n'est pas davantage lu dans son pays. Les braises ont engendré beaucoup de cendres et, de la voie qu'il avait tracée, il demeure des approximations, des controverses stériles et des gouvernances ambiguës et sans repères.

Au moment où à New York, l'Assemblée Générale réunit de nombreux chefs d'Etat au chevet d'un monde dangereusement instable, dans des institutions obsolètes, qu'il me soit permis de reprendre ci-après, des fragments essentiels de son propos qui n'a pris aucune ride depuis un demi-siècle.

Le lecteur me fera la grâce de me pardonner la longueur de la citation.

DISCOURS DE H. BOUMEDIENNE À L'ONU

Mercredi 10 avril 1974

« En détenant l'essentiel des marchés de consommation des matières de base, ainsi que le quasi-monopole de la fabrication des produits manufacturés et des biens d'équipement, en détenant aussi les monopoles des capitaux et des services, les pays développés ont pu fixer, à leur guise, tant les prix des matières de base qu'ils prennent aux pays en voie de développement que ceux des biens et services qu'ils fournissent à ces derniers. De la sorte, ils se trouvent dans une position où ils peuvent drainer à leur profit et par une multitude de canaux les ressources des pays du tiers monde. Tel est le fondement de l'ordre économique mondial que nous vivons aujourd'hui.

« Aux yeux de l'immense majorité de l'espèce humaine, il se présente comme un ordre qui est aussi injuste et aussi périmé que l'ordre colonial duquel il tire son origine et sa substance. Parce qu'il s'entretient, se consolide et prospère selon une dynamique qui sans cesse appauvrit les pauvres et enrichit les riches, cet ordre économique constitue l'obstacle majeur à toute chance de développement et de progrès pour l'ensemble des pays du tiers monde. Nos peuples devraient se contenter alors, en guise d'industrialisation, d'une série de transformations superficielles telles que le montage, la confection ou le conditionnement qui ne sont autres qu'une forme nouvelle d'exploitation de leur force de travail et qui, de surcroît, privent leurs économies des potentialités réelles de création et de promotion des emplois qui ne sont contenues que dans la véritable industrialisation. (...)

« Partant, nos peuples se verraient condamnés à voir leurs forces humaines sans cesse saignées et exploitées, non seulement dans leurs propres pays, mais aussi et jusque dans les pays développés eux-mêmes où leurs travailleurs émigrés constituent aujourd'hui la composante essentielle du sous-prolétariat, et où leurs cadres techniques et scientifiques, alléchés et captés, vont chercher les occasions de promotion et de progrès dont les privent l'attente et l'immobilisme dans leurs propres pays.

« Il faudrait aussi mettre fin aux dépenses ruineuses qui n'ont rien à voir, ni avec les besoins de l'humanité, ni même avec le bien-être des peuples des pays développés. Ainsi devrait-il en être notamment des dépenses engendrées par la course aux armements et par les agressions militaires et de celles qui sont consacrées aux différents programmes spatiaux. (...)

« Pour les pays développés, il s'agit de savoir s'ils ont pris conscience de ce que leur avenir ne saurait être dissocié de celui des peuples du tiers monde. Si c'est le cas, il leur revient d'assumer les responsabilités qu'implique, pour eux, une telle prise de conscience. En particulier, détenant actuellement les leviers de la puissance économique, ils doivent accepter, comme une exigence du maintien de la paix et comme un tribut au progrès, que les pays en voie de développement récupèrent et assument la part qui leur revient dans l'animation et la direction des activités économiques mondiales. En d'autres termes, ils doivent accepter les conditions de l'émancipation économique des peuples du tiers monde et admettre les transformations que cette émancipation comporte pour l'ordre économique actuellement établi dans le monde. (...)

« Si les débats et les décisions de cette Assemblée pouvaient nous donner l'espoir d'atteindre un tel résultat, alors le développement des peuples du tiers monde et les succès à remporter sur la misère, la maladie, l'analphabétisme et l'insécurité seraient non point la revanche des pays pauvres sur les pays nantis mais la victoire de l'humanité toute entière. »

*****

Dans son discours, il n'est nulle part question de ventres-usines fabricant des migrants partant à la conquête de l'Occident pour remplacer ses populations.

Il y a près de 50 ans, H. Boumediene était à la tête des non-alignés. Dans la continuité de l'histoire de son pays, il parlait au nom de la multitude de réprouvés dans le monde et plaidait pour un avenir commun de l'humanité.

Alors qu'il tentait de discerner les chemins salutaires contournant les écueils de son temps, les incendiaires mettaient le feu au Viêt-Nam, au Proche-Orient, au Chili, en Amérique Centrale, entre l'Inde et le Pakistan, à Chypre... tandis que l'Afrique du sud vivait sous l'apartheid, que la Chine comptait 800 000 millions de pauvres, l'URSS était sous « containment », Cuba sous embargo et les transnationales occidentales jouaient à « Richesses du monde » et détruisaient la biosphère en gaspillant les ressources rares de la planète.

L'Algérie de Boumediene était sur tous ces fronts non pour guerroyer, mais pour soutenir, pour pacifier, pour assister, pour imaginer des voies d'apaisement aux conflits.

H. Boumediene avait observé que la « guerre d'Algérie », terminée dans son pays, se continuait de l'autre côté de la Méditerranée. Ayant très tôt compris cela, il avait lancé une « Politique de réinsertion » nécessaire au libre retour de ses concitoyens expatriés. Aussitôt après sa mort cette initiative fut abandonnée ainsi l'a été depuis la communauté algérienne à l'étranger.

Aujourd'hui, l'Algérie fait la queue devant les BRICS, mendiant un strapontin qu'on lui refuse à l'ombre des puissances qui comptent.

Le monde a bien changé depuis 1974. Quantitativement, les rapports de forces ne sont plus les mêmes et annoncent des bouleversements à venir. C'est ce qui explique sans doute l'animosité belliciste occidentale qui relance la course aux armements, s'entoure de « murs » et aggrave son syndrome de l'enfermement.

Lors de sa création en 1975, les membres du G7 produisaient les deux-tiers de la richesse mondiale. (Rappel : Les Etats-Unis à eux seuls à la fin de la dernière guerre représentaient 50% du PIB mondial.) Aujourd'hui, les sept n'en représentent plus que 45%.

BRICS = 3,2 milliards de personnes, soit 42% de la population mondiale.

PIB part des BRICS.

1990 = 10%

2018 = 25.5%

2022 = 31%

Mais qualitativement, les BRICS (à cinq ou à onze, peu importe) demeurent sur la défensive dans la logique westphalienne de la Charte adoptée à San Francisco en juin 1945.

L'humanité ne trouvera pas son salut (seulement) dans des batailles victorieuses autour des richesses énergétiques et minérales, des « terres rares », de contrôles de normes technologiques, de production de semi-conducteurs à la taille infime de quelques nanomètres, de maîtrise de l'intelligence artificielle, de la production de véhicules ou de batteries électriques, de débarquements spectaculaires sur la Lune ou sur Mars...

La planète Terre a un urgent besoin de sérénité et de quiétude, pour récapituler les bêtises accumulées depuis la Renaissance et la Révolution industrielle, pour apaiser toutes les blessures accumulées, pour réinitialiser notre rapport à la nature, pour imaginer un projet politique commun.

Pour renvoyer les murs édifiés et en cours d'érection aux autres murs du passé : la muraille de Chine, le mur de Troie, celui d'Hadrien ou les fortifications illusoires derrière lesquelles Constantin XI imaginait pouvoir indéfiniment perpétuer Byzance.

Boumediene pourra alors reposer en paix.



Notes

[1] Un ancien membre de l'association « France Terre d'Asile ». Depuis 2020, président de « France fraternités ».

[2] AFP, mardi 19 septembre 2023.

[3] Camille Schmoll, directrice d'études à l'EHESS. Enseigne à l'université de Paris. Membre de l'Institut universitaire de France, de l'Institut convergences migrations et du laboratoire Géographie-cités, Auteure de « Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranée » La Découverte 2020, 211 p.).

[4] https://fr.statista.com (mai 2023)

[5] https://worldmigrationreport.iom.int

[6] Dans son livre « L'Apocalypse de notre temps » (1918), éditions Ivrea, 1997, 256 p.

[7] Ce pays se distingue par une législation de plus en plus rigoriste en matière d'accueil des étrangers. On lit, parmi les conditions indispensables à l'obtention de la nationalité danoise, cette norme qui s'impose discrètement de plus en plus en Europe : la maîtrise de la langue anglaise. Cela n'est évidemment pas à cause du pouvoir exercé par le Royaume Uni qui a quitté l'Union. L'américanisation de l'Europe a précédé depuis fort longtemps, la crise ukrainienne (prétexte parmi d'autres) et la « renaissance » de l'OTAN dont le président français avait à tort annoncé la « mort cérébrale » en 2019.

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