Algérie

La « zone » des exclus


Les violences à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, en France, après le décès de deux jeunes électrocutés dans un transformateur électrique alors qu?ils étaient poursuivis par des policiers, selon des témoins, renseignent sur la fracture déchirant le corps social français. Fin juin 2005, le ministre de l?Intérieur Nicolas Sarkozy, à qui la gauche française reproche l?emploi du qualificatif « racaille », avait affirmé son intention de « nettoyer au Karcher » la cité des 4 000 à La Courneuve, également en Seine-Saint-Denis. Les cités, banlieues, sont surchargées en France en termes de représentations de stigmatisation. C?est la « zone », l?empire des « kayra » (« racaille » en argot verlan), des immigrés, des dealers, des jeunes, des amateurs de « tournantes » (viols collectifs)... La stigmatisation des cités dortoirs, érigées dans les années 50 et 60 pour accueillir la masse de l?immigration de travail qui s?est métamorphosée en immigration de peuplement, se nourrit d?une longue approche des différentes politiques menées par les gouvernements de droite ou de gauche. le cycle répression-prévention, les tentatives d?achats de paix sociale par des politiques de générosités ponctuelles, les spectaculaires destructions des « barres » en béton, etc., autant de remèdes qui ont, peut-être, contourné l?essentiel : replacer la problématique des banlieues dans le processus plus global de l?immigration et de la démocratie sociale. L?ordre républicain français semble tendre vers un nivellement complet des diversités identitaires au profit de l?idéal de l?égalité. Or le sociologue Louis Dumont a prévenu contre l?amalgame entre égalité et identité, première matrice des régimes fascisants. La création des ZEP (zone d?éducation prioritaire) a certes permis d?octroyer plus de moyens aux établissements scolaires en « zones rouges », mais elle a aussi renforcé la stigmatisation des élèves qui fréquentent ces établissements. La violence urbaine est prête à diminuer de sa densité alors que les pouvoirs publics français continuent à traiter le dossier techniquement en lieu et place, peut-être, d?une vision plus intégrée... et probablement moins intégrante.


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