Algérie - A la une


La voie et la voix
La campagne électorale pour l'élection présidentielle qui aura lieu jeudi prochain arrive à son terme. Trois semaines durant elle a nourri l'actualité, mais pas toujours de la manière. On peut même dire qu'on a plus souvent eu droit à des règlements de comptes, attaques et critiques des adversaires qu'à une véritable campagne électorale avec présentation de programmes politiques, ouverture de voies de réflexions et proposition de solutions ou alternatives. À quelques rares exceptions, les citoyens ont eu droit soit à des meetings et sorties des candidats et de leurs représentants d'une platitude navrante, soit à des discours dénonciateurs et accusateurs, avec un paquet de promesses de «faire mieux si je suis élu». Pis, on a même assisté à des dérives affligeantes où la violence a dépassé le stade de la parole et est devenue acte. L'invective, le propos haineux et la revendication colérique ont cédé la place à la lapidation, le vandalisme et l'agression physique de personnes avec lesquelles on n'est pas d'accord. Les candidats ont tous, évidemment, dénoncé cette violence. Mais la dénonciation ne les dédouane pas pour autant. Politiciens habitués aux tribunes, ils devraient savoir mieux que quiconque qu'il suffit d'un mot pour enflammer les foules. Et le mouvement d'une masse populaire peut aussi bien virer vers la liesse pacifique que vers la violence destructrice. Or, les tribuns qui ont animé les meetings durant cette campagne se sont, pour l'écrasante majorité, orientés vers le discours «violent», soit pour critiquer la gestion et la gouvernance de Bouteflika, soit pour dénoncer cette critique et les actions des mouvements, partis et personnes politiques qui s'opposent au quatrième mandat ou appellent au boycott des élections. Quant aux programmes qui sont censés apporter les solutions aux problèmes posés aux Algériens et au pays, proposer des alternatives et formuler des solutions, il faut aller les chercher, et il n'est pas évident de les trouver, car la moitié des candidats n'ont aucun programme digne de ce nom, mais juste un discours populiste construit sur la base de la critique de tout ce qui a été entrepris, sans la moindre concession, et des engagements de faire mieux, mais sans donner la «recette miracle», quand ce n'est pas des promesses utopiques, auxquelles aucune personne dotée d'un minima de bon sens, d'observation et d'analyses ne pourrait croire. Une telle situation est du pain béni pour tous ceux qui s'inscriront contre cette élection, d'autant plus qu'ils sont diabolisés par tous, dont des candidats qui critiquent ce qu'ils disent combattre, mais sans pour autant apporter l'ombre d'une solution. Au final, les électeurs mettent tout le monde, candidats, pouvoir, presse et opposants, dans le même sac avec l'étiquette «Tous les mêmes», et réagissent en conséquence. Dès lors, la raison s'aliène et ne restent plus que les convictions qui ne s'expriment pas toujours par la voix du bon sens. La violence qui s'est manifestée dans la parole et dans l'acte en est l'expression.H. G.




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