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La ville en parle
Il s'appelle Rachid Thazir, il est promoteur et il tient en otage plus de 300 familles.Son projet de construction de logements standing, situé dans la banlieue d'Aïn Smara, traîne depuis 2006 et devient une source de malheur pour ces familles qui souffrent le martyre face à cette situation ubuesque. Certains sont dans l'attente depuis huit ans. Des enseignants universitaires, des médecins, des cadres de la classe moyenne ont investi toutes leurs économies pour réaliser leur rêve de posséder un toit qui sied à leur condition.Mais au fil des ans, le rêve est devenu cauchemar devant le refus du promoteur d'honorer sa part du contrat alors qu'il a été payé rubis sur l'ongle. Selon les contrats établis pour les clients, le délai de livraison est fixé à 24 mois. Le chantier a démarré, et les clients sont passés à la caisse. Plusieurs majorations ont été décidées par la suite à leur insu, révisant le prix qui passe la barre de 5,7 millions de dinars, soit 1,5 million de dinars de plus que prévu.Passons sur le chantage qui sous-tend ces augmentations. Vous ne payez pas, vous perdez votre logement, c'est la loi du marché où les codes de la République ne protègent guère le client. Les promoteurs de Constantine le savent fort bien et ils profitent de la situation pour sucer le sang des prétendants, dans l'impunité totale. «Nous avons payé dans l'espoir de la livraison, mais il nous mène en bateau avec des promesses sans lendemain», s'indigne un acquéreur, ruiné par la location. Thazir ne montre pas la moindre sensibilité à la détresse des gens. Ses clients prennent leur mal en patience et résistent depuis des années en attendant de voir le bout du tunnel.En février dernier, ils ont reçu des convocations les invitants à s'acquitter des dernières tranches de payement avec la promesse d'une remise des clés en mars. Ils se sont exécutés, caressant l'espoir d'un dénouement proche. Que nenni ! Mars est derrière nous et les clés se trouvent toujours chez lui. «Nous sommes allés le voir pour demander des explications sur ce énième retard, mais au lieu d'une réponse rassurante il a nié avoir fait la promesse, c'est une escroquerie ! », se révolte un acquéreur, parmi le groupe que nous avons rencontré hier. L'histoire tourne au vinaigre car manifestement il y a abus. Les acquéreurs se rebiffent enfin.Hier, ils étaient une quarantaine partis au siège de l'entreprise pour s'expliquer avec le promoteur. «Il nous a fait poireauter pendant une heure et enfin il est apparu et nous a parlé pendant une minute, avec un langage violent et vulgaire . Foutez-moi la paix ! Il nous a dit », raconte un autre, encore sous le choc de la scène. «Quand est-ce qu'on aura nos logements ' en 2022 '», l'interroge l'un d'eux. «Pourquoi pas !» lui a-t-il répondu. Il utilisera en outre des mots vulgaires pour leur parler et les renvoyer de chez lui, témoigne un acquéreur.Alors non seulement ce promoteur empêche des citoyens d'accéder à leur propriété, en plus il ose les insulter avec un langage ordurier digne des mercenaires du Far west. Voici le modèle de réussite qui a pignon sur rue depuis quinze ans à Constantine. Il a le vent en poupe et se croit intouchable, aidé en cela par la mauvaise gouvernance et l'impuissance des gens simples. Cette fois, cependant, les acquéreurs semblent enfin débarrassés de leur candeur pour reprendre leurs droits. D'ailleurs ils comptent revenir samedi prochain plus nombreux pour exiger leur droit.


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