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La ville de Yemma Gouraya prise d'assaut le soir


La ville de Yemma Gouraya prise d'assaut le soir
Béjaïa des soirées très festivesAncré dans les traditions algériennes, le mois de Ramadhan est devenu l'occasion ou jamais de sortir la nuit, notamment en cette période de saison estivale.Contrairement à la journée où les rues sont vides, notamment en début d'après-midi, en fin de journée et à l'approche d'El Adhan, durant la soirée, c'est plutôt l'inverse, c'est la grande ruée au chef-lieu. La ville de Yemma Gouraya est prise d'assaut. Ils viennent des quatre coins de la wilaya, mais aussi de Jijel, du Sahel, de Ziama-Mansouria pour se détendre étant donné que la distance n'est plus la même avec l'ouverture à la circulation de la RN43. Qui pour une visite familiale, qui pour une randonnée ou une soirée festive, qui pour aller carrément s'attabler dans un salon de dégustation, tout le monde sort de chez soi pour changer d'air.Après une semaine de jeûne, les Béjaouis et les estivants qui ont choisi de passer leur Ramadhan à Béjaïa vivent désormais au rythme des soirées ramadhanesques. La phase finale de la Coupe du monde, l'autre invitée de ce mois sacré, avec les matchs d'Algérie, a pimenté les soirées nocturnes béjaouies. En effet, l'esplanade de la Maison de la culture se transforme chaque nuit en arène de football et accueille des centaines de personnes. C'est dire que tout le monde trouve son compte.Si les passants obstruent les voies qui s'avèrent trop exiguës dès 21 h, les salles de spectacle sont aussi prises d'assaut. L'animation se déroule tous azimuts, même si parfois il nous semble qu'on n'y prête guère attention. Le TRB, la Maison de la culture, l'ex-place Philippe, l'espace Sidi Soufi, la Brise de mer, reçoivent chaque soir des familles en quête de loisirs.Ceux qui pensent que le Ramadhan a cassé la saison estivale doivent se remettre à l'évidence en acceptant le verdict du terrain. L'ambiance de la saison estivale est bien présente. La différence, c'est que l'animation se fait la nuit. Des nuits animées, gaies, colorées qui se poursuivent jusqu'au s'hour en des places aussi agréables que la Brise de mer, les Aiguades, la place du 1er -Novembre (ex-place Gueydon).Le Théâtre régional Malek-Bouguermouh, a lui aussi, concocté un programme spécial Ramadhan où les habitués de ce «bel édifice» n'ont pas dérogé à la règle en se rendant pour apprécier une soirée chaâbie, suivre une pièce théâtrale ou plutôt une projection cinématographique. Ainsi, les amateurs de théâtre ont eu la possibilité durant la première quinzaine du mois de Ramadhan d'apprécier une nouvelle oeuvre du Théâtre régional de Béjaïa, une pièce de Kateb Yacine, intitulée Le Cadavre encerclé dans une mise en scène de Djamel Abdeli et de Omar Fetmouche. Une nouvelle adaptation de la pièce, en somme. Le 7e art figure également au menu des activités, aussi bien dans la soirée que dans la journée. A la Cinémathèque de Béjaïa comme à la Maison de la culture, le public est invité quotidiennement à une projection cinématographique, aussi bien pour adultes que pour enfants.Rencontrée à la Maison de la culture, une famille, les époux et leurs deux enfants nous déclare: «Les soirées ramadhanesques nous permettent de sortir le soir et de se retrouver en famille et entre amis afin de savourer quelques heures de bonheur histoire d'oublier un tant soit peu les affres du jeûne pendant la journée. Je dirai qu'à Béjaïa nous avons l'embarras du choix sur tous les plans, galas, exposition, projection de films et autres pièces théâtrales ainsi que les matchs de la Coupe du monde, notamment ceux de notre Equipe nationale» nous déclare le mari avant que sa conjointe le paraphrase: «Le Ramadhan est un mois unique dans l'année. Il nous a permis de sortir le soir, découvrir ce monde nocturne qui reste durant onze autres mois de l'année le panache des hommes. C'est notre première sortie durant ce mois, je dirai que je suis satisfaite en attendant de découvrir d'autres spectacles à l'avenir.» Leur fille, âgée d ?à peine neuf ans, semblait toute heureuse: «Je suis contente de cette soirée en famille. Ça va être un bon souvenir pour moi et j'espère voir d'autres spectacles aussi durant ce mois de Ramadhan. D'habitude c'est la plage en cette période, mais comme c'est le mois du jeûne, donc on s'amuse durant les soirées.»En ville, l'ancienne ville ou plutôt la haute ville comme on aime l'appeler ces derniers temps, l'heure est plutôt au retour au terroir avec en prime des récitals de «medh dini» et autres soirées chaâbies typiquement béjaouies. La mythique place de Sidi Soufi est au rendez-vous de la qaâda, comme chaque année. C'est cheikh H'sinou Fadli, le Guerouabi de Béjaïa qui ouvre le bal des soirées en donnant une impression durable de ce que devraient vivre cette place et les adeptes du chaâbi, durant ce mois de Ramadhan.Dans les autres communes et autres villages de la wilaya de Béjaïa, le manque de loisirs est flagrant. Les gens attendent toute l'année les quelques fêtes nationales, culturelles ou encore le mois de Ramadhan pour sortir, un tant soit peu, de la routine et de l'ennui grâce à quelques animations artistiques, théâtrales ou sportives. Aujourd'hui, la situation est peu reluisante dans ces régions d'où le choix de ses habitants de descendre chaque soir, notamment le week-end, au chef-lieu de wilaya où les soirées sont plus animées avec leurs différents choix artistiques. Saïd, un jeune habitant de Seddouk, rencontré à Béjaïa, a bien voulu nous brosser un tableau de la situation dans sa région. «Le bon vieux temps où les animations nocturnes se succédaient dans la ville de Seddouk durant tout le mois de Ramadhan n'est plus qu'un vague souvenir. Le Centre culturel qui nous a habitués à des soirées bien animées semble avoir perdu sa vocation. Les galas, les pièces théâtrales, les films à la Cinémathèque... c'est de l'histoire ancienne. Franchement, les soirées du Ramadhan ne sont pas du goût des jeunes et des habitants de Seddouk, cette année. Faute d'endroits où se divertir, il ne nous reste que les cafés pour jouer aux cartes et autres dominos ou bien s'organiser pour faire un saut à la belle ville de Yemma Gouraya». Même constat à travers les autres villages de Béjaïa. Après la rupture du jeûne, les gens s'occupent comme ils peuvent, les fidèles vont à la mosquée pour la prière des tarawih, les fans de dominos et de jeux de cartes prennent d'assaut les cafés, les jeunes déambulent dans les rues et ruelles ou prennent place au niveau des placettes des villages pour discuter. Quant aux femmes, c'est pour aller passer la soirée chez des parents. Pour les autres personnes, les sédentaires, il y a les programmes télés.


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