Algérie

La vie ne tient qu?à un fil


El Kadhafi, le roi libyque de l?empire d?à côté, a raison de s?inquiéter pour Abdelaziz Bouteflika et de biper Alger tous les jours de son téléphone portable. L?Algérie sans leader n?est rien, tout comme un couffin sans anses ne sert à rien ou une chekhchoukha sans sauce est immangeable. L?Algérie des hiérarchies féodales est ainsi faite, construite de haut en bas comme une pluie de saison, selon une ligne directrice bien verticale, avec la prérogative de (dé)nomination comme mesure de (ré)torsion. Ce qui explique que depuis l?absence du chef de l?Etat, aucun ministre ne parle, aucun officiel ne sort, aucun gouvernant ne ment et aucun chantier n?est inauguré, Amar Ghoul lui-même ayant arrêté les trémies, ce qui ne lui était jamais arrivé. Tout ne tient finalement qu?à un fil, à un seul homme, à un seul courant d?air qui vient toujours du même côté pousser la même voile vers le même rivage. A part le médecin généraliste Ahmed Ouyahia qui offre à la population des bulletins de santé truqués comme un scrutin, personne ne s?exprime, comme si chaque officiel avait peur qu?on répète au Président ce qu?il a dit en son absence, étant entendu que les répéteurs sont souvent des transformeurs et des menteurs. Mais si chacun a évidemment peur qu?au retour du Président, Mouammar El Kadhafi n?en profite pour une visite de quelques mois, l?absence de Abdelaziz Bouteflika aura eu quelque chose de reposant. D?abord l?ENTV, qui n?est plus obligée de suivre le Président quand il va boire un verre d?eau, diffuse des choses normales dans un pays qui fait semblant de l?être. Ensuite, le temps semble s?écouler sans bruit, sans les interventions des dirigeants qui disent souvent n?importe quoi. Un peu de repos ? Après une succession de votes, d?intrigues et de guerres d?appareils, le pays en avait bien besoin. Envoyer 33 millions d?Algériens au Val-de-Grâce ? Pourquoi pas, les 50 milliards de dollars que personne n?a encore vus pourraient au moins servir à ça.


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