La Tunisie et nous

L'été sera indéniablement tunisien. Il ne sera pas forcément festif ni touristique mais dramatique, crucial pour la survie de tout un peuple. Daech a frappé nos voisins de l'Est dans le c?ur, et au-delà des morts physiques, c'est la mort économique d'un peuple qui prend forme sous les yeux indifférents du monde. Il ne suffit plus de condamner par les mots les actes terroristes d'une horde autoproclamée porte-parole du Divin, l'urgence est de s'inscrire par le verbe et l'action aux côtés du peuple tunisien, en se solidarisant avec lui et en ne décrétant pas le pays comme zone de guerre.Si les Européens, à l'image des Anglais, ont décidé de rappeler leurs touristes, l'Algérie doit au contraire encourager ses concitoyens à aller en force passer leurs vacances là-bas. En signe de solidarité, et en plus de l'aide militaire que peut apporter l'Algérie, de par sa grande expérience dans la lutte antiterroriste, les citoyens algériens peuvent participer à cet effort de guerre en ne changeant pas leurs habitudes. Frapper la Tunisie dans son industrie touristique équivaut à interdire à l'Algérie l'accès à ses hydrocarbures, ce qui conduit inévitablement à perdre cette bataille contre le terrorisme. Le danger d'ailleurs est multiplié par deux si on compte le nombre de chômeurs que cette situation peut engendrer dans son sillage avec les risques d'une explosion sociale. Un terrain fertile pour le retour de l'islamisme politique à nos portes.La Tunisie comme l'Algérie ou la France ni aucun pays au monde ne peut être à l'abri du passage à l'acte d'un loup solitaire, soluble dans la communauté, inconnu des services de sécurité, impossible à intercepter. Tous les services de renseignements craignent ce cas de figure d'un acte isolé qui peut faire plus de dégâts qu'un commando structuré. Et c'est ce qui s'est passé à Sousse où un étudiant sans histoire a mis tout un pays à genoux assassinant au passage 38 personnes innocentes qui n'étaient concernées ni de près ni de loin par les frappes de la coalition contre les positions de l'Etat islamique en Syrie et en Irak.La Tunisie ne doit pas mourir alors ne la laissons pas mourir. Si le reste du monde refuse dorénavant d'y aller, rendons-nous en masse en Tunisie, profitons de ses belles plages et de ses infrastructures, dépensons notre argent pour passer un bon moment sous la protection des Tunisiens mêmes. Parfois, mieux vaut une plage abordable et propre même avec un soupçon de danger qu'un bout de sable hors de prix où on vous fait savoir que vous n'êtes pas le bienvenu.