Algérie - A la une

La tragédie du FLN
Un parti toujours en «mouvement»L'histoire du vieux parti est un tissu fait d'intrigues et de coups bas perlé de moments de paix.Pour des scénaristes avisés, il y a matière à un vrai feuilleton restituant la tragédie d'un parti qui a concentré tous les conflits qui meurtrissent le pays: rivalité civil-militaire, putschs, coups d'Etat scientifiques, redressements et démissions. Auréolé d'une des plus belles, des plus héroïques victoires sur le colonialisme dans le monde, le FLN prend le pouvoir en 1962 et s'en assure l'exclusivité en instaurant le système de parti unique. Mohamed Khider prend les rênes du jeune parti en tant que secrétaire général. A peine une année après l'indépendance alors que la rébellion des wilayas III et VI battait son plein contre le pouvoir personnel de Ben Bella, les premières fissures apparaissent au sein du FLN. Le 17 avril 1963, Khider démissionne de ses fonctions de secrétaire général du FLN. Il s'exile en Europe. C'est le président Ahmed Ben Bella, également Premier ministre, qui cumule la fonction de secrétaire général du FLN d'avril 1963 à sa déposition en juin 1965. A Ben Bella succède Cherif Belkacem qui a fait long feu. Victime d'une cabale il s'efface en 1967 et quitte totalement la vie politique. Il a été éjecté au profit du bouillonnant Kaïd Ahmed. Ce dernier s'est opposé à la politique de l'ancien président Houari Boumediene. Il a osé aller à contresens de la révolution agraire et surtout de la nationalisations des terres agricoles. La foudre de la malédiction s'abat sur lui et il tombe en totale disgrâce. Il est exclu du parti et meurt exilé le 5 mars 1978 à Rabat au Maroc. Vint alors le tour de Mohamed Salah Yahyaoui. Militaire, il a été à la tête de l'Académie interarmes. Arabisant de formation et de culture, il se voyait digne successeur du président Houari Boumediene. Contre toute attente, c'est Chadli Bendjedid qui a été adoubé par l'armée et élu à la tête de l'Etat. A son tour il évince Yahyaoui pour placer à la tête du parti Cherif Messaâdia, idéologue, politique et militant rompus aux arcanes du parti, il a eu à gérer les grands événements de cette formation avec une poussée politique de l'opposition clandestine très virulente. Quant à Yahyaoui, il est redevenu simple militant jusqu'à disparaître totalement de la scène politique. Et la noria continue, roule. Arrivent brusquement les événements d'octobre 1988 qui avaient scellé le sort de Messaâdia. Envoyé à une réunion de l'UMA à Rabat, Chadli lui demande de ramener avec lui lambassadeur d'Algérie en poste, un certain...Abdelhamid Mehri., le patron du FLN ne savait pas qu'il venait de signer son arrêt de mort. Alors que l'avion d'Air Algérie atterrissait à l'aéroport, une voiture qui attendait sur le tarmac conduit Abdelhamid Mehri directement à la Présidence. L'idéologue n' y a vu que du feu. Il est remplacé par Mehri. Au suivant! On est en 1992, l'Algérie organise les premières élections législatives libres de son histoire. Terrible gifle pour le FLN. Désavoué, il se classe troisième derrière le FIS dissous et le FFS de Hocine Ait Ahmed. Le processus électoral est arrêté, l'Algérie sombre dans la folie meurtrière, la guerre civile fait rage et le FLN, pour la première fois de son histoire vers dans l'opposition. «Les mauvaises fréquentations» de Abdelhamid Mehri qui s'est rallié à Hocine Ait Ahmed. Une situation très gênante pour le pouvoir à l'époque qui a secrété une incroyable trouvaille! «Le coup d'Etat scientifique.» C'est ainsi que Mehri a été évincé pour retrouver à sa place le fade Behamouda. Effacé et discret, il passe à la tête du FLN sans grand relief avant d'être débarqué par un jeune loup et ambitieux Ali Benflis. Ce dernier qui a pris les rênes du parti de 2001 à 2003 a eu le métrite de redonner pour la première fois au FLN sa majorité au Parlement. On raconte qu'en 2002, ayant appris la victoire de son parti alors qu'il était sur un lit d'hôpital Chérif Messaâdia a fait un pic de glycémie. Emporté par cette euphorie du succès de son parti, Ali Benlis caressait le rêve légitime de devenir président. Il venait de franchir le Rubicond et il se fait éliminer du parti. Un mouvement de redressement conduit par Abdelaziz Belkhadem qui prend les rênes de 2005 à 2013. Les crises s'empilent, s'accumulent et un mouvement de redressement en chasse un autre. Belkhadem alors confortablement assis sur le trône chavire une première fois quand les révoltes arabes portaient les islamistes au pouvoir. Au second dérapage, il se fait éjecter lui aussi par un mouvement de redressement et voilà le bulldozer Amar Saâdani qui arrive avec fracas et vrombissements. Armé d'un poignard, il descend dans la cage aux lions et mène son combat. De retour, la donne change, et le voilà démissionnaire. Et la noria du FLN continue. Mais, à coup sûr, elle n'entraînera pas une révolution. Le FLN n'en a fait q'une et unique. Comme des chaises musicales, ce sera tout au plus un changement de postes et de rôles dans la symphonie politique nationale. Le vieux parti est une machine qui carbure aux cadavres de ces militants, fussent-ils les meilleurs.



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