Algérie - Touaregs

La résistance des Touaregs (1881)


1- Introduction

Cette insurrection constitue le prolongement des résistances populaires qui s'étaient généralisées en Algérie au cours de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle et démontré aux autorités coloniales que le Sahara algérien était un autre haut lieu de la résistance.

En effet, après avoir occupé le Nord, la France avait entamé sa pénétration en Algérie par l'envoi de missions militaires et d'expéditions successives en vue de préparer la phase d'occupation des régions sahariennes.

Cependant, les populations Touaregs avaient combattu ces missions qui, sous des prétextes scientifiques, avaient en réalité des visées expansionnistes

2- Causes de la Résistance des Touaregs

Les études académiques qui ont abordé la résistance des Touaregs dans la région du Hoggar ont démontré de façon indiscutable que l'essence de cette révolte était le refus du colonialisme. A l'instar de toutes les révoltes et résistances populaires qui avaient caractérisé la deuxième moitié du 19ème siècle, celle-ci revêt incontestablement une dimension spirituelle qui unifiait les populations et les incitait à combattre l'ennemi français où qu'il fut , parce qu'il représente un élément étranger portant l'étendard de l'impiété. C'était là un sentiment qui prédominait chez tous les peuples musulmans et arabes y compris le peuple algérien dans son ensemble.

Il faut savoir aussi qu'il existait de nombreuses confréries religieuses ayant leurs adeptes dans ces régions sahariennes lointaines parmi lesquelles la confrérie Senoussya qui englobait les régions du Hoggar avec de nombreux adeptes et disciples.

La deuxième cause fut la découverte par les populations Touaregs des véritables motivations cachées derrière les missions françaises qui se sont succédées dans la région et qui consistaient en réalité à mettre en place les voies susceptibles de faciliter l'occupation et la domination de la région par la France, et encourager la christianisation parmi ses populations.

3- Etapes de la résistance des Touaregs

A l'instar de toutes celles qui l'ont précédée, la résistance des Touaregs est passée par des étapes historiques remarquables en raison de la nature de la région que la colonisation n'avait pénétrée qu'au dernier quart du 19ème siècle, c'est-à-dire une fois que les choses se soient relativement stabilisées dans les autres régions du territoire algérien.

- Première étape : Echec des premières missions

Les populations touaregs ont estimé nécessaire de faire face à ces missions de reconnaissance et de prospection et de tout mettre en œuvre pour les faire échouer car leur objectif consistait en réalité à préparer le terrain à l'occupation de la région. Tel fut effectivement le cas pour bon nombre de ces missions dont nous citerons la mission de Dornot Duperré et Joubert en 1874 dont les membres furent tués par les Touaregs près de Aïn Azhar. Les missions religieuses subirent le même sort puisque les prêtres Bouchart, Minory et Boulimy furent tués près de Aïn Salah en 1876, outre l'échec de la mission Irwin Dubarry en 1877..

- Deuxième étape : Emergence du cheikh Amoud

Cheikh Amoud fut l'un des résistants et héros des révoltes populaires durant cette période. En effet, lorsque l'intérêt des Français pour le Sud algérien se développa, la résistance du Cheikh Amoud se manifesta en tant que défi nationaliste lancé à la puissance coloniale. Les actions au cours de cette résistance consistèrent à liquider toutes les missions aussi bien religieuses que militaires. La mission la plus notoire fut celle qui était conduite par le colonel Flatters puisqu'elle entrait dans le cadre du mouvement d'expansion de l'occupation vers l'extrême sud.

En effet, partie de Ouargla le 5 mars 1880 au matin, elle traversa le Grand Erg oriental, son objectif réel étant la recherche de voies susceptibles de permettre l'occupation du Sahara, reliant par là toutes les colonies françaises dans le continent africain. C'était une mission à la fois importante et dangereuse, qui permit à Flatters d'être promu au grade de colonel.

A son arrivée dans la région de Tiamaynine, ses tentatives d'entrer en contact avec les chefs touaregs des Ajjers et du Hoggar afin de lui faciliter sa mission essuyèrent un refus. Cependant, il poursuivit sa route en direction de la région du Gatt, mais aussitôt arrivé avec ses troupes au lac de Menfough, il trouva la route coupée. Il essaya néanmoins d'avancer plus loin jusqu'à ce qu'il tombe sur les Touaregs, prêts à engager la bataille.

Se trouvant ainsi cerné de toutes parts, Flatters fut contraint de s'enfuir pour retourner à Ouargla où il parvint le 17 mai 1880. C'est ainsi que sa première tentative connut un échec cuisant.

Le 14 Décembre 1880, Flatters entreprit une deuxième mission à partir de Ouargla dans le même but, à savoir collecter des informations sur la région afin d'en faciliter l'occupation. Il prit la route du Tassili, traversant le Grand Erg oriental, en suivant l'Oued Iferghar en direction d'Amfid et du Hoggar où il parvint le 18 janvier 1881 et de là, à la colline de Tinfart, Aîn Ziman vers la Sebkha de Amedghour et Tikhchine.

En février, la mission parvint à la région de Bir el Ghrama. Dès son arrivée, les tribus touaregs sous le commandement de leurs chefs dont Cheikh Amoud et Ahitghel lancèrent une attaque rapide contre les troupes françaises qui ne purent riposter. Le colonel Flatters, chef de la mission, fut tué avec certains de ses compagnons, parmi lesquels messieurs Roche, Ghiar, Marçon, Denory et Debanort ainsi que beaucoup d'autres que les sources françaises n'ont pas évoqués et qui sont tombés dans l'oubli.

- Troisième étape : Répercussions de la résistance des Touaregs sur la situation au Sahara

La liquidation de la mission du colonel Flatters le 16 avril 1881 est considérée comme le début d'une nouvelle étape dans la résistance des Touaregs dont les répercussions sur la résistance populaire furent positives, assurant sa continuité et mettant d'autre part momentanément un terme aux ambitions du colonialisme d'occuper le Sahara

4- Réactions des autorités coloniales

Cette situation poussa les autorités françaises à réfléchir à la mise en place d’un nouveau plan conforme à sa politique d'occupation du Sud et ce, à travers la création de postes militaires avancés au cœur du Sahara afin de faciliter à l'avenir le travail des missions. C'est ce qui se produisit au cours des années 1893 et 1894.

Par ailleurs, cette étape constitua un second souffle pour la résistance des populations de l'extrême sud. C'est ce qui arriva à la mission de Colo lequel fut tué le 31 octobre 1891 avec ses hommes dans la région d'El Goléa.

Toutefois, la poursuite par l'ennemi de la liquidation des soutiens de la résistance à travers les massacres commis sur les insurgés lui a permis d'établir sa présence dans cette région.


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