Algérie - A la une

"La répression fait partie du génome du pouvoir"


Il estime qu'il est "absurde" d'organiser une quelconque élection sans le départ du système.L'ancien premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) et également l'un des détenus d'Avril 1980, Saïd Khelil, était, ce jeudi soir, l'hôte de la section du Rassemblement actions jeunesse (RAJ) de Haïzer, localité sise à 10 km à l'est de Bouira, afin de débattre et d'analyser la situation politique qui prévaut dans le pays. Ainsi, et après avoir fait un bref historique sur l'Algérie post-indépendance, le conférencier a estimé que le "désordre politique" actuel avait pris racine au lendemain de l'indépendance. "Pour comprendre la crise multiforme que nous traversons, il faudrait tout d'abord assimiler le fait que l'Algérie et son peuple ont toujours été au c?ur d'une guerre des clans et de pouvoir, et d'où l'institution militaire a toujours tiré les ficelles", a-t-il souligné. En effet, et d'après le docteur Khelil, le peuple algérien n'a jamais eu le droit de choisir son président. Selon l'hôte de Haïzer, l'armée a toujours réussi à garder les rênes du pouvoir en mettant à la tête du pays "ses hommes". "C'est tout de même assez triste de constater qu'à aucun moment de son histoire contemporaine l'Algérie n'a eu une seule élection libre et démocratique, où le peuple a élu celui qui doit le représenter", a-t-il déploré, avant de rappeler brièvement des faits historiques qui traduisent, selon l'orateur, la "tragédie algérienne". "Nous avons vécu le drame de la liquidation des chefs de la Révolution, des coups d'Etat et de la dictature. Nous avons aussi vécu le résultat de la transition de 1988 lorsqu'on a laissé le régime piloter les réformes", a-t-il mis en surbrillance. Abordant la révolte populaire du 22 février, laquelle avait commencé le 16 février à Kherrata (wilaya de Béjaïa), le conférencier s'est dit émerveillé par autant d'éveil et de maturité politique et surtout par le pacifisme exemplaire des Algériennes et des Algériens. Cependant, l'ancien premier secrétaire du FFS a, dans son intervention, particulièrement insisté sur la "sauvegarde" de cet aspect pacifique des marches contre le système, tout en prévenant que le pouvoir a ce "don" de mener toute contestation vers un aspect violent et chaotique. "La répression fait partie du génome du pouvoir. Provoquer pour mieux mener à l'embrasement et, ensuite, réprimer sans retenue, c'est dans l'ADN du système, et le mouvement populaire doit à tout prix garder l'aspect pacifique", a-t-il mis en exergue. Et d'ajouter : "Nous avons vu comment le pays a basculé dans la violence, comment il s'est mis sur la voie de la régression et comment les acquis de 88 ont été résorbés avant de finir par basculer dans une dictature molle avec l'arrivée de Bouteflika." Commentant l'actualité et surtout la transition politique dans notre pays, laquelle peine à se dessiner, et surtout l'"obsession" du pouvoir à aller vers des élections que tout le monde rejette, Saïd Khelil estime qu'il est "absurde" d'organiser une quelconque élection sans le départ du système. Ainsi, et pour appuyer ses dires, ce qu'il faudrait, c'est "un compromis historique" entre l'institution militaire et le peuple, afin de garantir que la situation ne dérape pas vers des règlements de comptes et qu'il s'agira plutôt d'un changement profond à apporter.
RAMDANE BOURAHLA


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