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La qualité "made in" Mebarki


La qualité
Améliorer la qualité de l'enseignement, c'est le leitmotiv du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.Invité à s'exprimer sur les ondes de la Radio nationale, dimanche matin, Mohamed Mebarki place l'année 2014-2015 sous le sceau de «l'approfondissement des réformes avec pour objectif essentiel l'amélioration de la qualité de l'enseignement». Lors de son intervention, le ministre a tracé les grandes lignes des objectifs fixés pour l'année universitaire en cours. Faire reculer les déperditions, essayer de s'ouvrir sur l'environnement socioéconomique et s'aligner sur les normes internationales pour améliorer la qualité des formations, tels sont les défis annoncés. Pour ce qui est du dernier point, le premier responsable de l'enseignement supérieur détaille même les mesures prises. Il s'agira d'abord, selon M. Mebarki, de revoir le contenu des programmes et les profils des formations.«Il faudra aussi approfondir les critères de spécialisation et renforcer le socle commun. Il faut augmenter les formations à caractère professionnel. Il s'agira également de mieux organiser le passage de la licence au Master», s'enthousiasme-t-il. Le ministre se paye même le luxe de fixer un échéancier clair pour faire aboutir ces réformes qui ne disent pas leur nom : «ça commence à partir de cette année et ça prendra une année pour régler et affiner?» Une décade après l'engagement des réformes du secteur et l'installation du système LMD, l'université se débat dans des crises multiformes.Dix ans plus tard donc, la juxtaposition de deux systèmes d'enseignement et les dysfonctionnements du LMD se posent toujours. «Les conditions ne sont pas encore réunies pour procéder à une évaluation globale du système LMD», reconnaît-il. Alors, comment améliorer un système sans avoir au préalable fait au minimum, un bilan d'étape ' Dix années, n'est-ce pas un cap important ' «Il y a une évaluation permanente faite par des experts, des pédagogues et des commissions locales et nationales. Il faut procéder à la correction des dysfonctionnements qui apparaissent», assure-t-il. Cela ne sonne-t-il pas comme un aveu de «navigation à vue» dans la gestion d'un secteur crucial pour le développement du pays 'La qualité se payeLe ministre, qui conteste des classements internationaux des universités ? sévères avec les établissements algériens parce qu'ils ne «prennent pas en considération les éléments de la politique algérienne en matière de développement de l'enseignement supérieur» ? semble oublier que la qualité de la formation est tributaire de nombreuses autres qualités : celle des gestionnaires des établissements universitaires qui les dirigent, souvent sans accorder d'attention aux valeurs de la bonne gouvernance, d'abord ; celle de la valeur des encadreurs ensuite et les critères d'accès aux postes ; la qualité des apprenants aussi est à mettre en relief, des étudiants dont la formation initiale (éducation nationale) est plus boiteuse encore que sa suivante.Et, «the last but not least», la valeur des moyens mis en place pour faire valoir toutes ces qualités. Alors que M. Mebarki insiste encore, et c'est de bon augure, sur l'importance de la politique de démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur, il est utile de noter que l'Etat consacre une moyenne de 2 000 euros pour chaque étudiant algérien là où les pays développés ou émergents y consacrent cinq fois plus. La qualité se paye. Face à cette politique de démocratisation et l'inadaptation du secteur à accueillir dans les meilleures conditions le nombre important d'apprenants, l'université verse dans la gestion des flux plutôt que dans de la qualité de l'enseignement. Et c'est une obligation contraignante pour les responsables des établissements, qui en plus sont astreints à des pressions politiques, qui finissent par dissoudre toutes les normes de gestion de l'enseignement.Cet état de fait a réduit ces responsables à de simples agents de la circulation sans autorité. Cette autorité indispensable pour un déroulement serein des formations. Il n'y a qu'à voir le nombre de contestations pour des raisons souvent invraisemblables qui secouent à longueur d'année les établissements pour mesurer l'impact de cette absence d'autorité. Une carence qui remonte les échelons jusqu'au plus hautes instances, marquant ainsi l'impossibilité de gérer ; elle provoque aussi une incapacité chronique à engager des réformes profondes. Alors, la navigation à vue devient la seule voie de gestion?




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