L'entretien des espaces publics, la protection de l'environnement et la propreté ordinaire est «l'affaire» de tous. On a entendu ça, depuis toujours, sous toutes les latitudes, à chaque instant et dans toutes les déclinaisons linguistiques. On l'a tellement entendu qu'on a fini par le croire sans discernement. Mais de telles certitudes cachent toujours d'autres : si la propreté est comme on a fini par nous en convaincre est «l'affaire de tous», c'est qu'il en est de même pour son contraire : la saleté serait de la responsabilité de tous aussi. Voilà donc que les Algériens seraient irrémédiablement sales ! Pourtant, il suffirait juste de compléter la formule : la propreté est l'affaire de tous mais il y a des gens qui sont payés pour ça, il y a un budget, des services entièrement dédiés à l'activité, des personnels pléthoriques, un, voire deux ou plusieurs ministères... Mais avant ça, on pouvait commencer par ce paradoxe que tout le monde serine à l'envi : les Algériens sont d'une propreté et d'une hygiène irréprochables à partir du seuil de leur porte ! Du coup, on ne sait plus si la sentence est destinée à les accabler ou les dédouaner de leur part de responsabilité dans l'état lamentable de leur environnement. Parce qu'il ne faut pas qu'on s'y méprenne : reconnaître sa responsabilité dans une situation de dégradation ne tient pas forcément de l'autoflagellation. Ce sont les gouvernants qui, pour masquer leur incurie de gestion ? quand ce n'est pas autre chose ou les deux à la fois ? entretiennent la thèse du «tous responsables», pour laquelle ils savent il y a toujours des disponibilités à l'écoute. Et plus qu'on ne l'imagine, puisque pour beaucoup de monde, la «chose» est maintenant une certitude. Aucun maire, aucun wali, aucun responsable de service public n'a eu à rendre des comptes sur les villes-poubelles, les quartiers nauséabonds, les plages pourries et les rues invivables. Mais cycliquement, des «campagnes de nettoyage» sont soufflées à un «mouvement associatif» en mission commandée. Il suffit d'y accoler les scouts, quelques agents de police ou de la Protection civile, une équipe de l'ENTV et le tour est joué : l'Etat veille toujours à la qualité de votre environnement, surtout quand des citoyens modèles y apportent leur «contribution». Pour convaincre, on n'hésite pas à jouer sur le contraste de l'avant et l'après. Bien évidemment, on sait qui est responsable du premier. Et qui a réussi le second. Vous voulez que votre air soit plus respirable ' Vous savez ce qui vous reste à faire. Vous en prendre à vous-même et retrousser les manches. Ceux dont c'est le métier, ceux par qui les budgets passent et ceux qui sont censés y travailler tous les jours, on n'en parle même pas, ils font leur travail. Ça ne se voit pas ou quoi 'S. L.
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Posté Le : 07/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com