Algérie

La pomme de terre, une fatalité féconde



Le prix de la pomme de terre n’est jamais redescendu en dessous des 50 DA/kg depuis plus de six mois. C’est là un gros revers de performance de l’agriculture algérienne qui résume à lui seul toutes les limites de la politique économique des dernières années.

La polémique en fleuret moucheté entre le ministre de l’Agriculture et le ministre du Commerce, qui se rejettent la responsabilité de la cherté de ce produit alimentaire de base, n’aide pas à la clarté. Le premier parle de spéculation des distributeurs mal traquée et le second dément que les prix soient artificiellement maintenus élevés par des stockages spéculatifs. La non-maîtrise de la formation des prix de production de la pomme de terre a pour impact un chapelet de conséquences. Elle fait varier du simple au triple le prix de marché d’une année à l’autre. Elle provoque des réductions drastiques des surfaces utilisées ou leur expansion en fonction du yoyo de la rentabilité de la pomme de terre l’année précédente. Les cycles de rareté comme celui de la saison 2006-2007 pèsent sur le niveau des prix en général — le FMI note que le rebond de l’inflation à partir de septembre 2006 est tiré par les produits alimentaires. Elle empêche la réduction de la facture alimentaire dans les importations, un objectif poursuivi par les gouvernements successifs mais qui ne donne pas encore d’inflexion significative. En fait, c’est tout le slogan "d’auto-satisfaction alimentaire" sur les produits principaux agité depuis des années par le docteur Saïd Barkat, ministre de l’Agriculture, qui est mis en interrogation avec la crise de la pomme de terre. Voilà une spéculation agricole qui s’est rapidement développée au début des années 2000 avec l’arrivée du programme national de développement de l’agriculture (PNDA). Les volumes de production ont changé d’échelle par simple effet d’extension des superficies emblavées, grâce aux aides publiques aux exploitants. M. Barkat lorsqu’il vante son bilan ne dit rien d’autre que cela. Le nombre de wilayas produisant de la pomme de terre est passé de 5 à 14 et dépassera 20 dans les deux années qui viennent. La consommation annuelle par tête, de 30 kg au début du cycle, a quasiment doublé. Les prix de 20 DA/kg obtenus il y a deux ans n’étaient pas le résultat de meilleurs rendements de production, mais d’un préjudice direct aux producteurs, victimes d’une offre abondante non ajustée au marché. C’est en partie ce qui explique le retournement du cycle. Mais en infime partie seulement. Car à la source de la crise, la majeure partie des exploitants l’affirme, il existe le problème de l’accès aux semences de pomme de terre. Elles interviennent pour 70% dans les coûts de production et restent désespérément exposées entièrement aux monopoles des importateurs et de leurs fournisseurs. Le grand boom de l’agriculture s’est essoufflé dès que l’effet "extensif" du PNDA a commencé à se ralentir. Désormais, il ne suffit plus de jeter de nouvelles quantités sur le marché mais d’ajuster, grâce à des coûts compétitifs, une offre de produits alimentaires de base à une demande qui réagit de plus en plus aux prix de marché dans un contexte qui permet la substitution. Une agriculture moderne intensive ? Les autorités ont un défi de retard. La preuve, la production de semences de base de pomme de terre en Algérie engagée par le secteur privé n’a jamais obtenu le soutien du ministère de l’Agriculture. Le secteur de Barkat comme l’essentiel de l’économie algérienne regarde vers les importations comme "une fatalité féconde".



nous voulant l'histoire de hamma bouziane, dés le début svp
kaiber med - agent de sécurité - hamma bouziane
30/05/2010 - 5397

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