LA PLUIE A ENCORE TUÉ Oran Un effondrement, 3 morts et des émeutes

Les intempéries ont fait trois nouvelles victimes hier à Oran suite à l'effondrement d'une bâtisse classée «menaçant ruine» dans le quartier d'El-Hamri. Un drame de trop pour les habitants de ce quartier, l'un des plus vieux de la ville d'Oran, qui ont durant une bonne partie de la journée d'hier exprimé leur colère en bloquant la circulation au niveau du boulevard mitoyen de Cheikh Abdelkader (ex-Alexandre de Yougoslavie). La situation aurait bien pu dégénérer après l'arrivée des forces de l'ordre, qui ont essuyé des jets de projectiles, si ce n'est l'intervention des sages du quartier qui se sont placés en première ligne pour calmer les esprits surchauffés. Après de longues discussions entre des responsables de la daïra et de l'administration communale, et des représentants des habitants, il a été convenu de la création d'une commission représentative des citoyens dont les habitations menacent ruine, laquelle devra se réunir dès dimanche avec le chef de daïra pour étudier les doléances au cas par cas dans la perspective d'un relogement des familles sinistrées, nous a confié l'administrateur de l'APC d'Oran, M. Mebarki Mohamed. Après la mort tragique dans la nuit de lundi à mardi d'une vieille dame âgée de 62 ans au lieu-dit «Kouchet El-Djir» dans le quartier des Planteurs, le bilan des victimes des effondrements causés par les dernières pluies vient de s'alourdir de trois nouveaux décès. Trois femmes d'une même famille, la mère, Mihoub Zoubida, et ses deux filles Zohra et Sabrina, âgées respectivement de 64 ans, 44 ans et 27 ans, ont été tuées en plein sommeil, suite à l'effondrement des deux dalles de leur habitation (R 1) située au 26, rue Izidi Miloud, (ex-rue de Castille) à El-Hamri. Selon le témoignage du père Abdelkader, qui s'en est sorti avec des blessures légères, «aux environs de 4h du matin, on a entendu deux fortes déflagrations. Le temps de se lever, tout s'est effondré au-dessus de la chambre où dormaient les trois femmes». En outre, une personne sans domicile fixe (SDF) a été emportée par les eaux au niveau de la localité de Saint Rock sur la corniche oranaise. Le SDF âgé d'une quarantaine d'années a été emporté par les eaux au niveau de la plage et s'est cogné la tête contre un rocher. D'autre part, plusieurs effondrements partiels se sont produits durant la nuit de mardi au niveau des quartiers populaires. Bilan: quatre blessés dans deux effondrements à Haï Derb et Kouchet El-Djir à l'ouest. A noter que la protection civile a effectué 148 interventions depuis le début des intempéries, le 25 novembre dernier à 16h jusqu'à hier à 12h, selon son chargé de la communication. Par ailleurs, 4 personnes sont mortes et cinq autres ont été blessées dans plusieurs accidents de la circulation survenus à Oran durant les dernières 24 heures, suite aux mauvaises conditions climatiques. En effet, durant la nuit de mardi à mercredi à l'entrée de la commune d'Aïn El-Turck, un jeune âgé de 23 ans conduisant une Renault Mégane a perdu le contrôle de son véhicule avant de heurter une borne. Il fut évacué aux UMC avant de rendre l'âme. A Boufatis à l'Est d'Oran, un jeune conducteur a trouvé la mort après avoir heurté un arbre. La dépouille mortelle a été transférée à la morgue. Hier matin, au niveau de la nouvelle autoroute reliant Es-Sénia à Hassi Bounif, à l'Est d'Oran, un camion s'est renversé, le conducteur âgé de 44 ans est décédé sur le coup. Cinq personnes ont été également blessées dans trois accidents survenus sur la route nationale n°04, à l'entrée de Hassi Mefsoukh et Aïn El-Beïda. Par ailleurs, à Es-Sénia, des dizaines d'habitants du domaine «Jaïdar» ont bloqué, durant la matinée d'hier, la route reliant cette localité à Haï Commandant Cherif Yahia (ex-200 logements) pour «attirer l'attention des autorités locales après l'inondation de leurs habitations par les crues». Les contestataires ont barricadé la chaussée avec des pierres empêchant le passage des automobilistes et des transporteurs de la ligne «34». La situation a failli dégénérer et les protestataires en colère s'en sont pris à certains automobilistes qui essayaient de forcer les barricades, mais heureusement aucune victime n'est à déplorer. Devant cette situation, les transporteurs de la ligne «34» ont décidé de bouder leur terminus situé à Haï Commandant Cherif Yahia pour déposer leurs passagers, ce qui a été à l'origine de grands désagréments pour les citoyens. Il a fallu l'intervention musclée des éléments de la gendarmerie nationale pour rouvrir la route à la circulation et convaincre les contestataires de revenir à leurs habitations. Pour sa part, la daïra d'Aïn El-Turck a été lourdement affectée hier par les pluies diluviennes. Le bilan des dégâts enregistrés sur la corniche oranaise s'est alourdi au quatrième jour des intempéries. Des dizaines d'habitations ont été inondées et d'autres partiellement effondrées et beaucoup de familles sinistrées, des routes coupées en raison d'affaissement ou de submersion, alors que certains villages et autres hameaux sont carrément isolés, les accès étant bloqués par les crues, ceci sans parler des coupures d'électricité et d'eau.