Algérie - A la une

La planche du naufrage !



Octobre 2017. Pour justifier le recours à la planche à billets, Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre, criait dans l'hémicycle que "l'Etat n'avait pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires". Un aveu d'échec d'une politique dépensière reposant essentiellement sur la rente et sa redistribution.Peu avant cette phrase légendaire de celui qui aura été l'homme des sales besognes du clan Bouteflika, Ahmed Ouyahia poussait le zèle et la médiocrité à l'extrême en assimilant la politique de la planche à billets à un coup de génie de Abdelaziz Bouteflika qui, dans un sursaut de nationalisme, optait pour la création monétaire afin d'épargner au pays l'engrenage de l'endettement extérieur.
Cependant, lui qui sait se servir de la littérature économique, sait que le recours à la planche à billets est l'expression d'un échec économique tonitruant. Les comptes de la nation virent au rouge vermeil en cet automne 2017, trois ans après le choc pétrolier de la mi-2014 qui s'est soldé par la disparition du Fonds de régulation des recettes pétrolières dès février 2017 alors qu'il cumulait près de 5000 milliards de dinars à la mi-2014.
Après avoir débité le FRR, l'Etat n'avait plus aucun pare-choc financier en février 2017. Durant l'été de la même année, la planche à billets était discutée en plein Conseil des ministres ; une mesure symptomatique d'un régime politique aux abois, plutôt que d'un gouvernement en mal de solutions. Octobre 2017. La banque centrale s'était d'ores et déjà mise à imprimer de l'argent frais au profit du Trésor public, avant même que l'option de la planche à billets ne soit validée par le Parlement.
Quinze mois plus tard, les tirages au moyen de la planche à billets se sont chiffrés à 6550 milliards de dinars, soit le double du montant conseillé par les économistes mis à la disposition du gouvernement Sellal en 2017. Deux années plus tard, le gouvernement Bedoui annonce avec tambour et trompette la fin de la planche à billets. Le populisme et l'amateurisme, c'est aussi ça.
Après avoir habitué nombre d'institutions financières et non financières à la générosité de la planche à billets, le gouvernement se retire sur l'Aventin et ne souffle mot de ses solutions alternatives à ce mode de financement aussi simpliste que ravageur. Noureddine Bedoui est venu prêcher la bonne nouvelle telle un messie sans en être convaincu. Il sait cependant que l'Etat est à fond de cale. Et que l'impasse politique dans laquelle son gouvernement et ses compagnons d'infortune ont engagé le pays risque de se révéler onéreuse. Le retour à la planche à billets sera alors inévitable, voire à hauts risques.

Par Ali TITOUCHE
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