La perle du Sahel

Il faut comprendre l'engouement des Algériens pour le pays voisin qu'est la Tunisie, surtout pour la ville balnéaire Sousse. En cette fin du mois d'août, le flux des touristes algériens ne cesse d'enfler. Dans chaque rue, sur chaque boulevard ou avenue, nous remarquons la présence en force de véhicules immatriculés en Algérie. Les voitures sont reconnaissables au matricule sur fond jaune. La plupart d'entre elles sont immatriculées dans les wilayas de l'Est du pays. Mais beaucoup viennent aussi d'Alger, Béchar...C'est vendredi. Dès l'entrée à Sousse, et même bien avant, du côté d'El Hadaïk ou Ezzouhour, des jeunes font de grands gestes avec les mains pour attirer l'attention des nouveaux arrivants. Ce sont des personnes qui proposent des maisons à louer. Hafedh, un jeune de 22 ans, fait office de commissionnaire pour plusieurs familles qui sont disposées à louer leur villa ou maison pour une semaine ou deux.Tous les Algériens ou presque sont pris en charge par ces courtiers qui hantent les avenues de Sousse.Quand une voiture s'arrête, ces jeunes intermédiaires font des propositions alléchantes, généralement une maison en bord de la ou au centre-ville. «Je vous montrerai une maison pour 60 dinars tunisiens la nuit», nous annonce Hafedh, un jeune à l'air enjoué. En tant qu'intermédiaire, il demande une commission de 150 ou 200 dinars. C'est toujours comme ça, nous dit-on dans une rue de la ville. Fondée au IXe siècle avant Jésus Christ par les Phéniciens, et dénommé Hadrumète, la ville de Sousse recèle un immense potentiel archéologique.C'était l'un des comptoirs commerciaux les plus anciens d'Afrique. Beaucoup de visiteurs algériens passent devant plein de trésors sans les voir. Ahmed, un jeune père de famille, nous déclare : «Personnellement, je viens avec ma famille uniquement pour la baignade, les promenades et le shopping, le reste ne m'intéresse guère.» C'est presque l'avis de tous les touristes algériens.Pourtant, Sousse a d'autres facettes à décliner pour le plaisir des yeux, comme la muraille crénelée qui renferme la vieille ville, ou celle qui enserre en son sein le gigantesque musée. L'entrée dans ce lieu mythique se fait tous les jours. Le ticket coûte 9 dinars. Un peu cher, protestent certains, mais voir les pièces archéologiques en vaut vraiment la chandelle. Et puis, il faut aussi visiter les catacombes, La Casbah, la grande mosquée, la Kobba, le Ribat, la vieille médina, autant de lieux qui renseignent sur le riche patrimoine de cette ville millénaire.Sousse, la cité millénairePour rejoindre le port de plaisance El Kantaoui, il faut parcourir une dizaine de km. De Sousse à la station balnéaire, toute l'avenue est bordée de luxueux hôtels. Ils ont pour noms Marhaba, Sindbad, El Wouroud, Marhab Beach, Sousse Palace... Ils s'alignent en un gigantesque chapelet tout le long des 10 km qui séparent la ville d'El Kantaoui. Ce dernier est un port de plaisance construit en 1977, avec une marina édifiée dans un style architectural arabo-musulman.Des boutiques, des restaurants, des cafés attirent les touristes étrangers, algériens ou libyens notamment. En plus du port où l'on propose une virée en mer pour 50 dinars les trente minutes, les visiteurs accompagnent leur progéniture jusqu'au parc d'attractions. C'est là que garçons et filles s'éclatent de tout leur soûl.Pour les sensations fortes, les amateurs choisissent la roue appelée Révolution ou la soucoupe volante, à partir du haut de laquelle on a une vue imprenable sur toute la ville de Sousse. La nuit, les boutiques, les restaurants et les cafés s'éclairent et le flux des visiteurs s'accroît de plus en plus. Le port de plaisance reste ouvert jusqu'au petit matin. «C'est la période pendant laquelle, nous les Tunisiens, faisons d'excellentes affaires», nous dit un jeune chargé de l'entretien dans le parc. Dehors, des chevaux attelés à des calèches bien alignées attendent que leur maître leur donne le coup d'envoi pour une virée de quelques km le long des boulevards qui séparent Sousse d'El Kantaoui.