Algérie

La paix des consciences




Les conseilleurs ne sont pas les payeurs Aucune famille, victime de l?intégrisme religieux, ne pourra pardonner la perte cruelle de ses parents. C?est une utopie de croire qu?il suffit d?un simple référendum pour que tout rentre dans l?ordre, comme par enchantement, tant que les véritables problèmes politiques, qui sont justement à l?origine de tous ces massacres et assassinats gratuits, ne seront pas solutionnés une fois pour toutes. C?est cela le prix à payer pour le repos éternel de tous ceux qui ont donné leur vie pour faire barrage à ce projet obscurantiste. Le prix à payer pour le repos de l?âme de nos parents passe aussi et obligatoirement par cette liberté, celle écrite par ce jeune avec son sang avant de rendre l?âme lors des événements de Kabylie en 2001. Tout le monde aspire à la paix. Mais une paix durable, et non une paix qui sera bénéfique seulement à ceux qui ont comploté et préparé de longue date cette mise en scène. Nous voulons un changement radical, une rupture totale avec ce système qui ne finit pas de nous endeuiller depuis 1962 à ce jour. Le pardon doit passer par l?assainissement de la chose politique avant les choses techniques pour que plus jamais il n?y ait de perte d?Algériens et de civils innocents. Aussi, je ne comprends pas les plus farouches défenseurs de cette amnistie générale, lesquels s?engagent tête baissée, sans connaître les véritables retombées de cette mise en scène et ce scénario préparé de longue date pour blanchir et pardonner à tous ceux qui ont mis le pays à feu et à sang avec comme prétexte la parole divine qui est le Coran. Ces opportunistes, ces hommes sans foi ni loi, ces charognards, ont-ils un fils, une fille, un père ou un parent très proche assassiné à bout portant, avec un fusil à canon scié, comme c?est le cas de notre chère Katia Bengana âgée de 17 ans, lycéenne, pour avoir refusé de porter le voile contre sa volonté ? Bien sûr, vous ne tenez pas compte de nos souffrances, de nos douleurs, de toutes ces injustices et impunités à notre égard, nous les familles victimes de l?intégrisme religieux. Vous n?êtes pas concernés, et personne ne vous donne le droit de décider à notre place. Vos décisions à la légère montrent combien vous êtes insensibles à nos malheurs après la perte cruelle de nos parents. Vous n?êtes pas en mesure de comprendre, puisque vous vivez dans un autre monde. Aussi, il est tout à fait normal pour vous de prendre une décision à la légère, puisque vous n?êtes pas touchés dans votre chair pour prendre la défense de ces sanguinaires. Prendre la défense de ces monstres et se focaliser sur le sort des disparus intégristes pour essayer de compromettre et de mettre dans le même sac notre armée nationale, nos services de sécurité au même titre que ces sanguinaires est d?une diabolique machination, et à laquelle nous nous refusons d?y adhérer. C?est grâce à la population, à l?armée, aux services de sécurité qui ont brisé l?élan de cette conspiration redoutable. La population à plus de mérite, puisqu?elle a résisté les mains nues. Par pitié ! Que ceux qui ne sont pas touchés par cette catastrophe se taisent. Que ceux qui n?ont pas connu la douleur, la souffrance et le désespoir demandent au moins pardon pour toutes ces paroles blessantes et inconscientes, seulement dans le but de plaire à leurs maîtres, et en même temps espérer un strapontin ou quelques miettes en contrepartie de leur servitude et de leur trahison. Pour toutes ces raisons, ils sont capables de marcher sur le corps de toutes ces victimes civiles innocentes et autres corporations confondues. Alors que la solution est toute simple ; si l?on veut à l?avenir éviter des pertes humaines, il suffit de rendre l?Algérie aux Algériens débarrassée de l?intégrisme religieux en supprimant du champ politique algérien, à travers la constitution, la légitimité historique et religieuse. Ces dernières engendrent le nationalisme, le conservatisme et l?islamisme à travers l?exploitation de la religion et autres considérations. Les vraies réponses ne résident pas dans le maintien du système actuel, c?est-à-dire instrumentaliser la religion à des fins politiques pour se maintenir au Pouvoir ou pour y accéder. Elles ne consistent pas aussi à réconcilier les chefs intégristes et le pouvoir sur le dos des victimes de l?intégrisme religieux, alors que les repentis affichent toujours leurs allégeances intégristes et que les familles victimes n?ont jamais encore fini leur deuil. La véritable réponse consiste justement à appliquer une véritable justice basée sur les valeurs ancestrales de l?Algérie profonde. La justice qui consiste à exiger le jugement et le châtiment des assassins du peuple, et non cette injustice que l?ont veut nous faire avaler à travers cette amnistie et ce référendum. Car il ne pourra jamais y avoir de paix sans justice et vérité. Une vie humaine, ça n?a pas de prix. Tout l?or du monde ne pourra effacer de notre mémoire cette impunité. L?Etat, à travers cette injustice, sera doublement responsable. Non seulement, il n?a pas su nous protéger, mais également il a failli à son devoir qui est celui de nous rendre justice. Aucun pardon ne pourra être accepté sans la prise en considération du sacrifice de nos parents. Aucune paix ne pourra être ramenée au peuple sans la paix des consciences ; et tant que la justice ne sera pas rendue aux enfants égorgés, aux filles assassinées à bout portant, aux femmes et aux étudiantes éventrées et violées, celle des hommes ici sur terre, l?Algérie ne pourra être ni apaisée ni ses lois appliquées. Lorsque la justice sera rendue, l?impunité et les passe-droits abolis, les citoyens retrouveront leurs dignité perdue. Seul l?Etat de droit peut pallier à grande échelle les besoins vitaux des citoyens. Par M. Bengana (*) (*) Père de Katia lycéenne âgée de 17 ans, assassinée pour avoir refusé de porter le voile contre sa volonté, le 28 février 1994 à Meftah, wilaya de Blida.

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