La Nuit nous appartient James Gray, 2007

Samedi 12 et dimanche 13. Sidi Bel Abbès. A 14h et 17h.La séquence d'ouverture est l'une des plus belles que le cinéma US ait caressée depuis une décennie. Allongée sur le sofa, une femme qui regarde le hors-champ. Une femme à demi-nue, peau mate et grain de beauté sur la joue. Hors-champ, derrière la caméra, on devine. Et l'on a raison. On le voit. C'est le héros du film. Nous en sommes certains. Il s'approche d'elle, il va lui faire l'amour. C'est clair. Puis on passe à autre chose. Tout est dit dans cette courte séquence.Le désir comme jouissance, le hors-champ catalyseur de tous les maux et le mouvement entre les deux qui servira le récit comme tiroir à emmerde. Car Dame Scoumoune est toujours présente dans les tragédies de James Gray, cinéaste aussi mésestimé que surprenant. En lui, se terre un secret que personne ne veut découvrir. Le happer, le trouver, c'est signer sa mort, c'est se remettre en cause, c'est assumer son formatage. Voir James Gray, c'est prendre le temps, c'est revenir vers lui, toujours, lui parler, repartir, revenir, lui déclamer à nouveau des trucs. C'est comme un fils avec son père.Un jour ou l'autre, la confrontation sera inévitable. Il faudra que la parole soit violentée, dégagée, malsaine avant qu'elle redevienne pure et claire. Ça tombe bien, les films de Gray traînent inlassablement la patte de la filiation. Tout est père, tout est transmission et tout devient compliqué. Entre cette femme qui scrute amoureusement, entre ce fils qui jouit aussi vite qu'il pleure, et ce père, entre les deux, qui ne demande qu'une chose, la parole, il y a près d'eux, un cinéaste, James Gray qui les observe, prêt à annoncer le mot magique : «Action». A la Cinémathèque.