Algérie

«La mission du FLN est terminée depuis le 6 juin 1962» Ali Haroun, lors du colloque sur l'indépendance qui se tient à Oran


«La mission du FLN est terminée depuis le 6 juin 1962»                                    Ali Haroun, lors du colloque sur l'indépendance qui se tient à Oran
Maître Ali Haroun, ex-dirigeant du FLN durant la Révolution, rejoint les partisans de l'idée qu'il faut mettre le FLN au musée avec cette formule toute diplomatique : «On ne met au musée que les plus belles et les plus précieuses choses», a-t-il affirmé, hier, en réponse à une question posée lors d'un débat, au Crasc d'Oran qui abrite le colloque «1962, un monde».
«La mission du FLN est terminée depuis le 6 juin 1962, peu après minuit», poursuit-il, en faisant allusion au moment où a débuté la discorde entre les partisans d'Ahmed Ben Bella et ceux du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA), deux ailes opposées du Conseil de la Révolution du FLN (CNRA) lors du congrès de Tripoli. «Qu'une partie s'approprie le FLN en s'autoproclamant seule dépositaire du sigle FLN n'est pas normal», lance l'ancien ministre (1991) et ex-membre du Haut-Comité d'Etat (1992).
L'auteur de L'été de la discorde persiste et signe : «C'est mon opinion. Que d'autres ne la partagent pas, c'est leur droit.» «A l'image de la glorieuse ALN qui, dès l'indépendance, a changé de sigle pour devenir ANP, le FLN doit tout autant changer de sigle», argumente-t-il.
Autre conviction exprimée, hier, par maître Ali Haroun : «Le système politique actuel n'est pas perpétuel. A l'heure de la mondialisation, les choses changent rapidement.» «Je ne crois pas que le système se maintiendra», a-t-il répondu à la question d'une journaliste lors d'un point de presse animé à l'occasion de ce colloque.
Le colloque «1962, un monde» est conçu pour faire la lumière sur l'étendue du retentissement qu'a eu et continue d'avoir 1962 en Algérie, en France, au Maghreb, en Afrique et dans le monde entier. Autrement dit, l'influence qu'a eue l'indépendance de l'Algérie sur les mouvements émancipateurs de par le monde. La rencontre est co-organisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), le Centre d'études maghrébines en Algérie (CEMA) et l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP) qui dépend du CNRS (France). Soixante communications sont programmées durant trois jours par des chercheurs et des universitaires algériens, mais aussi étrangers venus des quatre coins du monde.
Ali Haroun, qui animait une communication intitulée «1962, une espérance», a estimé que le recouvrement de l'indépendance est certes l''uvre des Algériens, mais aussi le fruit de l'apport de militants étrangers ayant épousé la cause du combat libérateur algérien. Le responsable de la Fédération de France du FLN s'est référé aux textes fondamentaux de la Révolution, à savoir la proclamation du 1er Novembre à l'origine du déclenchement de la lutte armée et la plateforme adoptée à l'issue du congrès de la Soummam. M. Haroun souligne «l'esprit d'ouverture du combat libérateur aux libéraux européens, aux minorités d'origine européenne qu'elles soient juives ou chrétiennes».
Et de citer l'appel lancé par le FLN aux non-musulmans de rejoindre la cause du noble combat libérateur. L'ancien membre du CNRA explique cette position par le souci de contrer la politique du gouvernement français de l'époque, consistant à dresser ces minorités contre le FLN et la cause algérienne. «Le FLN n'a pas mené une guerre de religion, son combat s'inscrit en droite ligne d'une future Algérie libre et républicaine», a insisté l'orateur. «La proclamation de Novembre et la plateforme de la Soummam ont combattu toute discrimination contre les minorités ethniques ou religieuses. Telle était l'espérance de 1962», souligne-t-il.
Une stratégie d'ouverture qui a payé, selon lui, puisque nombre de libéraux et intellectuels en France, en Europe et dans le monde entier ont rejoint ' même tardivement pour certains ' la cause algérienne. Et de formuler une anecdote croustillante pour illustrer l'ampleur des soutiens acquis à la cause nationale : «Les fonds du FLN n'ont jamais été transférés en dehors de la France dans des valises, mais bel et bien via des comptes bancaires grâce à des soutiens dans les milieux bancaires en France, en Suisse et ailleurs.»
Autre intervenante, hier, lors de ce colloque : Trinh T. Minh-Ha, de l'université américaine de California-Berkeley, a animé une communication intitulée «La longue marche de l'étrangeté». Elle a notamment affirmé que «le moment postcolonial de l'indépendance de l'Algérie est pris comme site de départ pour marquer une limite aux possibilités indéfinies de mise en relation avec des luttes similaires survenues dans le monde». Voilà un sujet qui se fond parfaitement dans le thème du colloque.
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