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La mendicité prend de l'ampleur à Sidi Bel-Abbès



Durant les deux premières décennies post-indépendance de l'Algérie, en raison du chômage qui sévissait, le recours de certaines catégories de citoyens à la mendicité était pour pouvoir manger et payer son loyer. Aujourd'hui, cette pratique de l'aumône est devenue une profession très lucrative qui rapporte beaucoup d'argent, prenant des proportions alarmantes à travers l'ensemble des villes du pays.Quotidiennement des dizaines de femmes investissent les coins des principales rues du centre-ville de Sidi Bel-Abbès et s'adonnent à la mendicité devant les magasins et à proximité des marchés en utilisant des bébés et des enfants souvent dénudés pour solliciter la générosité des passants. "De nos jours, ce phénomène de mendicité ne cesse de prendre de l'ampleur. Franchement, il faut avoir du courage et de la patience pour le faire, car les vrais nécessiteux ne tendent pas la main", nous dira un boucher de volaille. Et d'ajouter : "Aussi, la plupart de ces mendiantes n'habitent pas à Sidi Bel-Abbès, car elles arrivent chaque matin des villes avoisinantes par bus, taxi ou par train. Dans cette pratique de l'aumône, il y a ceux et celles qui exhibent des ordonnances de médicaments datant de plusieurs mois.
Parmi ces mendiants, il y a également les handicapés en fauteuil roulant qui montrent leur main, bras ou jambe coupés en poussant des cris pour faire pitié et soutirer le maximum de pièces de monnaie aux bienfaiteurs." En ce sens, un jeune vendeur de sachets nous a révélé que "le plus choquant, c'est ce que nous voyons quotidiennement, ce sont ces nourrissons qui dorment toute la journée à côté de leur soi-disant mère et ne bougent que rarement. Aussi, s'il arrive à ces innocents bébés ou enfants de se réveiller, ils sont battus à coups de sandale au vu et au su de tous les passants, sans que personne intervienne". Par ailleurs, à quelques encablures du centre-ville, les ruelles commerciales du vieux quartier Emir-Abdelkader (ex-Graba), notamment le long de Trig les articles et autour de la coupole, qui sont quotidiennement fréquentés par les femmes, les mendiants ne reculent devant rien et utilisent diverses méthodes, notamment des mots attendrissants pour soutirer de l'argent aux passantes.
Dans ces endroits, les enfants sont lâchés pour qu'ils s'adonnent eux aussi à la mendicité auprès des femmes. "Ce sont des pauvres malheureux et ils nous font souvent pitié. Peut-être ont-ils faim ou sont malades, et d'autres n'arrivent pas à subvenir aux besoins de leur famille. Donc, on est obligé de leur glisser une pièce, et c'est la moindre des choses. En ce qui me concerne, je considère cette action comme une forme de solidarité. Actuellement, les familles sont devenues plus nombreuses. En plus, il y a le chômage qui sévit, et ceux qui travaillent n'arrivent pas à joindre les deux bouts.
Donc, il ne faut pas s'étonner en voyant tous ces mendiants", nous dira une sexagénaire, avant de s'engouffrer dans un magasin de fruits et légumes. Vers midi, les mendiants qui ont vraiment faim changent de lieu et s'attroupent devant les restaurants et les fast-foods, quémandant quelque nourriture.
Ensuite, à l'heure de la prière de Dohr, ces impécunieux avec leurs enfants se dirigent vers les mosquées et s'assoient devant les portes d'entrée des mosquées, aux côtés des migrants, dans le but d'avoir quelques sous. "Aussitôt la prière terminée, les quémandeurs repartent chez eux après avoir échangé les pièces de monnaie contre des billets de banque auprès des commerçants", nous dira Ahmed, gérant d'une pharmacie du centre-ville, qui a l'habitude de les voir débarquer chez lui pour échanger leurs pièces contre des billets.

A. Bousmaha
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