La mémoire du colonel Lotfi n'a pas été trahie

« Rachedi a réussi, techniquement, son film, mais il est passé à côté du fait historique » indique le réalisateur Mrah Abdelatif. « Mais il ne faut surtout pas dénigrer le film, car son réalisateur a souffert dans le tournage en travaillant beaucoup sur l'émotion, en créant le mythe Lotfi pour ne pas trahir la mémoire de celui-ci ». En somme, c'est « un bon film avec une technique bien adaptée, grâce au talent du réalisateur » dit-il. Ce film, sur la guerre de Libération nationale, de l'avis de certains spectateurs que nous avons interrogés, n'a pas rapporté les faits saillants du colonel. « Le film a été marqué beaucoup plus par des batailles, avec des crépitements de balles, d'armes où des bombardements d'aviation... » déplorent-ils, estimant que « le réalisateur aurait dû penser, sans être un historien, à évoquer les aspects intellectuels et politiques du colonel Lotfi et ce, à travers ses écrits ». Une femme qui a suivi le film a estimé que l'essentiel a été fait. « Au moins nos enfants trouveront les images d'un de nos fils qui s'est sacrifié pour que vive le pays ». Lotfi, qui avait écrit à la veille de sa mort une lettre à son épouse dans laquelle on peut lire : « (...) Tu pourras être très fière de ton mari et celui que je te confie, mon fils, le sera aussi beaucoup de son père. Au nom de l'Algérie, pour laquelle j'aurais vécu et j'aurais tout donné, et au nom de notre amour, je te recommande instamment de veiller sur mon fils, sur son éducation... ». Rappelons que Lotfi naquit le 5 mai 1934 à Tlemcen. Il s'engagea dans les rangs de l'ALN en octobre 1955 dans la Zone V et occupa le poste de secrétaire particulier du martyr Si Jaber. En mai 1958, Lotfi fut promu au grade de colonel et désigné à la tête de la wilaya V. Ce film parle d'un vaillant combattant tombé au champ d'honneur le 27 mars 1960 à Djebel Béchar. Réalisé par Ahmed Rachedi, ce documentaire fait partie d'une série de films lancée par le ministère des Moudjahidine afin de laisser des supports sur la Révolution aux générations futures.