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La Méduse et le radeau


La Méduse et le radeau
«La politique, fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise.» Jacques SternbergC'est bien connu que les solutions d'hier peuvent devenir demain des problèmes et que ce qui était valable dans le passé peut devenir encombrant maintenant et ce n'est pas seulement un effet de mode. Les hommes s'adaptent comme ils peuvent à la conjoncture et comme dit le proverbe kabyle: «Comme le jour se présente, le berger fait paître son troupeau...» Il faut remarquer que la nature a, heureusement, donné à l'homme une intelligence qui lui permet de prévoir, au moins à court terme, les conséquences de son comportement ou de ses décisions. Cependant, il y a des individus qui s'organisent en brain-trust et tirent des plans sur plusieurs années à venir. Certains spécialistes de la prospective maîtrisent parfaitement tous les outils qu'offrent les sciences économiques et les statistiques qui en découlent:cela leur permet d'exécuter avec brio des plans en tenant compte des aléas du marché mondial. Ils ne gagnent pas toujours mais prévoient une marge d'erreur qui leur permet de retomber sur leurs pattes. Les apprentis sorciers, les charlatans de la navigation à vue n'en ont cure tant qu'ils jouent avec l'argent public: ils ont pour devise: «Après moi, le déluge», pourvu qu'ils aillent au bout de leurs idées en raflant la mise qu'ils vont aller placer en lieu sûr: des châteaux en Espagne ou une assurance sur l'avenir dans des comptes bancaires des pays où il fait bon vivre. Ce n'est pas un hasard si d'anciens responsables politiques ou anciens titulaires de portefeuilles ministériels coulent des jours filés d'or et de soie sur les bords de la Seine. On demeure abasourdi par le nombre de gens mortellement patriotes qui se découvrent un jour comme des affairistes véreux: un beau matin, on apprend que la veuve d'un célèbre et grand moudjahid est escroquée par un autre ancien combattant qui, non seulement aurait trempé dans une affaire de prêt de complaisance, mais aurait émis des chèques sans provision avant de disparaître dans la nature. Cela illustre les dégâts causés à la société par l'égoïsme.Cet égoïsme multiplié par un nombre excessif d'individus agissant souvent par mimétisme, conduit souvent la société dans une impasse économique, sociale ou écologique. Des chercheurs s'échinent au travail pour trouver des solutions pratiques aux problèmes posés par le développement de la société: leurs propositions sont remisées dans les tiroirs et l'on assiste sur le terrain à une improvisation continue, enveloppée d'une démagogie qui ne trompe plus personne, parce que ceux qui tirent les ficelles ont leurs intérêts ailleurs. Cela est vrai dans tous les domaines: l'industrie est sacrifiée pour faire vivre les importateurs, le secteur de la santé vit un marasme perpétuel parce que les privilégiés se soignent en Europe. L'école a été longtemps négligée parce qu'une certaine catégorie sociale envoie ses enfants en Amérique ou en Europe où on leur apprend comment piller un pays... C'est même valable pour l'écologie ou pour l'urbanisme! L'espace public est squatté par des commerçants sans vergogne sans que les services compétents réagissent. On encourage les automobilistes à utiliser les véhicules qui roulent au mazout qui est polluant et peu cher, il n'y a aucun contrôle sur le respect des permis de construire délivrés par les APC, on gaspille les terres agricoles pour satisfaire l'appétit des barons de l'immobilier... Des scandales financiers éclatent sans troubler la sieste des gens qui se révèlent ailleurs pointilleux sur l'emploi d'un futur incertain. Tout concourt à nous laisser penser que ceux qui gèrent ici digèrent ailleurs. On s'étonne que la société ait pu résister à tous les paradoxes et à tous les non-sens qui la minent. La Méduse prend eau de partout et le radeau attend à quai: les rats n'ont qu'à bien se tenir.


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