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La médiocrité institutionnalisée Arret sur image


La médiocrité institutionnalisée Arret sur image
Quantité n'est pas qualité. C'est une règle générale qui s'applique aussi bien à la production de pommes de terre que de voitures ou de machines à laver, a fortiori quand il est question de produits artistiques. Il est vrai que la perception et la qualification d'une création sont subjectives. Mais, la qualité a tout de même des références et des indicateurs indéniables. Or, ces repères disent tous que la production artistique algérienne sacrifie souvent la qualité pour la quantité. D'ailleurs, dans toutes les annonces et tous comptes-rendus de manifestations culturelles, c'est l'alignement de chiffres qu'on privilégie. On parle plus du nombre de participants que de la qualité de ce qu'ils proposent. Le dernier exemple en date nous a été donné par la 8e édition du Festival national du théâtre professionnel d'Alger (Fntp 2013). On s'est félicité qu'il y ait 17 pièces inscrites en compétition. Mais, au final, le jury et le public, qui, faut-il le souligner, était constitué dans sa majorité de professionnels du théâtre, se sont accordés sur la médiocrité de nombre de pièces présentées par des théâtres régionaux. Présentant les recommandations du jury qu'elle a présidé, Mme Djamila Zeggaï, femme à l'avis avisé et respecté dans le domaine et qu'on ne peut suspecter de partialité orientée, déplorera la médiocrité de certaines pièces produites dans le cadre du 50e anniversaire de l'Indépendance. Le jury a reproché aux dramaturges d'avoir survolé le thème et présenter des textes de faible niveau. En fait, scénaristes et metteurs en scène ont plongé dans la facilité et se sont contentés de «coller» au thème - qui était attribué au festival et non imposé aux créateurs- comme un timbre-poste à l'enveloppe, sans chercher l'originalité dans son traitement. On peut fêter le cinquantenaire en parlant de la mixité, du chômage, du marché informel, de la santé, de l'école, de la corruption et des passe-droits dans l'Algérie du XXIe siècle, 50 ans après l'indépendance. Et rien n'empêche d'y mettre de l'humour, sauf l'absence de génie créatif et de maîtrise des techniques d'écriture. D'ailleurs le jury s'est inscrit contre la quantité et a plaidé pour la qualité en demandant, déjà, que les pièces présentées soient «rodées». Elles doivent cumuler de nombreuses représentations avant de prétendre entrer en compétition. Quant à la qualité, elle ne peut être garantie que par la formation, la pratique et le perfectionnement continuels. Les théâtres ne peuvent être dignes de l'art dont ils sont censés être le temple en produisant du «remâché» avec les reprises, réadaptations et reproductions. Pas plus en montant des pièces avec du tout-venant, sans trop se soucier de la qualité du texte et de ses interprètes. Les théâtres doivent se départir de cette gestion administrative qui les amène à ne travailler que pour se conformer à un cahier de charges imposé par une tutelle dont le premier souci est d'aligner ses chiffres qui disent le nombre de pièces produites, de livres édités, de festivals organisés' sans un mot sur la qualité. Certes, le quantitatif enrichi bien les bilans, mais aucunement les esprits. On devrait bannir cette pseudo politique et la remplacer par celle de l'obligation de résultat.
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