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La marche de six Oranais vers Alger stoppée à Chlef



Lundi dernier, à la première heure, ils ont pris le départ d'Oran pour rejoindre Alger à pied. Un défi qui a fait le buzz et mobilisé les services de sécurité qui ont tout tenté pour faire avorter cette marche citoyenne.Youcef K., Walid T. et Mohamed O., trois étudiants accompagnés de Nadir R., Houssem Eddine I. et Hamza B., ont décidé de rallier la capitale à pied pour dénoncer le système et faire connaître leurs revendications qui rejoignent celles du hirak. "Une manière d'exercer plus de pression sur le pouvoir", nous explique Youcef, joint par téléphone. Leur aventure n'a duré que trois jours sur les routes puisque la Gendarmerie nationale sera, à chaque fois, à la réception des marcheurs, tantôt pour les conseiller "gentiment" de surseoir à leur projet, tantôt pour se montrer intransigeante en leur refusant la poursuite du trajet.
Le groupe de jeunes a été obligé, à chaque rencontre avec les gendarmes, de décliner leur identité et de laisser leurs coordonnées, et c'est ainsi qu'ils ont été contactés une première fois du côté de Mazagran, dans la wilaya de Mostaganem, par les éléments de la brigade locale qui les ont appelés pour s'enquérir de leur sécurité leur expliquant qu'ils avaient reçu des informations quant à une éventuelle agression dont ils seraient victimes. Sur place, un haut gradé de la gendarmerie essayera de les convaincre de rebrousser chemin sans trop de réussite.
Il faut dire que la marche des six était relayée en live et les internautes pouvaient suivre en temps réel les péripéties de ces jeunes. Notre interlocuteur tient à signaler l'accueil chaleureux dont ils ont fait l'objet à chaque halte dans les villages se trouvant sur leur itinéraire. Mardi, la route les mènera jusqu'à Merdja Sidi Abed, dans la wilaya de Relizane, et le lendemain les événements s'accélèrent avec leur interception par un convoi de la gendarmerie. "Un capitaine nous a proposé de prendre un transport public jusqu'à Chlef, ce que nous avons refusé.
Là, il nous a demandé de patienter jusqu'à l'arrivée de ses supérieurs", ajoute Youcef, qui explique qu'après une attente de près de deux heures, le groupe a décidé de poursuivre son chemin malgré les injonctions des gendarmes.
"Nous avons continué à marcher jusqu'à ce qu'on nous barre le chemin." Un colonel et un lieutenant-colonel donnent l'ordre à leurs hommes de les accompagner à la brigade de Merdja Sidi Abed pour vérification d'identité. Les marcheurs refusent et un bras de fer s'installe entre les deux parties. "Le colonel a été très clair, nous informant qu'on ne nous laissera pas poursuivre notre route."
Leurs téléphones portables sont saisis, et les jeunes de menacer de recourir à une grève de la faim s'ils se sentent persécutés. À ces mots, le colonel ordonne qu'on les embarque à la brigade sus-nommée où ils ont été retenus et entendus sans qu'un PV d'audition soit signé. "Le colonel nous apprendra qu'il a agi sur ordres reçus d'en haut pour nous empêcher de marcher jusqu'à Alger", explique Youcef, qui raconte comment lui et ses compagnons de route, et après les vérifications d'usage, sont transportés jusqu'à Mohammadia puis changent de véhicule jusqu'à Oued Tlélat, toujours escortés par la gendarmerie.
Ce n'est qu'à Oran qu'ils récupéreront leurs téléphones, bagages et pièces d'identité. Cette mésaventure suscitera l'inquiétude des internautes qui ont craint le pire surtout après l'interruption des lives. Nullement découragé, le groupe décide de regagner Alger par route mais en prenant, cette fois, un taxi, et c'est ainsi qu'ils ont tout de même marché vendredi dans les rues de la capitale pour joindre leurs voix à celles de millions d'Algériens qui demandent la chute totale et inconditionnelle de tout le système. Pour eux, ce défi a été une réussite malgré tout, en attendant la prochaine grande marche des étudiants oranais vers Alger.

S. O.



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