Algérie - Revue de Presse

La loi sur le rôle « positif » de la colonisation Française suscite un tollé général



Le gouvernement à la recherche d?une sortie de crise La polémique et les réactions d?indignation suscitées par l?article 4 relatif à l?enseignement du rôle positif de la colonisation de la loi du 23 février 2005 sur les rapatriés, puis sa reconduction par la majorité UMP à l?Assemblée nationale le 29 novembre enflent de jour en jour, créant un véritable embarras pour l?Elysée et le gouvernement. L?article IV de la loi de février 2005, qui stipule : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », a suscité des réactions très vives d?abord en Algérie et dans les territoires d?outre-mer. Dominique de Villepin, jouant l?apaisement, a fini par déclarer qu?il n?appartenait pas au Parlement d?« écrire l?histoire ». « Dans notre pays, il n?y a pas une mémoire, mais des mémoires (...) Elles sont à vif, parfois même écorchées, souffrantes. Nous devons prendre en compte le regard de chacun, l?expérience, l?itinéraire de chacun », a-t-il déclaré jeudi au micro de France Inter. Pour le chef du gouvernement français, « ce n?est pas au politique, ce n?est pas au Parlement d?écrire l?histoire ou de dire la mémoire ». « Nous le voyons à travers l?article IV de cette loi de 2005, ce n?est pas au Parlement de se livrer à cet exercice », a-t-il jugé, se désolidarisant des députés UMP qui avaient refusé de discuter, le 29 novembre, de l?amendement portant abrogation de cet article 4 par le groupe PS. Le désaveu de Dominique de Villepin ne va pas toutefois jusqu?à proposer l?abrogation de l?article en question. A défaut d?être abrogé, l?article 4 sera vraisemblablement neutralisé par de nouvelles dispositions. Ainsi court le bruit. Il s?agit de désamorcer une crise qui prend des formes préjudiciables à un calendrier électoral proche. Plusieurs ministres ont affirmé que cet article de loi n?avait qu?un « caractère déclaratif » et donc « pas normatif » et « pas d?impact ». Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, interrogé mercredi dernier, lors du compte rendu du Conseil des ministres, a réaffirmé que cet article, ajouté par le biais d?amendements proposés par l?UMP, n?est « absolument pas une disposition à caractère normatif, mais à caractère déclaratif ». « Il n?y a pas d?histoire officielle et rien dans ce dispositif ne saurait porter atteinte à la liberté des historiens d?une part et des professeurs d?autre part en ce qui concerne l?enseignement de l?histoire dans les collèges et les lycées », a souligné M. Copé. Une sortie de secours ? Le ministre de l?Education nationale, Gilles de Robien, a déclaré, mercredi dernier, qu?il faisait « pleinement confiance aux enseignants pour faire apprendre l?histoire en toute neutralité, toute objectivité, de façon factuelle plutôt qu?interprétative », précisant : « Leur liberté pédagogique doit leur permettre d?objectiviser les choses et ne pas se lancer dans l?idéologie. » Une sortie de secours ? « Il nous faut maintenant rattraper cette connerie sans donner l?impression de déjuger nos troupes », a résumé à l?AFP une source gouvernementale. Tout en soulignant qu?il n?était pas question de revenir sur une loi votée par les deux Assemblées, le président du groupe UMP à l?Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a indiqué que le texte prévoyait aussi « la création d?une fondation pour la mémoire de la guerre d?Algérie et des combats d?Afrique du Nord ». Serait-ce là la sortie de la crise ? Cette fondation, dont les conditions de création doivent faire l?objet d?un décret en Conseil d?Etat, sera « composée d?historiens et de chercheurs », a précisé M. Accoyer. « C?est à eux que revient d?établir l?histoire, dans la sérénité et l?apaisement », a-t-il ajouté. Selon le Monde, c?est désormais au rapporteur du texte de loi, Christian Kert (UMP, Bouches-du-Rhône), que revient de concrétiser le scénario de « sortie de crise ». Le ministre délégué aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, doit accélérer la publication du décret d?application de l?article 3 de la loi du 23 février qui prévoit la création d?une fondation pour la mémoire de la guerre d?Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie. « Il devrait être rédigé de manière à ce que la recherche sur les programmes scolaires et universitaires entre dans ses missions. Dès lors, le rapporteur pourra déposer un texte, sous forme de proposition de loi, faisant référence à cette fondation, qui rendra caduque l?application de l?article 4 », rapporte le Monde. Le premier secrétaire du Parti socialiste a « solennellement » demandé au Premier ministre d?obtenir le retrait de cette disposition « avant la fin de l?année ». Le Parti communiste s?élève pour sa part « contre la résurgence colonialiste ». « On ne peut prétendre que le colonialisme eut ??un rôle positif??. Ce n?est pas seulement un mensonge historique éhonté. C?est aussi l?affirmation consternante d?un révisionnisme colonialiste », écrit la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, dans un communiqué. Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme et élu de Guyane, a demandé jeudi à l?UMP de « faire disparaître » de la loi la mention sur le rôle positif de la colonisation et de « revenir à une évocation neutre du fait historique ». Il est le premier membre du gouvernement à réclamer officiellement l?abrogation de cette disposition. Des manifestations outre-mer ont conduit Nicolas Sarkozy à reporter le voyage qu?il devait effectuer jeudi et vendredi aux Antilles où un « Collectif pour l?abrogation de la loi de la honte » s?est constitué. L?emblématique Aimé Césaire, écrivain et ancien maire de Fort-de-France, avait annoncé son refus de recevoir M. Sarkozy. Réagissant à l?annulation de son voyage aux Antilles - un revers politique - à la suite des manifestations organisées contre sa venue, le président de l?UMP a estimé que l?article 4 « dit que le colonialisme, ce n?est pas bien, naturellement, mais cela n?a rien à voir avec les départements et territoires d?outre-mer. Cela n?a rien à voir avec la Martinique, ça avait tout à voir avec l?Afrique du Nord ». Selon lui, « un certain nombre de parlementaires ont voulu dire qu?il y a eu des instituteurs qui ont alphabétisé, qu?il y a eu des médecins qui ont soigné et qu?il fallait laisser les historiens faire leur travail ».
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