Algérie - Revue de Presse

La liberté d?expression, premier garant




Il ne peut exister une démarche de défense efficace des droits de l?homme qu?avec une liberté d?expression sans entrave. En Algérie, malheureusement, le processus de libération des médias s?est arrêté en plein milieu d?un passage à gué. A l?heure actuelle, il ne peut participer à la promotion et au respect de la personne humaine que d?une manière bien insuffisante. Les médias audiovisuels qui permettent de toucher et de sensibiliser des millions de téléspectateurs et d?auditeurs demeurent sous le contrôle des pouvoirs publics qui décident toujours en dernière instance de la manière dont doit être gérée la politique de l?information y compris la forme dans laquelle doivent être donnés les faits. Il est évident que le traitement réservé par la presse privée aux revendications formulées par les familles des victimes du terrorisme et par celles des familles des disparus est radicalement différent de celui de la télévision, des radios et autres journaux gouvernementaux. Les titres privés ont couvert les manifestations et autres protestations organisées dans le but d?attirer l?attention sur les crimes et enlèvements opérés par les islamistes armés comme ils ont largement rendu compte des actions menées par les familles des personnes victimes des disparitions forcées imputées aux services de sécurité. Il en est également de la torture. Aucun média de statut public, exception faite de la période - assez spéciale - de l?après-Octobre 1988, ne se hasarderait à publier des informations complètes faisant état ne serait-ce que de mauvais traitements infligés aux Algériens par des agents des services de sécurité à l?intérieur d?enceintes officielles (prisons, commissariats, locaux de la gendarmerie...). Ce travail d?information sur des agissements parmi les plus condamnables dont peut se rendre coupable un homme sur un autre homme a été entrepris timidement par les journaux privés, mais cette mission d?alerte de l?opinion publique est devenue de plus en plus difficile à mener depuis que le gouvernement Benflis, sous l?instigation de Bouteflika, a fait adopter en 2000 les amendements introduits sur le code pénal pour neutraliser la liberté d?expression. A l?avenir, et si le Pouvoir, qui envisage de réaménager la loi sur l?information pour la rendre encore plus sévère, persiste dans sa démarche, la mission d?informer sera plus délicate, plus aléatoire aussi. Le retour aux temps où la société était sans voix dégradera de nouveau la situation des droits de l?homme. L?exode des élites se poursuivra en s?accentuant, et l?Algérie s?enfoncera davantage.





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