Algérie - A la une

La liberté avant toute chose!



«Un seul héros, le peuple» est un documentaire signé Mathieu Rigouste, qui raconte, grâce à de multiples témoignages poignants, les préparatifs du soulèvement de la population algérienne la veille du11 décembre 1960. Comment cela est arrivé' Comment ces gens, simples citoyens algériens, ont bravé le danger et sont partis à Belcourt, où est née l'insurrection pour crier «Algérie algérienne!», soutenue au premier rang par des femmes au hayek, déterminées qu'elles étaient par un simple youyou à faire flancher plus d'un militaire français. Des femmes au premier rang qui ont réussi à décontenancer plus d'un militaire et un officiel qu'avec un simple youyou qui renvoyait à lui seul à un très beau cri de ralliement, comme symbole du sursaut de tout un peuple qui dit: «Ca suffit à la colonisation!».
En effet, «en 1960, face à une répression militarisée, les classes populaires algériennes, avec parfois en première ligne des femmes et des enfants, surgissent depuis les bidonvilles et les quartiers ségrégués. Elles et ils mettent en échec la contre-insurrection et bouleversent l'ordre colonial. Voici aussi l'histoire de corps opprimés qui se libèrent par eux-mêmes et en dansant.» dit le synopsis du film.
À noter que ce film, nous apprend -on est le fruit de 7 années de recherches indépendantes du réalisateur français Mathieu Rigouste qui, a produit, en auto-financé le film qui au départ est d'abord un livre. Cette production algéro-française de 81 min, donne la parole à des militants, des historiens, mais aussi à des gens de l'ombre, des citoyens lambda qui se souviennent encore et / ou qui rapportent les propos de leurs grands- parents, rendant justice à tout un peuple, ce bloc d'anonymes qui comme un seul héros est parti en masse affronter l'armée française, alors qu'il était démuni et sans armes...
Un peuple, un seul désir
Parmi ces témoins, on citera entres autres Lounes Ait Aoudia, Fadila Amrane, Djamila Amrane, le journaliste Sofiane Baroudi, Hocine Belkacemi, Saddek Benkadda, Zoulikha Benkaddour,Safia Braik,Larbi de la Casbah, Messaouda Chader, le jeune Charif Chafik, le critique et sociologue Daho Djerbal, Fouzia Foukroun, Hocine Hamouma, Baya Hachid, Karima Lazali, Aïssa Nedjari, Mustapha Saâdi, Ouanassa Siari Tengour etc.
Le film documentaire est accompagné de plusieurs images d'archives, entre vidéos et photos en noir et blanc. Entre passé et présent, il fait appel aussi à des scènes de danse.
Le réalisateur, en effet, a fait appel à des danseurs, notamment de hip-hop et de transe pour cristalliser la force du corps et son mouvement comme métaphore de cette bataille endiablée contre le colonisateur et son sentiment de résistance, de persévérance aussi pour la libération de ses énergies et du pays. «Un corps», cette masse populaire, exaltée, déchainée sur laquelle on n'a plus d'emprise. Des corps mutilés, torturés, blessés, durant la guerre et qui par la force et la détermination de ces gens se sont renouvelés et réinventés tel un phénix pour poursuivre le combat et remettre le flambeau à leur fils, puis petit-fils et ce, malgré les répressions tous azimuts. Parmi ces danseuses, on citera Karima de Aktuel Force (danse hip-hop) Ari, de Baka Habibitch (danse urbaine fusion), mais aussi la chorégraphe Saïda Naït Bouda notamment.
Le documentaire donne la parole à tout ces activistes qui avec peu de moyens se sont révoltés et ont su défier courageusement, à mains nues, l'armée coloniale pour réclamer haut et fort, et au prix de leur vie, l'indépendance de l'Algérie. Que ce soit à Oran, Constantine ou un peu partout dans l'Algérie. Ainsi le peuple s'est soulevé tout seul sur tout le territoire national.
Femmes courage
Le film évoque aussi le courage des femmes et leur rôle déterminant dans la lutte pour la libération de l'Algérie. Une époque où les femmes partaient au cimentière lors des enterrements au même titre que les hommes. «Elles étaient aussi agents de liaisons, transportaient des armes, récoltaient des documents, participaient aux soins, faisaient de la couture, confectionnaient des drapeaux qui étaient déployés le jour des manifestations. Elles participaient au même titre que les hommes aux manifestations...» affirment les intervenants dans ce documentaire. Aussi, le documentaire évoque d'autres formes de lutte pour affirmer notre identité nationale algérienne par les tournois de football et l'activité sportive, fait savoir le journaliste Sofiane El Baroudi dans ce documentaire. «Le sport a été important dans le processus révolutionnaire» permettant aux gens des quartiers populaires de se déployer et prendre conscience viscéralement de leur nationalité. «En 1957 des joueurs de foot on créé leur propre équipe. C'était la première fois qu' on appliquait la seule activité libératrice du prolétarisait (...) comme processus révolutionnaire réellement» note Sofiane El Baroudi. IL citera ainsi les deux équipes de foot, Usma ou le Mouloudia qui étaient très forts dans l'organisation politique. Dans le film, on parle aussi beaucoup de solidarité, de confection de drapeaux et des «youyous comme signe de courage et d'audace».
Le documentaire restitue ainsi, par la voix de ces témoins, le visage de cette insurrection, soulevée spontanément comme dans un rituel de danse mystique et de transe, animée par toute cette population, d'où l'appel à cet élément esthétique qu'est la danse dans ce film. Une «mémoire collective» du corps restitué après «ce viol colonial». Autrement «un délire qui se projette sur une raison nécessaire» dira Sofiane El Baroudi.
Aussi, des images de rituels de transe sont montrées pour illustrer symboliquement ce soulèvement populaire, né sans trop réfléchir pour soigner sa blessure d'âme, de dignité et de corps...Un désir de s'affranchir du maître et devenir «un être monde» Le film se termine sur des images de jeunes du Hirak dans leur cri brûlant contre le cinquième mandat, en écho aux images des manifestations du
11 décembre 1960...Un glissement qui partage en soi l'idée du désir féroce de liberté, mais qui peut se noyer dans une sorte de dérive historique assez dangereuse, car pas du tout le même, en terme de «colonisation», mais ceci est un autre débat...
«J'ai d'abord voulu faire un film pour transmettre les paroles et les gestes des personnages les moins connus et les moins reconnus de la guerre d'Algérie. Raconter la multiplicité des petites pierres apportées par chacune et chacun à l'édification de la grande histoire.
La transe de manifester
La manière dont un peuple s'est reconnu en mettant un puissant système d'oppression en échec. Partager les mots et les pratiques des derniers témoins de ces soulèvements populaires. Dans l'intimité de leurs lieux de vie actuels ou au long des rues qu'ils ont parcourues à l'époque, leurs corps se souviennent.
La mémoire de cette victoire populaire est écrite dans la chair des témoins. Tout comme la violence coloniale était enkystée dans leurs muscles. Leurs souvenirs semblent surgir à nouveau.. (...) Pour reconstruire l'enquête, le film restitue aussi les paroles d'historiens algériens, eux-mêmes héritiers de cette séquence. Ils nous rappellent les racines des oppressions, les chemins de rupture et leur rapport intime avec cette séquence» indique Mathieu Rigouste, le réalisateur dans le dossier de presse. Il est bon à savoir que ce documentaire sera projeté à la prochaine édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa... O.H.aux de terrassement pour la construction d'une bâtisse, a indiqué la direction wilayale de la culture et des arts. Une équipe spécialisée du ser-vice du patrimoine a été dépêchée sur les lieux pour examiner la mosaïque, la première mesure étant l'arrêt des travaux jusqu'à accomplissement des procédures réglementaires en vigueur.
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