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La légende d'"Ahedad lqalus" ressuscitée


"Tiqeclalin n tikta" ce sont ces bouts de bois incandescents porteurs d'un recueil de huit poèmes écrits en tamazight de Sediri Fahima qui rime les contes d'antan, à l'instar de la légende de "Ahedad lqalus" (Le forgeron d'Akalus). Mieux, la déclamatrice a séduit ce mercredi 13 novembre son auditoire à la médiathèque Bachir-Mentouri avec la formule consacrée "Il était une fois au piedmont du Djurdjura, la ?taddart' (village) de "A?edad Lqalus" (Le forgeron d'Akalus) où habitait un forgeron qui puisait sa prospérité à l'aide du marteau et de l'enclume mais aussi de l'amour qu'il vouait à son épouse que lui enviaient les étalons du village pour sa beauté. D'ailleurs, il y a un fourbe qui a juré d'obscurcir "axxam" (la chaumière) de l'"Ahadad" en lui dérobant sa femme. Pour se faire, l'imposteur crie sur tous les toits qu'il a été témoin d'une scène de ménage où le forgeron hurlait trois fois de suite la formule de rupture : "Tu es divorcée" tel que l'exige le rite de la répudiation. Si tant que le qu'en dira-t-on est parvenu jusqu'à la "tadjmâat" (conseil du village) qui a auditionné le ferronnier et le médisant qui a étayé son potin de faux témoignages de ses trois sbires tout autant déloyaux que lui. Reconnue par le Conseil des sages que l'épouse du forgeur était libre, donc exempt de tout lien d'union, le fielleux s'est uni derechef avec la malheureuse, qui, plutôt que de se révolter a choisi de se taire pour ne pas heurter ses parents. Pire, le chaudronnier a été spolié même de ses "akkel" (terres) et de ses vergers. Alors, seul face à l'affront, le maréchal-ferrant s'en remet à Dieu ! Et puis un jour une femme âgée et vivant en solitaire dans sa spacieuse chaumière s'est plainte au forgeron : "J'aimerais aller à l'accueil du printemps, mais je n'ai personne chez moi pour m'ouvrir la porte à mon retour." Emu, le forgeron a usiné pour la vieille, toute ravie, une serrure qu'il lui est loisible de fermer de l'extérieur. Une trouvaille de génie puisqu'en ce temps-là, "tibura" (les portes) ne fermaient que de l'intérieur). Sitôt informé de l'invention, tous les habitants d'Aqalus affluèrent à la forge implorant des sûretés identiques. C'est aussi l'instant où son marteau a tinté le glas pour ses voisins et celle qui l'a plongé dans le malheur. Le forgeron a usiné ainsi des serrures dont il gardait la double clef. Et au jour où l'âtre de l'hypocrite s'était éteint, le félon a envoyé sa femme quêter braise auprès du forgeron. Elle s'est arrêtée au seuil de l'atelier où le feu de la forge a esquissé son ombre : "C'est moi", "Eh bien, entre", lui dit-il en l'assurant par la rime qu'en dépit qu'il a le c?ur meurtri, il continuera d'exercer un métier pour le bien-être de son prochain. Confiante, celle qui l'a trompée par son silence complice est retournée chez elle pendant que lui, il est allé trouver les notables de l'avoisinant village ennemi et leur offrit de leur livrer Aqalus. "Comment cela '", demandèrent les rivaux. "Préparez-vous à l'attaque à l'instant où vous verrez luire un grand feu." Et pendant que tous les villageois se blottissaient dans les bras de Morphée, le forgeron a verrouillé toutes les portes de l'extérieur et a mis le feu au toit de sa maison pour qu'il soit bien en vue de l'ennemi. Le feu signala l'hallali et le tout Akalus a péri dans l'immense brasier des maisons aux portes fermées à double tour. Et c'est ainsi qu'a disparu le village d'Aqalus. Mais ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid '
Louhal Nourreddine
"Tiqeclalin n tikta" de Sediri Fahima (éd, Tizrigin 2019) 70 pages ? 250DA
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