Algérie - Revue de Presse


Renault va construire une usine d'assemblage à Tanger d'une capacité de 200.000 voitures, pouvant être portée à terme à 400.000. Cette nouvelle est heureuse pour les Marocains qui, sachant ce qu'ils veulent, ont créé les conditions pour être attractifs. Elle est très irritante pour l'Algérie, un des principaux marchés de Renault et de Peugeot. A plus forte raison quand on la met en perspective avec les derniers chiffres du CNIS qui indiquent une explosion des importations de voitures en Algérie: plus de 51% au premier semestre 2007 par rapport à 2006. Plus précisément, ce sont 135.032 véhicules qui ont été importés au cours des six premiers mois 2007, contre 91.239 à la même période en 2006. Les Renault, puisqu'il s'agit d'eux, sont passés de 13.025 à 16 694. A la fin de l'année, on risque d'avoir un record absolu d'importations ! C'est beaucoup dans un pays où l'investissement dans les autoroutes réduit le rail à une peau de chagrin. C'est pour cela que tout en félicitant les Marocains, on est en droit de nous poser des questions. N'a-t-on pas donné un marché juteux sans aucune contrepartie ? N'y avait-il rien à faire pour inciter des constructeurs automobiles à installer des usines de montage en Algérie ? En toute logique, outre un marché, il existe toutes les conditions (main-d'oeuvre pas chère, coût de l'énergie...) pour que l'Algérie attire un constructeur de la taille de Renault ou de Peugeot. Mais la logique a-t-elle un sens dans un pays qui ne sait pas valoriser - et monnayer - ses atouts et qui, surtout, semble être étouffé par un système de fonctionnement, de réflexion et de rente absolument réfractaire à la production ? Il est quand même fascinant de comparer l'état d'esprit des pouvoirs publics et des opérateurs au Maroc avec ce qui se passe en Algérie dans le domaine de l'économie. Et, n'étaient le pétrole et le gaz qui gonflent nos chiffres, on ne résiste pas à la comparaison. Mais peut-être est-ce bien le pétrole qui fait de l'Algérie un pays ouvert au déferlement des produits extérieurs et quasiment interdit à la production ? Rien n'expliquerait sinon qu'on offre un marché sans la moindre contrepartie. C'est un langage que les constructeurs comprendraient et trouveraient naturel. Le problème est que l'on n'est pas sûr qu'il y ait quelqu'un en Algérie qui leur tienne ce discours. On peut les imaginer, ces constructeurs éblouis par ce pays de cocagne, où l'on peut vendre massivement en se contentant d'ouvrir un bureau de liaison, un show-room, et en approvisionnant les concessionnaires. S'ils avaient anticipé en élaborant des projets pour l'Algérie, ils ont dû les laisser pourrir dans les cartons. Personne ne leur ayant rien demandé, pourquoi se casser la tête... Car c'est ainsi: que ce soit pour la pomme de terre, les médicaments... ou les voitures, la rente de l'importation est là pour faire de la production en Algérie une hérésie.
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