Algérie - Revue de Presse

Un colloque surson oeuvre à Oran. Une reconnaissance de la valeur d'un homme qui s'est inscritdans l'universel, dans l'humain, au prix d'un engagement difficile pour lecommun des immortels aux côtés d'une cause qui n'est pas celle de son pays maisla sienne, parce qu'il s'est voulu ainsi.  Paradoxe ? Que non, parce qu'il n'était pascommun, et comme tous ceux qui ont cette grandeur nécessaire pour joindrel'acte à la parole écrite, l'Histoire lui reconnaîtra d'avoir été grand,d'avoir refusé l'ennui des palais et des carrières pour la dignité. La seuledignité.  Fanon est né le 20 juillet 1925 àFort-de-France, en Martinique. Il est mort dans le district de Columbia, auxEtats-Unis, le 6 décembre 1961, d'une leucémie. A l'âge de 36 ans seulement.Josie, son épouse, a été enterrée au cimetière d'El-Katar. A Alger. Au coeurd'Alger.  Le 18 juillet 1925, Hitler publie sonhorrible «Mein Kampf». Un hasard du temps, de la vie ? Peut-être. Mais leschemins de ce hasard demeurent marqués par son engagement durant la DeuxièmeGuerre mondiale auprès des Forces Françaises Libres du Général De Gaulle, puisdans l'armée régulière pour lutter contre le fascisme, sans faire état d'unequelconque « identité nationale ». Cette identité portée par une blessure deguerre aux Vosges. Fanon revient chez lui après avoir accompli son devoir etpoursuit ses études. On le retrouve en 1953 en qualité de médecin-chef d'unedivision de l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. Il venait de donner des couleurs aux « Peauxnoires », et aux « masques blancs » une année auparavant en citant Aimé Césairedisant: « Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur,le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, lelarbinisme». «Ni maître, ni esclave », Fanon choisit le camps des colonisés ens'engageant en 1956 pour la cause algérienne et laisse après lui la plusémouvante lettre de démission jamais écrite, particulièrement dans un pays oùplus personne ne démissionne de sa tribune quels que soient les dégâts qu'iloccasionne en s'y accrochant. Il se détermine contre la colonisation françaiseen Algérie après avoir participé à libérer la France.  Paradoxe ? Que non, mais plutôt respect dudevoir de tout intellectuel qui s'affirme en tant que tel: refuser de servirles maîtres. Dans sa lettre adressée à sa famille, il écrit: « Un an que j'ailaissé Fort-de-France. Pourquoi ? Pour défendre un idéal obsolète (...). Jedoute de tout, même de moi. Si je ne retournais pas, si vous appreniez un jourma mort face à l'ennemi, consolez-vous, mais ne dites jamais: il est mort pourla belle cause (...) ; car cette fausse idéologie, bouclier des laïciens et despoliticiens imbéciles, ne doit plus nous illuminer... ».  Il n'est pas retourné en Martinique, car chezlui était devenu une cause que la géographie ignore parce qu'elle limite lespeuples. Chez lui était devenu une pensée jointe à l'acte. Une leçon que nousn'avons su apprendre par amnésie volontaire qui nous pousse à nous entre-tuer,qui pousse un jeune à se faire exploser, pour détruire l'Etat.  Par carriérisme insipide qui ne donne àl'autre que ce que l'on peut lui reprendre: sa liberté. Fanon s'en doutait-il ?Au colloque d'Oran de le dire.
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