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La justice n'a pas tranché


Le juge, qui s'est déclaré incompétent quant à la légalité ou non de la grève a décidé d'examiner le dossier dans le fond dans les prochains jours. La grève se poursuit et les pertes économiques s'accumulent.Pendant que le port de Béjaïa agonise, le conseil syndical de l'UGTA poursuit sa grève sans se soucier des conséquences de son action. Près de trois semaines de paralysie totale de l'activité portuaire, et les pertes se chiffrent en centaines de milliers de dollars. Sans parler des dégâts causés à l'activité économique de toute la région. Porté devant la justice, le conflit ne semble pas trouver son épilogue.
Le président-directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Halim Kasmi, a intenté une action en référé contre treize membres du conseil syndical de l'UGTA. L'affaire a été jugée hier, mais sans pour autant mettre un terme au conflit. Le juge s'est déclaré incompétent quant à la légalité ou non de la grève. Aussi, il a été décidé de l'examiner dans le fond dans les prochains jours, alors que la direction de l'EPB a estimé l'action de débrayage "illégale".
Mais s'agissant de la deuxième requête, introduite par l'EPB, en rapport avec le regroupement des grévistes aux alentours du port qui en profitent "pour dissuader, voire interdire l'accès au port aux autres travailleurs non grévistes ou indécis", le juge a "donné un avis favorable" à la direction du port. "Comme la direction de l'EPB a eu gain de cause.
Dès demain (aujourd'hui, ndlr), je pourrai faire appel à la force publique pour déloger les grévistes, notamment en cas d'empêchement des travailleurs non grévistes de rejoindre leur poste de travail", a menacé Halim Kasmi. De son côté, le secrétaire général de l'union de wilaya de l'UGTA, Abdelaziz Hamlaoui, qui avait assuré que "des forces occultes étaient derrière la grève", a estimé que la décision de la justice est favorable aux travailleurs. "Ils ont obtenu gain de cause du fait que le juge n'a pas déclaré la grève illégale ou prononcé de condamnations à l'encontre des syndicalistes poursuivis", a-t-il réagi. "Le fait que le juge se soit donné un peu de temps pour examiner l'affaire dans le fond est plutôt positif", a encore ajouté.
Il s'est, néanmoins, gardé de commenter la deuxième requête, celle qui donne le droit à la direction du port d'agir pour faire redémarrer l'activité. Il y a lieu d'indiquer que durant le déroulement du procès, quelque 200 travailleurs du port, grévistes essentiellement, ont observé un rassemblement devant la Cour de Béjaïa en guise de soutien à leurs camarades syndicalistes. Les manifestants ont scandé "Kasmi barra, Kasmi dégage".
Cependant, et pour la première fois, le nom de l'ancien P-DG du port de Béjaïa et actuellement P-DG du groupe Serport, Djelloul Achour en l'occurrence, a été évoqué par les grévistes. Non pas pour solliciter son intervention en leur faveur comme ce fut le cas au début du conflit, mais pour le vilipender. Lui, qui a été jusque-là épargné, a eu droit à de sévères critiques comme l'atteste le slogan "Yamen âach Djelloul Achour fi El-Harrach" (Vivement l'emprisonnement de Djelloul Achour à la prison d'El-Harrach), scandaient les grévistes amassés aux abords de la Cour de Béjaïa. Il faut dire que certains observateurs n'ont pas manqué de relever que ce dernier n'était pas loin du mouvement de grève qui réclamait curieusement la tête du jeune patron de l'Entreprise portuaire de Béjaïa, Halim Kasmi.
Mais entre-temps, l'économie nationale prend un sérieux coup avec cette grève qui met en péril le deuxième port commercial du pays. Alors que le pays s'emploie à limiter les dégâts causés par la crise sanitaire, l'arrêt de l'activité du port de Bougie imposé par le conseil syndical de l'UGTA fait perdre à l'entreprise des centaines de milliers de dollars, et ce n'est pas encore fini. Les entreprises économiques en lien avec l'activité portuaire se trouvent également fortement pénalisées.

B. B.


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