Algérie

La junte à l’épreuve de la rue et des pressions diplomatiques



La junte à l’épreuve de la rue et des pressions diplomatiques
Outre l’ultimatum de l’Union africaine, qui expire demain, et le passage dans quelques jours devant à Bruxelles pour s’expliquer devant l’Union européenne, les auteurs du putsch en Mauritanie devront faire face à la contestation populaire, qui commencent à s’organiser. Les militaires, qui ont renversé le 6 août dernier, le premier président démocratiquement élu en Mauritanie, résistent à toutes les pressions diplomatiques et ont catégoriquement rejeté l'ultimatum posé par l'Union africaine (UA) pour que le président soit rétabli avant demain. Après, ils doivent aller s'expliquer à Bruxelles, à la mi-octobre, devant ses 27 partenaires de l'Union européenne. C’est la contestation populaire qui commence à s’organiser alors  que le nouveau Premier ministre Moulay Ould Mohamed Leghdaf a interdit toute manifestation, en estimant que les Mauritaniens avaient “suffisamment manifesté”.
En effet, le Front national pour la défense de la démocratie, coalition de partis anti-putsch, a appelé à des “marches de protestation” pour aujourd’hui. Les dirigeants de ce parti politique estiment que les autorités militaires “supporteront l'entière responsabilité d'une quelconque confrontation qui pourrait avoir lieu dans la rue ce dimanche”. Ainsi, les anti-putsch organisent leur “journée de la démocratie” à la veille de l'expiration de l'ultimatum de l'UA, dont le Conseil de paix et de sécurité a exigé le 22 septembre le rétablissement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi le 6 octobre “au plus tard”. Malgré “les risques de sanctions et d'isolement” encourus par les putschistes s'ils ne satisfont pas à cette “exigence”, selon l'UA, les militaires ont, sans surprise, catégoriquement refusé le retour au pouvoir du chef de l'Etat qu'ils ont destitué après 15 mois au pouvoir. “C'est un ancien président. Un point, c'est tout, nous ne pouvons pas revenir en arrière”, a lancé le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte. Le 6 août, un décret du président “Sidi” était lu à la radio, limogeant les chefs des quatre corps de l'armée, dont le commandant de la garde présidentielle, le général Ould Abdel Aziz. Deux heures plus tard, le président était arrêté. Depuis, la junte s'est attribuée “provisoirement” les pouvoirs présidentiels et a formé un gouvernement de civils avec le soutien d'une majorité de parlementaires. Ces élus considèrent que l'armée a “apporté la démocratie” en 2005 en renversant le précédent président Maaouiya Ould Taya, puis en soutenant “Sidi” pour qu'il soit élu en 2007 et qu'elle a donc le droit de “rectifier les choses” si le président fait “dévier la démocratie de son chemin et empêche le fonctionnement normal des institutions”. Plusieurs dizaines d'élus dénoncent cependant le coup de force, tel le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkeïr, pour qui “la démocratie n'est pas un slogan, il faut la pratiquer, la première de ces pratiques, c'est se refuser à tout pouvoir imposé par la force et qui ne passe pas par le suffrage des populations”.
Si la junte ne réagit pas à l'expiration de l'ultimatum, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA se réunira pour discuter de l'attitude à adopter. De source proche de l'UA, on rappelle que des sanctions avaient été mises en oeuvre par l'organisation continentale contre le régime “illégal” du colonel Mohamed Bacar à Anjouan : embargo maritime, interdictions individuelles de voyager, gel des avoirs financiers des plus hautes autorités à l'étranger, etc. Mais, malgré la fermeté de son ton, l'UA pourrait prendre son temps, car, selon des diplomates africains, elle ne souhaite pas rompre le dialogue avec Nouakchott mais favoriser une sortie de crise légale.



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